Au Fil Des Rails

Nous hâtons le pas, main dans la main. En sautillant un peu, nous tentons de regarder
par dessus les fenêtres pour voir où il reste de la place. Le quai est encore bondé
des passagers récemment arrivés et de ceux qui disent un dernier au revoir. Le sifflet
du chef de quai retentit. Il n’est plus question de faire la fine bouche : A la
prochaine porte, nous montons. Je passe le premier et je te tends la main pour t’aider
à te hisser.
Essouflé, je t’interroge du regard pour savoir si tout va bien. Un sourire, soulagé et
à la fois pétillant me rassure. Quelle idée aussi de prendre le train à l’improviste !
Mais je pense que nous ne nous plaindrons pas d’un peu de piment, non ?
Le contrôleur passe le long du train et ferme les portes. Il ne faut pas longtemps
pour que le wagon s’ébranle. Nous regardons chacun de notre côté pour voir le contenu
des râmes. Visiblement, il y a foule. Quelques bagages encombrent les allées
centrales. Quelques personnes restent debout sur la plateforme entre les wagons,
attendant certainement que les places se libèrent.
Le doute m’envahit : allons nous trouver deux places ? Je reprends ta main et je te
guide à travers sacs et voyageurs. Le bref aperçu que j’ai eu se confirme : la wagon
est complet. Nous continuons. Arrivé au bout, j’ouvre la porte de séparation. Le wagon
sursaute et nous surprend, si bien que je n’ai qu’à ouvrir les bras pour
t’accueillir... Chute fortuite, mais opportune. Malgré la situation, nous sommes
finalement ensemble... Je plonge les yeux dans les tiens, mes mains sur tes hanches,
pour te voler un baiser. Il faudra tout de même que je mérite plus.
Nous continuons notre exploration. Elle est vite stoppée car nous avons atteins le
wagon de queue. Il nous faut remonter le train pour tenter de trouver d’autres places
à l’avant. Le périple reprend, mais cette fois, c’est toi qui me guide.

Un, deux,
trois, cinq wagons et toujours rien.
Finalement, par désespoir de cause, tu trouves deux places. Hélas, nous ne serrons pas
côte à côte. Nous ne pourrons même pas nous voir car je serai derrière toi. Je pense
quand même que dans quelques arrêts, nous arriverons à nous rapprocher. Tu t’avances
vers ta place, abandonnant ma main, désespérément. C’est un ensemble de 4 places, en
vis à vis et il ne reste plus qu’un place côté couloir, face à la vitre de la
plateforme. Moi, j’ai trouvé un place côté vitre, deux rangs plus loin.
Mais j’ai une agréable surprise sitôt assis : ton visage se reflète dans la vitre face
à toi. Je n’ai pas le plaisir de t’avoir à mes côtés, de te sentir tout près, mais je
peux au moins savourer les traits de ton visage. J’espère avoir mieux un peu plus
tard.
Ton regard se perd tantôt dans le paysage qui défile, tantôt vers moi. Que j’aurais
aimé que ce wagon soit un peu moins bondé, que je puisse t’embrasser, te prendre la
main... Le roulis du train nous aurait bercé, épaule contre tête...
Le passage face à toi se met à te sourire du coin des lèvres.... En fait, il n’a pas
vu que nous étions ensemble et je pense qu’il a pris pour lui les regards profonds que
tu me lances par vitre interposé. Tu fais mine de l’ignorer, peut-être parce que tu ne
l’as finalement pas vu. Quoi que... Tu me lances un regard amusé... par politesse, tu
lui souris... hum, coquine ! Moi seul ici, qui me morfond... et une inconnu a
visiblement la chance de pouvoir partager ta compagnie. Lui au moins n’a pas besoin de
glace pour te voir... J’ai confiance en toi, ce n’est pas la question, mais je
commence à doucement à bouillir intérieurement de ne pas être à tes côtés. As-tu
seulement idée de ce que tu éveilles en moi à cet instant ? Imagines-tu ce que j’ai
envie ?
Il faut que j’intervienne. Je me lève, je remonte l’allée vers toi.
