Experte

Quelle pitié que de vieillir ! Quelle angoisse de ne plus susciter le désir de l'homme
qui passe ! Si j'aime encore mon corps, il est quelques traits qui me désolent. Qu'ai-
je besoin de cette bouée au bas de mon ventre, de ses ridules concentriques autour de
ma bouche, de ces taches sur mes mains, de ces fesses plates et un peu molles ? Aussi
ai-je décidé d'améliorer tout ce qui pouvait l'être. Pour la première fois ce
printemps, je m'épile entièrement. Je trouve mon vieux sexe plutôt élégant une fois
dépourvu de sa toison. Mes grandes lèvres ont encore un dessin présentable.
L'esthéticienne, qui a une bonne éducation, me complimente sur mes jambes. Elle a
raison, je les aime et elles m'aident à me sentir bien. Je sors de sa boutique
rassérénée et contente de moi.

De retour à mon appartement, et alors que je vais mettre la clé dans la serrure, je
suis étonnée d'entendre mon plus proche voisin me saluer pour la première fois. Sans
doute est-ce l'effet de ce bien-être stimulant que je ressens. Du coup, je le regarde
attentivement. Il doit avoir une cinquantaine d'années et il commence à s'alourdir.
Mais ses traits sont réguliers, son visage avenant, ses bras musclés. Je m'étonne de
ne l'avoir jamais vraiment remarqué. Je lui rends son salut et nous conversons
agréablement de la pluie et du beau temps. Je sens son regard appuyé qui pour la
première fois détaille mon anatomie. Il me propose un café que j'accepte avec gaieté.

Son intérieur est minimaliste et fonctionnel. Nous nous asseyons dans la cuisine, sur
des tabourets, près d'une table de stratifié gris. Nous enchaînons les sujets de
conversation jusqu'à ce que ceux-ci prennent un tour plus personnel. Nous parlons de
notre isolement et de notre solitude. Dans un geste de sollicitude, il att
tendrement ma main. Je ne sais ce qui me prend, ou je le sais trop bien, mais je me
trouble violemment.

Le rouge me monte aux joues et je tremble de tout mon corps. Il
s'approche de me prend dans ses bras, puis me câline tendrement. Tous mes sens sont en
révolution.

Bientôt sa main s'égare sous mon gilet. Je me lève brutalement de mon siège, tant je
suis étonnée, et en perds l'équilibre. Mes mains battent l'air et finissent par
s'accrocher… à ses fesses ! Mon cœur bat la chamade et, lorsqu'il commence à me
déshabiller, je ne résiste pas. Il découvre d'abord mes épaules droites et mes seins
ronds un peu lourds. Il s'intéresse ensuite à mon bas ventre et, surpris de son
absolue nudité, commence à le caresser d'une main tandis que l'autre achève le
déshabillage. Me voici donc, pour la première fois depuis bien des années, nue et
tremblante devant cet homme habillé au regard troublé et bienveillant. Je frissonne.
Mon ventre se creuse. Ma respiration s'accélère au rythme de mon cœur. Ma chatte
s'humidifie de désir. Mes joues virent à l'écarlate et mon regard se perd dans le
vague.

Bientôt je me ressaisis et commence à déshabiller celui que je veux comme amant. Son
buste est épais mais sa pilosité est bien entretenue. Lorsque je baisse son pantalon,
je me rends compte que cette zone là connaît aussi la tondeuse. Son sexe court et
trapu est à demi dressé. Ses cuisses sont larges et ses mollets galbés. J'aime ses
jambes dodues et fermes. Très vite je m'intéresse à ce phallus à peine excité. Je
glisse une main entre ses jambes et ses fesses tandis que l'autre caresse obstinément
ses bourses et son membre. J'obtiens rapidement une bien meilleure rigidité que
j'affine de ma bouche. Je sens sa timidité disparaître et un désir violent s'emparer
de lui.

Je m'appuie sur l'évier et lui présente mon dos pour qu'il me prenne en levrette.
Encore gauche, il le fait comme il peut et envahit mon vagin en un va-et-vient rapide.

Une main tient ma hanche tandis que l'autre trouve et agite mon clitoris. Il jouit
rapidement alors que mon plaisir est encore lointain. Je l'oblige à rester en moi et
l'excite à nouveau en tirant ma main derrière moi et pénétrant son cul de mon majeur.
Il frémit, je m'enfonce. Il me besogne en ahanant comme un bûcheron. Je jouis
bruyamment. Il sort de moi, me soulève dans ses bras et me pose ainsi sur le moelleux
canapé qui orne son salon. Il s'assoit à terre et agace mon corps de ses deux mains
agiles. Je suis secouée de spasmes de plaisir.

