Il Ne Faut Jurer De Rien.

Pour écrire une histoire, il faut un déclic, l’idée qui jaillit on ne sait trop pourquoi, ni comment.
Perdu dans ses pensées lors d’une balade. La nuit, alors que l’on cherche le sommeil après s’être levé pris d’une envie pressante. En regardant un film, en entendant une chanson… Ou en lisant un récit sur HDS.

Justement, je lisais pour la troisième fois « Alice et Fred », le dernier récit de Lætitia. J’en étais au moment où Fred, qui a suivi son épouse, la voit attablée au restaurant avec celui qui l’a draguée lors du mariage, il hésite. J’essaie de l’encourager « Vas-y Fred. Vas-y fait un scandale, fout ton poing dans la gueule de ce salaud ». Il ne m’écoute pas, deux fois ne lui a pas suffi, il regarde cette fois encore Alice partir au bras celui qui va devenir son amant.

Et là, LE DÉCLIC, « et s’il était entré dans le restaurant ? ».

Déjà, dans « Destins croisés » du même auteur (ou de la même auteure ?), rappelez-vous, le samedi, alors qu’Émilie rencontre en cachette son amant pour rompre. Et si son mari était arrivé à ce moment-là ? Bien sûr ça n’aurait pas été la même histoire.

« Le mari intervient ». Sur cette simple idée, j’ai bâti une histoire qui n’a rien à voir avec celles de Lætitia. Mais que cela ne vous empêche pas d’aller les lire, si par un hasard bien improbable vous les avez manquées. Ce qui me semble inconcevable.

---oOo—

Je l’aime. Elle m’aime.

Est-ce si important de pardonner ? Un accro dans un couple, nous ne sommes pas les premiers, nous ne serons pas les derniers. Le pardon est la meilleure preuve d’amour, mais ça veut dire quoi pardonner ? Moi, j’essaie surtout d’oublier.

Elle a regretté rapidement, m’a juré que c’était la première fois, que ce serait la seule. M’a juré n’aimer que moi, que c’était une erreur. Qu’elle ne comprenait pas pourquoi. Qu’elle avait honte d’elle, qu’elle ne voulait pas me perdre, ni surtout me faire souffrir.



Je l’ai cru. C’était ça le plus important, enfin pour moi. Pourquoi chercher une raison. C’est le passé, on ne peut pas revenir en arrière.

Je lui en ai voulu. Je n’arrivais pas à admettre ses mensonges, sa trahison, imaginer un autre l’embrassant, la pénétrant, l’imaginer avec une bite dans la bouche, y prenant du plaisir. Je n’arrivais pas à accepter qu’elle ait pu me tromper.
Trompé, c’est le mot. Impossible de dire « cocu », c’est sordide, un peu sale. Ce n’est pas ce qu’elle voulait. Je la crois.

Ça m’a fait réfléchir, c’est tout ce que je pouvais faire. J’ai compris combien je tenais à elle, combien je l’aimais. J’étais prêt à fermer les yeux pour ne pas la perdre. Mais j’avais mal.

Elle regrettait ce mal qu’elle me faisait, s’en voulait d’avoir cassé notre si belle entente, notre complicité. Regrettait-elle les moments passés avec lui ? Le plaisir qu’il lui a donné ? Car elle a joui avec lui, elle a écarté les cuisses pour lui. Comment oublier ces images qui m’obsèdent ? Disons plutôt, qui m’obsédaient quand j’ai su.

J’ai compris ses remords, elle était sincère. Pourquoi vouloir chercher plus loin. Soit, je partais, finie notre vie à deux, soit, c’est ce que j’ai choisi, je voulais vieillir avec elle, avoir des s avec elle, parce que c’était elle, aussi simple que ça. Ça ne pouvait pas être avec une autre.

Je ne veux pas savoir, je ne veux plus savoir.

Il y a un an, j’ai décidé de lui faire confiance. Il le fallait, sans réserve. Dire que pour une bêtise … un dérapage… mais pour elle c’était sûrement plus, beaucoup plus, c’est ce qui m’a fait mal. Je ne veux plus y penser.

Le temps a passé. Lui seul sait apaiser les douleurs. Sa passion retrouvée entre mes bras. Le même désir l’un pour l’autre. L’avenir, notre avenir, à bâtir ensemble.