A ta hauteur, je
me retourne un instant pour croiser ton regard, surprise, puis je continue mon chemin
jusqu’à l’autre wagon. Puis, je fais demi-tour. Je reviens sur mes pas. Tes yeux sont
comme un phare dans cette marée humaine. Je suis maintenant à ta hauteur, et tandis
que ton interlocuteur tente amorcer une conversation, je penche vers toi pour
t’embrasser goulûment. Il stoppe net, stupéfait, interloqué par la situation.
J’abandonne ce baiser volé, je me retourne pour le regarder et lui jette un simple
clin d’oeil. Que c’est doux de t’embrasser, de faire fi de tous ces gens autour, de
rétablir ce lien entre nous. Ma main rejoint la tienne et alors que tu adresses
timidement un au revoir poli à ton interlocuteur, je t’amène déjà.
Je nous fraille un chemin au travers du wagon. Toujours autant de monde. Nous arrivons
dans un wagon compartiments. Le couloir est désert.
Je m’arrête et je te plaque contre la cloison, emprisonnée par mes bras. Nos yeux
s’observent. Mais comment résister à une aussi belle femme... Lui, il pouvait admirer
ton physique, deviner tes lignes... Moi je les connais presque toutes et j’ai en plus
le plaisir d’apprécier la Femme qu’elles illustrent. On pourrait penser que je t’ai
capturé, mais je pense que tu es consentante... Je me penche doucement vers toi,
j’approche mes lèvres des tiennes... Va-t-elle me repousser ? Tes yeux ne quittent pas
ma bouche et c’est avec soulagement que tu l’accueilles... Tu es agréablement chaude,
voluptueuse... Tes mains jusque là inertes, se hasardent à remonter le long de mon
corps. D’abord mes fesses, puis le bas de mes reins. Elles assurent leur prise et
m’attirent tout contre toi. Tu es désormais prise entre la froideur de cette cloison
et l’ardeur de mon corps... A mon tour, mes mains aiment à découvrir ce corps tant
chéri. Enserrée dans l’étreinte de mes bras, mon but n’est autre que de te satisfaire,
de te laisser succomber à mes baisers.

Mais cet instant est troublé par le bruit de la porte d’un compartiment. Non sans
regrets, je dois tempérer mes ardeurs, et nos échanges deviennent instantanément plus
sobres lorsque nous croisons le passager importun. Peut-être timide, prise en faute
par un inconnu, tu ta caches sous mon épaule. J’adore cette situation...
Les passage se font plus intenses. Hors de question de retourner à nos places. Nous
nous accoudons à la fenêtre, toi devant moi, pour regarder défiler le paysage
hypnotisant. Mais notre nature, notre attirance commune, le plaisir surtout d’être
ensemble reprend tout doucement ses droits. J’écarte du bout des doigts ces quelques
mèches qui barrent l’accès à ton cou. Tandis que tu t’inclines machinalement, j’y
appose un léger baiser du bout des lèvres. Tu ne réagis pas ou tu te laisses faire...
Je continue mes baisers, j’entrouve les lèvres pour y glisser la langue et dessiner
des motifs imaginaires sur cette peau si douce... Là, je commence à faire mouche... Tu
tends des bras vers moi pour me saisir par le bas des cuisses et me tirer un peu plus
près de toi. Ceci est d’autant plus de circonstances que nous barrons une partie du
couloir. Je mets à profit chaque passage d’un voyageur pour me coller un peu plus à
toi. Je me retire ensuite, mais tes mains me réclament. A chaque fois que je sens ton
corps pressé tout contre moi, j’entends ta respiration se pose, plus intense en même
temps. Nous tentons, entre deux roulis, entre deux passagers, de maintenir cette union
complice et discrète.
Une main sur la barre de la fenêtre, mon autre main remonte long de ton corps pour se
cacher rapidement sous ta veste. Ta peau est encore plus chaude, brûlante...
attirante. Je me faufile, j’esquive, je cherche, je m’incruste... Tout est bon et
prétexte à explorer, à rester au plus près de toi.... Ton excitation monte, je le sens
bien, et sur ce point, je ne suis pas non plus en reste.

Nous ne sommes pas vraiment tranquille et la position, même si elle est excitante,
n’est pas satisfaisante. Nous remontons le couloir à la recherche d’un compartiment.
Aucun n’est vraiment vide, mais nous prendrons celui-ci. Il n’y a qu’un couple et un
autre homme. Au regard de ce que nous avions jusqu’à présent, c’est presque l’idéal !
