Charlotte (I)

Cette histoire est vraie, les faits se situent dans la seconde moitié des années 90,
j'avais alors 23 ans.

Contre toute attente, alors que j'ai longtemps été quelqu'un de timide et de très
pudique, le naturisme m'est "tombé dessus" tout à coup, comme un remède à cette
timidité presque maladive ou une envie dissimulée jusqu'alors. Littéralement aspiré
par cette envie de nudité, j'avais envie de me mettre à poil n'importe quand,
n'importe où. C'est ainsi que, pour un début, j'ai commencé par prendre l'habitude de
vivre nu chez moi. Sitôt rentré, j'envoyais valser mes fringues et je vivais nu comme
un ver.

Parmi mes amis, aucun n'avait d'attirance pour cette pratique. Quand une conversation
déviait sur le sujet, c'était les rires et les moqueries habituelles : "t'as vu ça,
ces nudistes, à poil pour aller faire les courses, non mais t'imagines ?!" Je ne
disais rien mais intérieurement je rêvais de pouvoir aller dans un supermarché à poil.
Marcher dans la rue, aller chez le coiffeur, au resto, tout ça complètement nu.

N'en pouvant plus de vivre seul cette passion que la société me forçait à cacher, je
décidais de passer par les petites annonces (l'anonymat, ça aide) : « JH ch. amie
naturiste pr partage et complicité ds un ét. d'esprit sain et sans équivoque ».
L'annonce ne mentait pas, je ne cherchais pas un plan cul mais bien une amie avec qui
vivre nu, sans sexe à la clef.

Les réponses ne furent pas nombreuses. Je fis deux premières rencontres décevantes. La
troisième fille à répondre s'appelait Charlotte. Après un échange de courrier et deux
coups de téléphone, rendez-vous était pris chez elle. Nous étions à la fin du
printemps mais ce jour-là, il pleuvait à verse. Je me vois encore sonner à sa porte en
imperméable et n'ayant pas l'envie ni le coeur de me mettre à poil.

C'était juste un
premier contact, pour parler. Le second contact aurait lieu chez moi puisque notre
première rencontre s'était bien passée et que nous étions d'accord sur "les termes du
contrat".

Le samedi qui suivit, je me préparais à recevoir Charlotte. Nu, puisque c'est comme ça
que je vivais et que je n'avais aucune raison de lui cacher. En plus, il fallait bien
commencer, autant être à poil tout de suite, ça évite la démarche du déshabillage. Ses
premières paroles quand je lui ouvris la porte furent :
- ah oui. Donc...
- ben oui, je t'avais dit que je vivais nu.
- d'accord...
- ça te gêne ?
- non, pas du tout.
- si tu veux, tu peux en faire autant.
- je ne sais pas, je vais voir."

On s'assoit dans le salon et je lui offre un verre de rosé léger et bien frais. Je lui
montre ensuite la terrasse de l'appartement envahie de plantes :
- waouw, c'est chouette !
- j'adore ça, j'en mettrais partout. Herbes aromatiques pour la cuisine mais aussi
rosiers, lavande, quelques arbustes et des fleurs. Ici, en été, c'est super pour
bronzer ou bouquiner, j'ai occulté la partie basse de la rambarde pour ne pas que les
voisins d'en face appellent les flics pour attentat à la pudeur et de toute façon, au
8ème, on n'a presque pas de vis-à-vis."

De retour au salon, Charlotte se détend et commence à se déshabiller naturellement,
pliant soigneusement ses vêtements sur une chaise. Je fais mine de la remarquer à
peine, sans changer d'attitude, et vaque à la cuisine pour aller chercher de quoi
grignoter. À mon retour, elle est entièrement nue elle aussi : "c'est vrai qu'on est
mieux comme ça !" dit-elle en riant, "chez moi c'est plus difficile, je suis cernée de
voisins et obligée de tirer les rideaux pour ne pas m'offrir aux mateurs".

En souriant, je vais chercher des coussins et deux serviettes de bain : "ça te dirait
qu'on se mette sur la terrasse ? Avec un temps pareil, c'est dommage de rester
enfermé".
"OK !" Et nous avons passé le reste de l'après-midi dehors à profiter du
soleil. Je suis allé chercher des revues naturistes pour lui montrer des articles que
j'avais bien aimés, on a parlé de tout et de rien, parfaitement détendus et sans
arrière-pensée. Bien qu'elle soit nue à quelques centimètres de moi, je ne regardais
pas plus spécialement ses seins, ses fesses ou son sexe (dont je n'avais même pas
encore remarqué qu'il était rasé), c'était juste un être humain, une amie. Nue, oui,
mais un être dans sa globalité. Au point qu'au terme de cette journée, j'aurais été
incapable de décrire son corps en détails. Je savais qu'elle était mince, dans les
1,65 m ou un peu plus, mignonne sans être une beauté fatale, les cheveux châtain
clair, mi-longs, c'est tout.

Avait-elle ce même regard détaché sur moi ou s'attardait-elle sur mon sexe ou mes
fesses quand moi-même je regardais ailleurs ? Je ne sais pas, je n'y pensais pas, nous
n'étions pas dans un rapport "je me montre, tu te montres, regarde-moi". Quand j'étais
allongé pour bronzer, je ne cherchais pas spécialement à croiser les jambes ni à les
écarter. Quand je lui passais son verre ou un magazine, ma main frôlait presque ses
seins mais jamais ne me serait venu l'idée d'aller plus loin.

D'ailleurs, pendant ces quelques heures, à aucun moment je n'ai eu d'érection ni n'ai
eu peur d'en avoir une. Tous les hommes tentés par le naturisme savent bien que la
trouille numéro 1, c'est de bander. Là, non. C'était simple, spontané, naturel. Et
c'était génial.

Par la suite, Charlotte revenait presque tous les week-ends pour nos petites séances
de naturisme privé. Un jour, pour rigoler, j'avais caché sa culotte alors qu'elle
devait rentrer chez elle en vélo avec pour tout bas une jupe assez courte. Au bout de
20 minutes passées à la chercher - et moi à faire semblant -, elle me dit :
- je peux quand même pas rentrer comme ça.

- bof, qu'est-ce que ça peut faire ?
- tu vas bien finir par la retrouver, je la reprendrai la prochaine fois. Allez, j'y
vais comme ça, tant pis."

Une fois arrivée chez elle, elle m'appelle :
- je le referai, j'ai adoré."
J'ai éclaté de rire au téléphone en lui promettant de retrouver le précieux bout de
tissu qui fait tant de différence quand on ne le porte pas.

Les semaines qui ont suivi, nous allions fréquemment à la piscine ensemble mais ces
fichus maillots de bain, si petits soient-ils, nous gâchaient notre plaisir. Il n'y
avait que sous les douches que nous pouvions, séparément, nous mettre entièrement à
poil, maigre consolation de courte durée.

Alors un jour, je lui dis :
- et si on allait plus loin ? dans un vrai club naturiste ?"

À suivre . . .

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