Lors des dernières vacances, nous avons retrouvé notre complicité. Ironie, c’est le jour où Lisa a accepté que je la sodomise que nous avons évoqué le projet de faire un bébé.
Nous nous sommes appliqués, alternant les plaisirs.
On ne gagne pas à tous les coups … vingt fois sur le métier … Ce n’était pas pour me déplaire.

---oOo—

Comment le doute s’est-il infiltré en moi ? Comment ce doute s’est-il transformé en soupçon ? Toujours est-il, j’avais l’impression de revivre le même cauchemar qu’il y a un an.

Un SMS qu’elle ne lit pas si je suis à côté d’elle, son ordinateur qu’elle ferme quand je m’approche, son téléphone qui ne traîne plus dans le salon, ses appels rapides à voix basse dans la cuisine quand que je regarde un film à la télé. Des petits riens, qui vous pourrissent la vie.

Quand je la regarde, comme ça, parce que c’est ma femme, que je la trouve belle, toujours aussi belle, elle se sent gênée, me renvoie un sourire que je sens . Si ça ce n’est pas un indice.

Au lit, tout est parfait, trop parfait même. Toujours demandeuse, jamais à me repousser comme ça arrive inévitablement dans tous les couples, la fatigue, le manque d’envie. Toujours prête à me satisfaire, comme si … comme si elle avait quelque chose à se faire pardonner.
Comme l’an dernier, comme… non, ce n’est pas possible.

Bien sûr, nos relations en pâtissent, je suis plus nerveux, je lui réponds parfois de façon brusque. Elle aussi, parfois plus tendre, trop tendre, parfois, elle me rabroue pour des motifs futiles.

Ce soir, elle a l’air perturbé, « quelle journée ! Je suis crevée » me dit-elle. Nous parlons peu, elle a l’air soucieuse. Une fois couchés, elle me repousse gentiment quand je la prends dans mes bras
- Pas ce soir mon chéri, je suis fatigué, demain ça ira mieux.
« Tiens ! »

De temps en temps, elle va faire du shopping avec ses amies, je n’y ai jamais trouvé à redire, normal de sortir avec ses amies. Et puis, je n’ai pas la patience. Mais aujourd’hui, vendredi, après-midi de RTT pour nous deux, en prenant le café, ça fait tilt lorsqu’elle me dit :
- Je me dépêche mon chéri.
Lucie et Monique m’attendent, on va faire les boutiques.
- Tu veux t’acheter quoi ?
- Rien de particulier. Si je trouve un beau pull pour toi, je te le ramène.

Pourquoi ai-je du mal à la croire ? Pourquoi cette boule dans mon ventre ? Pourquoi aujourd’hui, ai-je envie de la suivre ?
Je n’ose pas lui parler directement. Je ne suis sûr de rien. … Je veux savoir, en avoir le cœur net.

Je la suis de loin. Avec la circulation, elle ne peut pas me voir. Ne pas la perdre de vue. Elle se dirige vers le centre-ville, là où se trouvent toutes les boutiques qu’elle a l’habitude de dévaliser avec ses amies.
Elle va les retrouver. J’ai encore l’espoir de passer pour un idiot. Le mari jaloux qui suit sa femme, la honte…Je me suis fait tout un cinéma pour rien.

Une petite rue, elle se gare. Vite, trouver une place libre un peu plus loin. Où est-elle ? Il ne faudrait pas que je lui tombe dessus, j’aurais l’air malin.

Là-bas. Je la vois traverser la rue d’un pas assuré, elle sait où elle va, droit sur un des cafés qui bordent cette place très animée à cette heure de la journée. Directement vers une table déjà occupée, ni par Julie, ni par Monique. Il est là, lui, je ne l’ai aperçu qu’une fois, mais je le reconnais, aucun doute, celui que j’espérais ne jamais revoir.

Petites bises. Lisa semble nerveuse, parle de façon saccadée, regarde autour d’elle comme si elle avait peur qu’on les surprenne ensemble.

Alors ils continuent à se voir, malgré ses déclarations d’amour, malgré nos vacances, malgré nos projets… Ils se parlent, il lui prend la main. Elle la retire rapidement. Bien sûr, elle ne veut pas que quelqu’un puisse les voir, puisse comprendre. J’imagine qu’ils vont aller dans un hôtel du quartier, c’est ça son shopping !