Sans un mot, juste un hochement de tête pour saluer nos nouveaux compagnons de
voyages, nous nous asseyons, face à face, à côté de la fenêtre.
Je suis certes plus près de toi que tout à l’heure, mais nous ne sommes pas seul. J’ai
une vue imprenable sur une femme divinement ravissante... Plus de jeu de miroir, juste
de regards. Nos caresses de tout à l’heure éveillent encore en moi plein de souvenirs,
d’images, de sensations... S’il ne tenait qu’à moi, je reprendrais bien où nous étions
arrêtés.
Tu as capté mon regard, mais pas un mot. Bien calée dans l’angle du siège, tu regardes
dehors. Tu passes la main dans tes cheveux. Puis, tu t’arrêtes dans ton cou pour
écarte le col de ton chemisier. Il ne fait pourtant pas si chaud que cela... Seraient-
ce les signes de quelques émois ? Tu t’ajustes dans ton siège, en te penchant vers
moi.
Tu sembles intrigué par quelque chose qui serait sur le haut de ton genou. Tu y poses
ta main, tu décroises tes jambes... hum, ces adorables jambes, là, à quelques
centimètres.... Tu recroises tes jambes... Et puis, rien.. Aurais-tu peur d’éveiller
quelques soupçons ?
Soudain, tu te lèves et tu ôtes ta veste. Tu me fais dos et machinalement, tu en
profites pour épousseter ta place... Mais je te soupçonne d’en profiter pour
rapprocher de moi ce corps que je ne peux que regarder... La tentation est grande...
mais je dois t’avouer que la frustration que la situation génère n’en est pas moins
agréable...
Tu reprends ta place et posant cette fois ta veste le long de ton épaule, comme si tu
souhaitais te reposer. Cachée derrière, tu fermes les yeux. Je m’imagine m’approcher,
te caresser, t’embrasser, te surprendre dans ton sommeil et te voir t’éveiller d’un
tendre sourire... Mon imagination galope.
Tu n’en sais rien, mais tu sembles avoir décidé te maintenir mes sens en éveil...Ta
main remonte le long de ton cou. Elle passe sous ton chemisier... Je pensais que tu
ajustais la bretelle, mais la main semble insister. Elle ressort pour défaire
discrètement deux boutons, laissant apparaître la dentelle colorée d’un dessous
familier. Puis elle disparaît. Je le devine, dessiner la courbe de tes seins, parfois
lentement, parfois plus vite... Ton autre main passe cette fois sous ton chemisier
pour caresser ton ventre.
Un passager toussote. Tu t’arrêtes un instant, et je comprends alors que tu ne dors
que d’un œil... Comme dérangée par cet importun, tu t’agites un peu sur ton siège,
décroisant tes jambes. Ta main gauche passe par dessus tes jambes et se pose sur ta
cuisse. Tu continues à attirer mon attention par les délicates volutes que ton autre
main s’acharne à dessiner sous tes vêtements...
Toujours cachée derrière ta veste, la main posée sur ta cuisse glisse entre tes
jambes. Ainsi abandonnée négligemment, comme commandée par les mouvements du train, le
bout de ton doigt sembles caresser l’intérieur de ta cuisse. Mais tu en reprends vite
le contrôle. Les dessins sont plus précis, remontent vers toi, mais toujours bien
visibles de moi. Je sais que tu n’oseras pas aller plus loin, même si je te vois
discrètement pincer tes lèvres... C’est un appel du pied, heu, pardon du doigt... J’ai
l’impression que tu me dis “Regarde, je suis là, viens, je t’attends, rejoins moi,
rejoins nous....”
Je garde un œil sur les autres passagers... Ils n’ont visiblement rien remarqué. Je
reviens à mes pensées, à ce magnifique spectacle que je suis le seul à pouvoir
admirer...
Puis soudain, tu replies tes jambes sur le siège, emprisonnant cette main artiste. Tu
te recroquevilles et je vois ton visage passer d’une crispation à une grand
soulagement.... Coquine... Tu détends ensuite doucement tes jambes, les yeux toujours
clos, mais cette fois, avec un discret sourire au coin des lèvres... A ce moment, je
comprends que tu n’as pas perdu une minute de mon regard...