Je ne suis à l'évidence pas rassasiée. Alors qu'il refait ses forces j'explore plus
avant les reliefs de son anatomie. Je lèche un long moment son sexe et le détrempe de
ma salive. En même temps il m'incite à sucer ses doigts et je le fais avec un plaisir
indicible. Ma bouche n'est plus qu'une zone érogène. Il bande à nouveau sous les
caresses. Brutalement, il me retourne et enfonce son doigt humide dans mon cul. Je
sursaute et me cabre, mais le doigt pénètre facilement. Il s'agite un moment et le
plaisir commence à monter. Je suis à quatre pattes sur le canapé et ne vois pas qu'il
a changé de position dans mon dos. Son doigt sort de moi et aussitôt sa bite humide le
remplace.

Je me contorsionne, ravie de ma souplesse, et m'empale bien à fond sur son membre
rigide. Mon cul est dilaté en diable et je ne ressens que le plaisir monter. Ses mains
pétrissent avec force mes seins comme s'il craignait de perdre l'équilibre. Je pose ma
tête et mes épaules sur le tissus pour libérer mes mains et je caresse frénétiquement
mon clitoris. Je me sens plus ouverte avec le cul en l'air et sens mieux le frottement
de son phallus. Mon cerveau s'embrume et mon corps commence à être agité par des
décharges d'énergie alors que je sens de longues jets de sperme se répandre dans mon
colon.
Nos respirations sont saccadées et nos souffles deviennent bruyants. Plaisir
encore !

Nous resterons un long moment effondrés dans des postures grotesques avant de
reprendre nos esprits. Nous prendrons le temps de boire un verre avant de nous
rajuster. Quel plaisir de visualiser l'attitude absolument indécente de l'autre. Il
m'avouera un peu plus tard dans la soirée ne jamais avoir ressenti de telles
sensations. Il me remerciera pour ma grande expertise. Je me garderai bien de lui dire
combien ce plaisir était inattendu et violent. Il faut toujours laisser aux amants de
passage l'impression qu'on est exceptionnelle. C'est ainsi que se construit une
réputation.

Si le désir changea notre relation, il ne nous incita pas à y revenir. Par contre ce
garçon est un fieffé bavard qui me vaut aujourd'hui de nombreuses conquêtes.
J'entretiens mon corps, et mes sens sont sans cesse en alerte. Je fais collection des
amants de passage, ou tout du moins de ceux qui fréquentent le bar PMU du quartier. Je
ne m'en suis pas rendu compte tout de suite. Lorsque, quelques jours plus tard, les
mains d'un autre voisin plus jeune se sont posés sur mes fesses, j'ai encore cru aux
effets de mon nouvel état. Je me suis tortillée de plaisir et ai finie prise debout
contre un mur, nue comme un ver, dans une cave poussiéreuse.

J'en ai été sûre lorsque je me suis vue draguer par un adolescent le lendemain matin,
puis dans la soirée par un vieillard chenu. Trop contente des opportunités, je n'ai
rien refusé tant que les propositions ont évité le vulgaire. A force d'être lutinée,
défoncée, j'y ai gagné des nuits sans rêve dues à un intense épuisement. Un père m'a
même confié, juste après qu'il me baise, un garçonnet pubère que j'ai du initier. Je
ne vous raconterai pas la vigueur du jeune homme qui me laissa, pendant quelques
semaines, cul et moule en compote.
Mais c'est pour la bonne cause que je ne pus
m'asseoir pendant tous ces longs jours.

Désormais, je choisis mes partenaires mais n'en manque jamais. Je suis devenue « la
petite vieille coquine et facile » du quartier. Pour la première fois de la vie, j'ai
pu varier les origines ethniques et culturelles de mes partenaires . Quelques uns
m’insultent tendrement pendant l'amour. La majorité me voue tendresse et respect. Mais
surtout, je sens sur mes seins, mes fesses et mon bas ventre quelques caresses
anonymes au gré de mes fréquentations d'endroits très peuplés. L'autre jour, j'ai
failli jouir dans la file d'attente du cinéma ou une main inconnue m'a longuement
besogné le bas ventre et les fesses. Et après on dira que personne ne fait attention
aux vieilles dames. Que nenni !

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