Tant pis pour les conséquences, il me faut intervenir. Je vais la prendre la main dans le sac. Cette fois, juré, plus de pardon possible.

Ah ! si François avait pu entendre ce qui se disait à la table, devant le café qui refroidissait dans les tasses.


---oOo—

- Xavier, arrête de me harceler, arrête de me téléphoner, arrête de m’envoyer des messages.
- Je ne te harcèle pas, j’avais juste envie de te voir.
- Tes messages, tes appels, le soir chez moi. Tu es devenu fou, tu penses à mon mari ?
- Ma Lisa, je pense trop à toi, à nous.
- Je ne suis pas ta Lisa. J’aime mon mari. L’an dernier c’était une folie. C’est le passé.
- Mais je tiens à toi.
- Pas moi, je n’aurais pas dû.
- Tu regrettes ?
- Non, enfin si… Pas les moments passés avec toi bien sûr, mais d’avoir trompé mon mari, d’avoir mis mon couple en danger.
- Il ne le saura pas, je serais discret.
- Comprends que c’est terminé. Toi aussi tu es marié, pense à ta femme. Ne gâche pas tout, c’est de l’histoire ancienne.

Xavier lui prend la main. Elle la retire rapidement :
- Ça va pas non ? … Je t’ai dit non.
- Juste une fois, on pourrait ….
- Non, c’est non. François m’a pardonné, c’est le plus merveilleux des maris. Nous voulons fonder une famille.
- Mais…
- Laisses-moi tranquille. Je te le demande en souvenir de ce que nous avons vécu.
- Tu vois, toi aussi…
- Non Xavier. C’est fini.

Lisa sent une présence derrière elle, son ex-amant s’arrête de parler. Elle se retourne instinctivement :
- Noooon !

---oOo---

Je m’avance vers eux. Lisa ne peut pas me voir, mais lui s’arrête de parler. Il ne me connaît pas, il doit être intrigué par l’intrus qui vient les déranger.
Instinctivement, Lisa se retourne. Nos yeux se croisent :
- Noooon !

Elle n’ose plus bouger, j’ai l’impression qu’elle se liquéfie.

J’avais prévu la grande scène, les cris, les pleurs, les supplications, et je suis là les bras ballants, sans savoir quoi dire.

J’aurais voulu la regarder fixement, d’un regard accusateur. Mais rien ne se passe comme je l’imaginais, elle ne doit lire que de la tristesse dans mes yeux, même pas de la colère.

Aucun mot. Seule Lisa qui bafouille « non » en hochant la tête, la bouche ouverte de stupeur.

Que faire, que dire ? D’un geste théâtral, je pose mon alliance devant elle. Et je m’en vais sans attendre.

Tiens, j’ai oublié de foutre mon poing dans la gueule de ce salaud, comme j‘avais prévu de le faire.

Sur le trottoir, je marche vite pour rejoindre ma voiture. Des pas derrière moi, Lisa arrive à ma porte, frappe à la vitre, crie mais je ne l’entends pas. Je démarre sur les chapeaux de roue, rageur, sans même lui jeter le moindre regard. Elle n’existe plus pour moi.

Je pars, sans voir les larmes qui inondent son visage.

---oOo---

De toutes mes forces, je frappe sur la vitre de sa voiture :
- Mon chéri, écoute-moi.

Il faut qu’il m’écoute. Je veux lui dire, lui expliquer.

Vite le rejoindre chez nous. Où est ma voiture ? Zut, dans quelle rue me suis-je garée ? Je tourne en rond avant de la retrouver.

En conduisant, je serre dans ma main l’alliance de François.

Je m’en veux. J’aurais dû lui parler, il m’aurait soutenue, il m’aurait aidée. J’aurais dû suivre le conseil de mon amie Isabelle à qui je m’étais confiée, elle m’avait dit de lui faire confiance, de tout lui dire.
J’ai cru être la plus forte. J’ai surtout eu la crainte qu’il ne me croit pas, qu’il se fasse des idées. Il m’a pardonné l’an dernier, mais j’ai toujours peur de le perdre.

Je croyais que Xavier avait compris. Mais non, il a fallu qu’il revienne à la charge.