Le train ralentit. Des bâtiments commencent à apparaître de part et d’autres du wagon.
Le haut parleur crépite et annonce l’arrivée imminente dans une gare. Les freins
crissent et le train commence à s'immobiliser. Paradoxalement, tu restes
imperturbables. Deux de nos compagnons de voyages se lèvent, attnt quelques sacs
posés au dessus, puis nous quittent. Dans le couloir, les gens passent devant nous. Je
m’attends à ce que quelques voyageurs viennent se substi aux partants, mais non.
Quelques minutes passent, un coup de sifflet retentit et le convoi s’ébranle.
Tes yeux s'entrouvrent, comme sortant d’un profond sommeil que je sais artificiel. Le
dernier voyageur resté avec nous tourne la tête vers toi, impassible puis retourne à
sa lecture. Tu me regardes, complice.
Deux coups de sifflet à l’extérieur viennent briser le silence tandis que le
compartiment s’obscurcit : nous entrons dans un tunnel. Mais bientôt, la lumière
revient.
Je me lève, tout en te regardant et je viens m’asseoir à tes côtés. Tu te redresses
pour me laisser un peu plus place, de la place pour me rapprocher de toi. Seule ta
veste me sépare de toi. Nos regards se croisent. Je pose ma main entre nous deux.
A nouveau un tunnel. Soudain, surgissant de sous ta veste, je sens ta main saisir mes
doigts. Elle les entraine sous le tissu pour poser ma main sur ta cuisse. Ta main est
douce et chaude. Tu la serres un instant très fort, comme pour marquer ta
satisfaction. Puis l’emprise se libère et ta main se fait caline. Tu plaques la mienne
sur cette jambe, divine, inspiratrice et tant désirée. Je tente de bouger mais je suis
rappelé à l’ordre.
Nous sortons du tunnel et tu te figes. L’autre passager semble assoupi.
Le wagon se plonge dans le noir. Complice de cette obscurité, tu attires ma main le
long de ta jambe. Tu inities une légère caresse en guidant ma main, et après t’être
assuré que j’avais bien compris les consignes, tu m’abandonnes.
Ma main s’étend pour tenter de saisir toute ta cuisse, douce et chaleureuse. Je la
survole, laissant juste la chaleur de nos deux corps s'immiscer entre nos deux peaux.
Puis je remonte la main, chaque fois un peu plus loin, un peu plus haut. Aucun
obstacle, aucune réaction... Inspiré du souvenir de tes dessins, je tente l’imitation
sans espérer égaler le maître. Mais il semble que je m’en approche : tu entrouvres
légèrement les mains en laissant entendre un discret soupir. Que ce tunnel est long, …
et tant mieux.
Le bout de mon doigt reconnaît une texture familière, faite de dentelle. Je ne veux
pas te donner l’impression d’avoir attend mon but et je continue à caresser chaque
centimètre de ta peau qui m’est offert. Tu glisses légèrement sur le côté et au
passage suivant, j’ai tout loisir de deviner l’élégance de ce dessous. Je m'apprête à
m’en éloigner quand ta main saisit mon avant bras, semblant dire “reste”. Il ne m’en
faut pas plus pour comprendre le message.
J’inspecte le périmètre de ce triangle de tissu. J’en devine les reliefs, les volutes.
Tantôt le coin supérieur droit, tantôt le coin supérieur gauche... Je fais des va-et-
vient entre eux. Je devine une certaine impatience, mêlée de curiosité : jusqu’au
vais-je aller et surtout... quand. J’aime te faire languir. Mais trop n’en faut.
Innocemment, je m’aventure à chercher le dernier coin...
La descente est lente et prudente. Mon doigt se heurte au siège. Je plaque alors ma
main contre ta peau et je commence une douce remontée. Ta respiration se fige un
instant : aurais-je fais mouche ? Mes doigts épousent chaque replis, chaque fil... Ta
respiration s’accélère imperceptiblement. Je te sens te retenir. Puis j’arrive au bout
de mon périple, marqué par une fine ligne horizontale. Je n’attends pas de signe cette
fois. Je passe prudemment au dessus... alors que la lumière jaillit. Je jette un œil
vers toi : nos jeux ne transparaissent pas au travers de ta veste. Je reste toutefois
figé. La position n’est pas pour me déplaire même si j’étais stoppé dans mon élan.
Les minutes passent, interminables. Le noir, délivrant, se fait à nouveau.
Mes doigts se plaquent contre ta peau tandis que ma main entame une nouvelle descente.
Mais la pression est cette fois suffisante pour qu’elle passe sous cette frontière.
Pris entre l’étreinte du tissu et ta peau, je descends lentement, lentement. Je suis
ces courbes enfin nues, accueillantes, que j’avais deviné tout à l’heure. Mes doigts,
guidés par un léger sillon, se faufilent. La chaleur de ton corps raisonnent dans le
creux de ma main. Et ce n’est qu’en arrivant au terme de ce périple, que ta main vient
se poser sur la mienne. Pressant, elle m’invite à reste, à l’installer. L’espace est
exigu. J’ondule légèrement les doigts dans le cocon que tu m’as tissé. Il me faut
satisfaire mon geôlier libertin si je veux espérer être relâcher. Mais j’avoue que la
peine qui m’est infligé est plus que tentante et douce... Mes mouvements se font plus
pressants, plus rapides. Je gagne en aisance, en espace. J’ai apprivoisé le lieu qui
se fait de plus en plus accueillant....
La lumière vient interrompre nos jeux. Le train ralentit à nouveau. A hauteur du quai,
les passagers se succèdent le long de notre fenêtre. Le couloir se remplit à nouveau.
Notre dernier occupant se lève, esquisse un au revoir de la tête. Il pousse la porte
du compartiment et la referme vers nous. Enfin seuls.... Nous semblons soulagés et à
la fois excité. Nous restons en sursis... Quelqu’un d’autre va-t-il venir ? Les gens
passent devant le compartiment. Certains regardent, d’autres ne font que passer.
Le convoi redémarre et nous sommes toujours seuls.
Je me lève pour regarder dans le couloir : personne. Je remonte le wagon. Quelques
personnes ça et là. Le train n’est plus vraiment bondé. Il y a de la place, et je
pense qu’il n’y a donc aucune raison que quelqu’un vienne s’incruster chez “nous”. Je
reviens pour te faire part de mes conclusions. Tu es du même avis.
Je n’ai pas pris la peine de m’asseoir encore. Une idée me traverse l’esprit. Je suis
là, quasiment adossé à la porte. Je t’écoute, je te regarde, toi, calé au fond du
compartiment. Je me retourne, je jette un dernier coup d’oeil dans le couloir. Je
referme la porte... puis je tire les rideaux du compartiments. Un sourire surgit sur
ton visage.
Je m’approche de toi. Je te tends la main pour t’aider à te lever. Ta veste, complice
de nos jeux, restera sur le siège. Je te prends enfin dans les bras. Je laisse tomber
tes bras le long de ton corps. Mes mains retrouvent les tiennes. Mes doigts remontent.
Laisse moi explorer à mon tour ce corps que tu m’as fait tant désirer...Le risque est
grand, mais l’excitation est là, commune.
Ma main se glisse dans le chemisier encore entrouvert. Je le laisse tomber à ta
taille, entravant légèrement tes bras. Là, tout contre moi, je te prends, tandis que
mes mains remontent sinueusement le long de ton dos. Tu sembles frissonner. J’arrive
sur ce lien bien réelle qui enserre ta poitrine pour la libérer au plus grand plaisir
de mes yeux. Je plaque mes mains sur ton dos, tandis que je commence à m’agenouiller.
Mes lèvres au passage ne peuvent s’empêcher de goûter ta peau, sur ta poitrine, sur le
bout de tes seins, entre tes seins, sur ton ventre. Chaque fois une sensation
différente m’envahit, chaque fois la même interrogation : que vais-je goûter ensuite
?...
Je saisis ta jupe au niveau de tes hanches pour dévoiler enfin ces dessous que je
devinais il y a peu avec les doigts. La description que j’ai pu m’en faire était
proche de la réalité... Il ne manquait que la couleur, la subtilité... Et ton
délicieux ventre que je vois battre juste au dessus. Comme pour l’apaiser, j'appose un
léger baiser du bout des lèvres. Un instant il se contracte, se rétracte, comme
surpris... Mais il doit me reconnaître et doucement, mes lèvres n’ont pas à aller
chercher très loin.