Il voulait me revoir. Je n’ai pas répondu à son premier message, pensant qu’il comprendrait. Il m’a relancé une fois, deux fois, dix fois. Pendant 2 mois, il m’a inondé de messages, de coups de téléphone, au bureau, chez nous. Je n’étais plus moi. J’avais peur que François ne s’en aperçoive.
Par SMS, je lui ai dit que c’était fini, bien fini, que j’aimais mon mari. Ça ne l’a pas calmé. Un soir, j’ai même dû lui parler au téléphone, espérant encore que ce serait suffisant pour qu’il me laisse en paix.

Rien ne l’arrêtait. Je n’ai pas écouté Isabelle, je n’ai rien dit à François, je n’ai pas pu. En désespoir de cause, j’ai accepté ce rendez-vous, comme ma dernière chance pour lui dire en face que je ne voulais plus le voir.

---oOo---

Arrivé chez nous, je prépare rapidement quelques affaires dans un sac. Je n’avais rien prévu avant, j’espérais tellement me tromper, et revenir tout penaud avec mes soupçons.
Je suis en train de prendre mon ordinateur dans la chambre d’amis, quand j’entends la porte s’ouvrir :
- Chéri ?

Je fonce dans le salon prendre mon sac et adieu. Lisa se jette sur moi :
- Mon chéri non, ne pars pas. Ce n’est pas ce que tu crois
- Je ne crois rien, j’ai vu.
- Non.
- Tu n’as pas cessé de le voir, tu ne peux plus te passer de lui.
- Non.
- Depuis un an tu me mens. Je me sens doublement trahi… Pendant les vacances, comment as-tu pu me laisser croire ?
- François je t’aime, c’est un immense malentendu. C’est la première fois que je le revois.
- A d’autres. Tous les mois tu allais faire du shopping avec tes amies. Comme aujourd’hui. Dire que je t’ai crue, quel idiot je suis.
- Mais non. Je te le jure, je ne l’ai jamais revu.
- Comme par hasard, justement aujourd’hui. Ne te moque pas de moi, assez de mensonges.

Je marche vers la porte :
- Non, ne pars pas. Je t’aime François. Laisse-moi t’expliquer.
- Que vas-tu encore inventer ?
- Il me poursuit depuis plus de deux mois. Des messages, des SMS. Impossible de lui faire entendre raison. Je l’ai rencontré pour lui dire en face de ne plus m’importuner.
- Tu crois que je vais gober cette fable, trouve mieux. Si je n’étais pas intervenu, tu serais maintenant à l’hôtel avec lui.
- Mais non, c’est la vérité.

Je sors et lui lance :
- Adieu.

Ne voulant pas attendre l’ascenseur devant elle, je descends quatre à quatre l’escalier. Je l’entends crier :
- François, François, ne pars pas. Je t’ai dit la vérité. Ne me quitte pas.
- …
- François, non, reviens.

Et dans un sanglot :
- C’est trop bête. Non !

Ce soir, je dors à l’hôtel, demain j’aviserais. Je reviendrais chercher mes affaires quand elle ne sera pas là, j’en ai assez de tous ses mensonges.

Trop bon, trop con. J’aurais dû comprendre l’an dernier, ça nous aurait évité cette scène digne d’un vaudeville.

---oOo---

Me voilà seule dans notre appartement, trop grand pour moi. Comment François pourrait-il me pardonner, il n’y a rien à pardonner. Les apparences sont trompeuses, mais s’il m’aime comme je l’aime, il me croira.

Où es-tu François ? Je n’ose appeler sa famille, ses amis. Au travail, jamais là, ou en réunion, son assistante a dû recevoir des consignes.

Mon toubib m’a arrêté, impossible de travailler, de me concentrer. Je l’attends.

Tous les soirs, affalée dans mon fauteuil, je n’ai même pas la force de regarder la télé. J’attends un verre à la main. Je me couche tard, de plus en plus tard. Parfois je me réveille au petit matin, mal partout, le verre à mes pieds sur le tapis.

Trois semaines à traîner. Aucune réponse à mes messages. Il faut que je me ressaisisse. D’abord retourner travailler, après je le retrouverais, cette fois il m’écoutera.

Comment en sommes-nous arrivés là ?
François m’avait pardonné, je pouvais espérer que le passé était oublié.

Nous étions heureux. Pourtant, l’an dernier... Comment ai-je pu ?