Presque nue, je ne me lasse pas de te regarder. J’ôte à mon tour quelques vêtements.
Tes mains jusque là passives, souhaitent m’y aider. Je guette chaque moment où tes
doigts rentreront en contact avec ma peau. Le torse offerte à toi, touche un instant
ta douce poitrine... Nos sens sont en éveil... Te mains passent dans mon dos pour unir
nos deux corps en te serrant tout contre moi. J’en fais de même pour laisser
tendrement et tout aussi délicatement descendre mes mains le long de tes hanches. Je
rencontre ce dernier tissu qui occulte à mes yeux l’intégralité de ton corps. Je suis
partagé entre le plaisir de deviner encore ce qu’il cache et pouvoir jouir du plaisir
d’une femme ravissante, enfin toute à moi. Nos deux corps se retrouvent tels une
offrande réciproque de deux corps. Galanterie oblige peut-être, j’ôte en premier mes
derniers vêtements pour me consacrer uniquement à toi. A tes pieds, je saisis tes
hanches si fines. Je les embrasse non sans quelques intentions... Mes mains descendent
le long de tes fesses. Mes baisers vont et viennent de gauche à droite... Le bout de
ma langue surligne la fine ligne qui délimite ton bas ventre. Mes lèvres touchent,
savourent... L’appétit va en grandissant, et je ne peux m’empêcher de mordiller
maintenant ce si joli string. Mes mains sont trop occupés à dessiner les courbes du
bas de tes reins. Qu’à cela ne tienne : du bout de la langue je me faufille sous cette
étreinte que mes dents s’empressent de saisir. Je descends doucement, et arrivé à mi-
cuisse, tu resserres tes jambes pour laisser choir cette dentelle à tes pieds. Je
m’arrête un instant pour te regarder. Ce corps est encore plus beau que dans mes
souvenirs, doux, parfumé délicatement, halé...
Je t’invite à t'asseoir sur la banquette. Ton corps tout entier s’offre à moi. Je pose
les mains sur tes cuisses pour les entrouvrir.... Je commence alors une longue et
sensuelle ascension. Je commence par embrasser ta cheville, là, juste ici. Ma langue
remonte le long de ton mollet, le savoure... J’insiste tout particulièrement derrière
le pli du genou que je n’oublie pas d’embrasser au passage. La douceur et la fermeté
de l’intérieur de tes cuisses m’invitent, m’appellent. J’appose mes lèvres, ta peau
réveille mes sens... Si je m’écoutais, je te dévorerais... Au fur et à mesure que je
m’approche du sommet, je ralentis mon ascension... Tant de plaisirs me sont proposés
que je ne sais où poser ma bouche...
A moitié assise, tu te laisses glisser, tu t’abandonnes, les yeux mis clos, offrant à
mes yeux une perspective imprenable sur ta poitrine et là-bas, au loin ton visage.
Mais ne sautons pas les étapes. Une telle ascension mérite de faire une pose. Je
trouve alors un lieu propice à un repos mérité. Un palier doux, accueillent, chaud et
soyeux. Je m’y blottirais bien. Telle une fleur au pétales fragiles, je la caresse,
non sans savoir ce qu’il cache. Je reprends des forces à son contact. Je décide de
reprendre mon périple. Je quitte ce nid douillet non sans regret mais en me promettant
de revenir.
Ton petit ventre est bien facile par rapport à ce que j’ai du parcourir jusqu’à
présent. Je sais combien il est sensible... Je sais combien tu aimes me sentir
dessus... Esquiveras-tu mes baisers ? Le bout de ma langue se glisse dans ton nombril,
explorer son pourtour. Je dévore tes hanches, je remonte entre tes seins, fiers,
fermes. Droit ? Gauche ? J’opte pour la neutralité et je laisse glisser ma langue
entre eux. Mais la tentation est trop grande pour ne pas savourer ce qu’ils m’offrent.
Je gobe l’un et le quitte du bout des lèvres pour m’emparer de son homologue. Tu gémis
tendrement...