Cette foutue soirée !
Ma collègue Patricia a voulu fêter son récent mariage et nous présenter l’heureux élu. A 17 heures, finit de bosser, nous avons rapproché nos bureaux pour faire une grande table, disposer verres et bouteilles pour célébrer, comme il se doit, les jeunes mariés.

Ils étaient mignons tous les deux, lui un peu intimité, ne connaissant personne. Nous nous étions cotisés pour leur offrir un beau cadeau, plus quelques blagues de potaches, comme toujours dans ces circonstances.

Tout le service était là, une bonne trentaine tout de même, plus deux fournisseurs qui se trouvaient là. Quand il y en a pour 30, il y en a pour 32.

Je connaissais Xavier. Enfin comme on connaît un commercial qui passe remplir son carnet de commandes une fois par an. Il s’est approché de moi pour trinquer et tout naturellement nous avons engagé la discussion, le boulot, nos boites, nos familles. Habitant Reims, il vient tous les mois à Paris visiter ses clients. Il a une petite fille d’à peine un an, charmant il m’a montré sa photo, encore un papa gâteux. Je lui ai fait quelques confidences sur notre projet d’agrandir la famille.

Je pensais rentrer rapidement pour que mon chéri ne se fasse pas de soucis. Mais, en entendant la musique, je ne sais plus qui s’est mis à danser. On a poussé les tables, on chantait, on criait, on se trémoussait. Un slow a suivi, quelle idée ! Au boulot tout le monde se fait la bise, mais garde ses distances. Le champagne aidant, les couples se sont formés.

Galant homme, Xavier m’a invitée, avec les formes comme autrefois. J’étais bien dans ses bras, je me laissais guider. Les bulles me faisaient tourner la tête.

Oh, juste une danse, et j’ai décidé de rentrer. Toujours est-il qu’après avoir virevolté ensemble, il m’a proposé de me raccompagner. Nous sommes passés devant son hôtel. Sans réfléchir, j’ai accepté un dernier verre.

Il était sympa, je ne me suis pas méfiée, ni de lui, ni de moi. Sans savoir comment, je me suis retrouvée allongée sur son lit, ses lèvres sur les miennes, sa main caressant mes seins. Nous avons fait l’amour comme la suite logique de la soirée, j’ai aimé son regard quand j’ai pris une douche avant de partir.

J’étais bien. Je ne savais pas pourquoi j’avais cédé à cet homme. Je n’avais même pas l’impression d’avoir trompé mon mari. Un coup d’un soir comme lorsque j’étais célibataire, rien de plus, pour le fun.

Il est vrai que si j’avais voulu prendre un amant, il était parfait. Ses baisers, ses caresses, le plaisir que j’ai pris à le sucer, et quel orgasme quand il m’a pénétré. Mais voilà, je n’avais aucune envie de prendre un amant.

Chez nous, mon mari n’était pas couché, il regardait la télé. Petite bise :
- Tu as passé une bonne soirée ? C’était bien ? Dis donc, ça a fini tard.
- Oui oui. Nous étions nombreux.
- …
- Je vais me coucher, je suis fatiguée.
- D’accord ma chérie. Je regarde la fin du film et j’arrive.

Quand il m’a rejoint dans le lit, j’ai fait semblant de dormir. Un réflexe. Je ne me sentais pas coupable, mais deux fois dans la même soirée, c’était trop.

Hors de question de recommencer. Avais-je des remords ? Peut-être, je ne saurais le dire. J’aimais mon mari, il m’apportait tout ce qu’une femme peut désirer. Pourquoi un amant, ridicule.

J’allais oublier, quand deux jours plus tard, coup de téléphone de Xavier, il m’invitait à déjeuner. J’ai accepté sans aucune arrière-pensée. Peut-être voulait-il s’excuser, me dire qu’il regrettait d’avoir trompé sa femme. La fin de l’histoire en quelque sorte.

Déjeuner « affaire » au restaurant de son hôtel. Contrairement à ce que j’avais pu penser, il a attendu la fin du repas pour m’inviter à monter dans sa chambre. J’aurais dû dire non. Je m’étais pourtant juré. Une fois c’est un dérapage, deux fois ça devient un adultère.