Enfin le sommet, ton cou, ton menton, ton visage..... ta bouche... Nos lèvres se
croisent, s’effleurent, se goûtent... Mon corps est suspendu au dessus du tien... Je
fléchis lentement les bras pour accoler nos corps. Tu redresses les jambes pour
enserrer les miennes et t’assurer que je ne pars... Quelle idée !
Nos doigts se trouvent, se croisent, se mêlent et se parlent dans le langage des
amants. Nos corps sont le parfait miroir de l’autre. Ventre contre ventre, seins
contre seins, bouche contre bouche... J’ondule tendrement pour mieux épouser chacune
de tes formes.
La banquette, quoique confortable pour la situation, n’est pas bien large...
Je m’écarte pour avoir déjà une vue sur ce paysage si ravissant. Il faut croire que
nous sommes sur la même longueur d’onde. Tu passes ta jambe par dessus moi et tu
redresses, dos à moi. Mes bras passent devant toi et se posent sur ta poitrine. Ainsi
maintenue, j’ai tout loisir d’embrasser ta nuque. Je descends le long de ton dos, le
couvrant de mille petits baisers. Mes mains glissent le long de ton corps et
s’immobilisent sur tes hanches. Je peux à loisir embrasser le haut de tes fesses,
m’attarder délicatement sur ce sillon naissant.
Je me redresse pour coller mon corps contre le tien, me nourrir de ta chaleur. Tu te
penches doucement en avant. Mes mains caressent ton dos, tes hanches. Je joue avec
chacune de tes formes. Ta main se faufile entre tes jambes pour tenter de m’atteindre.
Je sens tes doigts le long de mes cuisses. Je me rapproche encore plus de toi.
L’instant est si doux, si intense. Notre excitation explose. Nous ne savons où donner
de nos sens... Ta main, chaude me caresse, m’invite, m’appelle... Je me penche sur toi
pour mieux t’envelopper, me coller à toi.. A mon tour de jouer avec tes sens... Je
t’effleure, je m’approche, m’éloigne... Tu me guettes, me cherche, m’attends...
J’adore cet instant magique, prelude à notre union, où de nos sens, de nos gestes,
nous sommes arrivés à l’armonie, à l’envie... Je suis juste là, tout prêt....
Absorbés par nos jeux, un coup de sifflet retentit et le train commence à avancer.
Surpris, nous perdons l’équilibre un instant et nous glissons vers la banquette avant
de nous rattr. Quelle meilleure occasion d’user de cette surprise pour donner une
suite torride et tant attendue à notre étreinte. Cette surprise aussi est au rendez-
vous... Mais l’accueil n’est pas froid, bien au contraire. Tu sembles un instant
soulagée de mon initiative... T’aurais-je fais attendre ?.... Passé cette émotion,
j’apprécie l’instant, ton corps, tes réactions. Mes mains sur tes hanches n’ont plus
mot à dire... Tu prends désormais les initiatives. Ton corps ondule, félin.... Qui a
attrapé qui ? Je me le demande... La chaleur de ton corps parcourt le mien. Je te sens
vibrer, ralentir, apprécier, à ton rythme. Je sais que tu veux partager ce plaisir
avec moi.
Au ryhtme du train, notre étreinte s’intensifie. Nous avons beaucoup attendu, beaucoup
joué... Un plaisir partagé, unique, avec toi, qui voit son couronnement dans ces
instants. Excuse moi, mais je t’avoue ne pas résister à l’envie de te caresser. Si je
le pouvais, sans briser notre union, je t’embrasserai encore et encore... L’étreinte
est longue, profonde quand soudain ta main se lève pour se poser sur ma hanche et me
coller à toi... Mes mains sur ton dos se crispent un instant … tandis qu’à nouveau le
compartiment se plongent dans l’obscurité et qu’un long sifflement se fait entendre.
Tu laisses échapper un long, tendre et délicieux soupir.... Je te sens bouger, mais je
ne vois encore rien. Je reste immobile alors que le jour revient.
Je te découvre alors devant moi, à genou sur la banquette, face à moi. Tu me souris
tandis que tu t’approches de moi pour m’embrasser tendrement... Ce tendre baiser qui
m’a fait tant défaut tout à l’heure.... Je te prends dans les bras : tu es brulante.
Et toi de conclure au creux de mon oreille :
- si on m’avait dit qu’il y avait un tel service pour le prix d’un simple billet....

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