J’ai aimé qu’il me déshabille, qu’il me regarde nue. J’ai aimé ses caresses. Mais quand je l’ai sucé toujours avec le même plaisir, il a failli jouir dans ma bouche, non mais ! Sans prévenir sans demander. Heureusement j’ai eu le bon réflexe, j’en avais plein le cou et les seins. Je suis vite partie sous la douche.

Il s’est excusé, je ne lui en voulais pas. Ce côté un peu macho ne m’a pas rebuté, je dois avouer qu’au contraire j’étais encore plus excitée à l’idée de me soumettre à sa volonté, à ses désirs. Nous avons repris nos ébats, cette fois encore j’ai joui quand il m’a pénétré, il sait y faire.

En me rhabillant, j’ai réalisé ma folie. Je lui ai dit clairement que c’est la dernière fois. J’aime mon mari, il a sa femme, sa fille. Il valait mieux en rester là. Ouf le lendemain il rentrait chez lui, fin de l’aventure.

Je me suis fait des illusions, il n’avait rien compris du tout. Un mois plus tard, de nouveau à Paris, il a encore voulu me voir. Me voir ? Je savais ce que cela signifiait. J’ai tenu bon, il m’a laissé plusieurs messages, plusieurs SMS, parfois même le soir. J’étais gênée, j’avais peur que François ne s’en rende compte. Je lui répondais enfermée dans les toilettes, j’effaçais nos échanges.

Le mois suivant, il a recommencé. Tant de constance a flatté mon ego, quelle connerie cet ego ! Et puis, je me souvenais du plaisir qu’il m’avait procuré. Un frison m’a parcouru. Une fois, ce n’est pas une habitude, François ne le saurait pas plus cette fois que les autres fois. Et juré, c’était la dernière.

Je l’ai donc revu, dans une autre chambre d’hôtel. Quel orgasme quand il m’a prise en levrette ! Je me sentais femme, pleinement femme, saillie par un beau mâle.
Reprenant mes esprits, sans savoir pourquoi, tout à coup je me suis sentie mal à l’aise. La honte m’a saisie, je venais de tromper mon mari.

En partant, j’ai fait comprendre à Xavier que c’était la dernière fois. Je suis partie sur un baiser furtif. En poussant la porte chez nous, je culpabilisais. Qu’est-ce qui m’avait pris ? Mon mari m’a toujours comblée, je ne suis plus une midinette tombant dans les bras du premier venu.

Trop tard.

Comment François l’a-t -il appris, je ne le saurais jamais. Toujours est-il que le soir même il m’a fait une scène comme jamais. Sa colère a été terrible. Le pire, son air abattu, sa tristesse.

Je m’en voulais de le faire souffrir. Je l’avais trahi. Je ne fus pas surprise qu’il parle de séparation. Il est parti une semaine, chez des amis. J’ai eu peur qu’il ne revienne jamais. Impossible de lui parler, il avait éteint son téléphone. Je lui ai laissé des messages, les lisait-il ?

Quelques jours après, j’étais en pleurs dans la pénombre quand il est rentré. Il a allumé, j’avais les yeux rouges, j’étais laide. Il s’est assis à côté de moi sans un mot, je me suis blottie dans ses bras.
Nous sommes restés sans bouger. Je lui ai demandé cent fois pardon. Je lui ai juré. Il m’a embrassée.

Tendrement, nous avons fait l’amour. C’était mieux, 100 fois mieux, 1000 fois mieux. J’ai pris conscience, que c’était l’homme de ma vie… plus jamais, juré.

Il m’a pardonnée. Il m’aime, je l’aime.

Un an. C’est de l’histoire ancienne, un mauvais souvenir. Pendant nos dernières vacances, quel bonheur ! Nous avons fait l’amour tous les jours, même dans les dunes à l’abri des regards indiscrets. Nous étions jeunes mariés, ou pire des ados…

Au retour, la douche froide, ce SMS de Xavier.

Et voilà où j’en suis…. François, je t’aime.

---oOo---

Ses messages, je ne les écoute plus. Ses SMS, je ne les lis plus… mensonges, mensonges, toujours la même fable.

Dans un long mail, Lisa m’explique comment il l’a soi-disant relancée à notre retour de vacances. Le harcèlement, sa peur que je ne la crois pas, enfin toujours les mêmes fadaises. Au lieu de me dire clairement qu’elle l’avait choisi lui et pas moi. J’aurais préféré cette franchise.

J’ai voulu mettre de la distance entre nous. Ne plus la voir ne me suffisait pas. Pour le divorce on verra plus tard, je n’ai même pas la force d’aller voir un avocat.

Mon patron, compréhensif, me propose une place dans notre filiale de Bruxelles. Mon installation est facilitée par l’appartement meublé mis à ma disposition par la société

Lisa, c’est fini. Je vais refaire ma vie…

Un jour, me promenant sur la Grand Place, j’entends une voix qui m’appelle, c’est Isabelle, la meilleure amie de Lisa. Je n’ai aucune envie de lui parler, elle va sûrement essayer de défendre son amie.
Impossible de lui échapper, elle m’a vu :
- Bonjour François.
- Bonjour Isabelle.

Petites bises, je me sens obligé d’engager la conversation :
- Que fais-tu là ?
- Je suis ici depuis bientôt cinq mois. Et toi ?
- Nous avons une filiale belge.
- Bruxelles est une ville très agréable, vous devriez venir vivre ici quelque temps Lisa et toi.
- …
- Au fait comment va-t-elle ?
- Bien merci.
- Il y a longtemps que je n’ai pas eu de ses nouvelles. Je suis partie rapidement sans avoir le temps de la prévenir. Je voulais l’appeler en arrivant ici, mais tu sais comment c’est, on repousse toujours au lendemain. Alors tout va bien ?
- Oui. Tout va très bien.
- Je suis contente pour elle, enfin pour vous. Ce type qui la relançait sans arrêt, je dirais même qu’il la harcelait, elle l’a vraiment mal vécu. Je suis heureuse que vous ayez pu vous en débarrasser.
- …
- Elle voulait se débrouiller toute seule. Elle n’allait vraiment pas bien, tu as dû t’en apercevoir, ça la tourmentait. Elle avait peur de ta réaction. Je l’ai traitée d’idiote, je lui ai conseillé de t’en parler.
- …
- J’étais certaine que tu réussirais à résoudre ce problème.
- Merci, ça a été dur.
- Dur est un mot faible. Je savais par quelle épreuve vous étiez passés l’an dernier, vous n’aviez pas besoin de ça. Ce con qui la relance. Je n’ai plus la notion du temps, c’était il y a combien de temps ?
- Je ne sais plus trop, 5, 6 mois environ.
- Déjà ! Enfin c’est fini.
- …
- Tout de même, ça a duré au moins 3 mois. Elle avait beau le repousser, il ne voulait rien savoir, il l’inondait de messages. Moi j’aurais craqué. Elle ne voulait pas que tu le saches pour que tu ne te fasses de fausses idées. C’est malin, comme si tu n’étais pas là pour la protéger.
- …
- Elle a eu raison de t’en parler…. Et depuis, il n’a pas essayé de la revoir.
- Non, je ne crois pas.
- Elle te l’aurait dit. Elle a une telle confiance en toi. Je suis vraiment contente pour vous deux.
- Mais, on ne parle que de nous, et toi ?
- Moi, je papillonne, comme toujours, tu me connais. Je ne suis pas comme Lisa, c’est une fille sérieuse, je ne comprends pas comment elle avait pu se laisser embobiner par ce beau parleur. Elle l’a vite regretté, ses remords la rongeaient. Enfin tu sais tout ça.
- …
- Un jour, elle m’a dit « François c’est mon homme, aucun autre ne pourra jamais m’apporter tout ce qu’il m’apporte ». Je l’envie. Et vos projets ?
- De quoi tu parles ?
- Elle m’a confiée que vous vouliez avoir un bébé. Alors tu t’y es mis, elle attendait tu sais.
- …
- Je suis sûre que tu seras un bon père, et elle une bonne mère. Veinard va, tu aurais pu tomber sur quelqu’un comme moi.
- …
- Mais non je blague. Allez, j’y vais, mon Jules m’attend, fais la bise à Lisa.

Ce n’est pas possible. Lisa, ma Lisa. Elle avait peur de me perdre. Et moi, je n’ai jamais voulu l’écouter. C’est ça ma confiance.

Je passe rapidement chez moi prendre quelques affaires.
L’autoroute direction Paris. Seul dans le silence de ma voiture, je crie, je hurle :
- Je t’aime Lisa… LISAAA !

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!