Quand Tout Semble Impossible - Partie 2 Et Fin

C’était la fin de l’après-midi et nous étions toujours allongés sur son lit. J’étais emprisonné de son étreinte dont je ne voulais plus sortir. Je sentais sa peau douce frotter contre la mienne pendant qu’il profitait de déposer quelques tendres baisers sur le mon dos, ma nuque, mon cou. Ces gestes me transportaient vers une sensation de bien-être. Ces bisous affectueux et notre scène d’amour étaient la recette magique qui me conduisait à l’épanouissement. Comme ces dernières minutes, je sentais ce quelque chose qui remuait dans le bas du ventre. On appelle ça « avoir des papillons dans le ventre » et j’adorais cette sensation. Elle nous conduit vers un autre monde, un monde où l’on ressent les meilleures choses en une seule, où l’on est immunisé contre tout et contre tous. En aucun cas, je ne désirais que cela cesse.
Après quelques minutes de tendresse, je décidai de rompre le silence :
- « Pourquoi ne m’as-tu jamais rien avoué ? », lui demandais-je.
- « Bah… J’étais persuadé que tu ne pouvais pas ressentir de sentiments envers les mecs. Si je te l’avais avoué et que tu n’étais pas de ce « bord » là, j’aurais eu peur que tu balances tout ! », me disait-il d’un air désolé.
-« Mais non, voyons ! Je n’aurais jamais pu faire une telle chose. Même si je ne devais pas être homo », lui répondis-je avec un sourire tout en plaçant délicatement sa main dans les miennes.
-« Et moi je n’aurais jamais cru qu’un jour on puisse… Enfin, tu as compris quoi. »
-« Moi non plus. C’est sincèrement le plus beau moment de ma courte existence »
-« Je t’aime Anthony », m’a-t-il avoué en déposant un tendre baiser sur mes lèvres »

Soudain, notre conversation fut interrompue par un bruit, un bruit qui ressemblait fortement au frottement d’une clé dans une serrure.
-« Je pensais que personne ne rentrait avant dix-huit heures Marco ! », lui dis-je nerveux, le cœur battant rapidement et les yeux complètement écarquillés.


-« M*rde !! Je crois que c’est mon père ! Va falloir que tu partes, regarde-moi l’état de ce lit ! », disait-il d’un air très affligé et inquiet.
-« Non, ne t’inquiète pas. C’est exactement ce que j’allais faire de toute façon. »
-« Désolé de te faire ça mais il ne faut pas que les autres sachent. »
-« Je comprends, ne t’en fais pas. Et je partage tout à fait ton opinion. »

Ainsi, je me suis hâté et nous nous sommes rapidement dit au revoir. Il a déposé ses douces lèvres sur les miennes et je suis parti devant lui. En me dirigeant vers la porte de sortie, j’ai croisé son père. Un homme de taille moyenne, d’une peau plutôt bronzée. Son visage était rond, un peu joufflu. Ce dernier était marqué de belles rides qui témoignaient d’une longue vie. Son crâne était composé de cheveux gris, quelque peu gras à première vue, qui le recouvraient partiellement. Comme il était de taille moyenne, c’était un homme assez trapu mais d’une carrure tout de même impressionnante. Je l’ai regardé un instant et j’ai pu remarquer ce regard à faire peur plus d’un. Il s’avérait être sérieux et donnait cette impression d’être strict, ne tolérant aucun écart, aucune négligence. Je l’ai croisé et je me suis présenté très rapidement et engagé une petite conversation afin de donner du temps à Marco de ranger sa chambre. Après deux, trois minutes, je pris le chemin vers le bercail. En passant la porte de ma chambre, je me suis jeté sur mon lit, la tête encore dans les étoiles. Je fermai les yeux et toutes les images filaient dans ma tête. En songeant, je me comportais tel un qui désire regarder à nouveau son dessin-animé préféré : j’appuyais sur le bouton replay en quelque sorte. En pensant à Marco rapprochant son visage du mien, j’en avais encore le cœur qui battait à des milliers de kilomètres à l’heure. L’euphorie avait pris mon corps, mon âme, mon cœur, mon esprit en otage. Ma seule envie était de crier sur tous les toits à quel point j’étais heureux et ô combien j’aimais Marco de tout mon cœur.
Je voulais hurler à tous et à toutes que je n’aimais que lui et ce, pour toujours. En effet, c’était la première fois que je vivais une expérience homosexuelle et jamais une personne ne m’avait fait ressentir de telles sensations au plus profond de mon être. Tout cela était amplifié par le fait que j’avais enfin réussi à vivre mon rêve. Chaque jour et ce depuis un an j’ai rêvé, fantasmé sur ce charmant garçon et jamais je n’ai cessé d’espérer. La satisfaction était à son sommet.
D’emblée, je repris mes esprits et ce fût un sentiment d’inquiétude, de panique qui prit possession de moi. Au milieu de tant d’ivresse, j’oubliai un détail capital : comment allais-je l’annoncer à mes parents ? À mes amis ? À mon entourage, tout simplement ? Je sais que mes parents me soutiendraient si je devais le leur annoncer mais que diraient les autres membres de la famille ? En sachant qu’ils prônent des valeurs conservatrices, je ne risquais pas de faire long feu. Je m’inquiétais pour moi mais je ne pouvais cesser de me faire du mauvais sang pour Marco. Comment réagirait sa famille aussi ? Il n’est pas mieux placé que moi, lui qui vient de l’Est mais de tradition musulmane.
À cet instant précis, je succombais à cette douleur, le ventre qui se noue. J’imaginai tous les scénarios possibles et imaginables et la crampe se faisait de plus en plus forte. Quelques minutes après, je me calmai et préférai à des choses plus agréables, la sublime après-midi que j’avais passée notamment. Ce soir-là, j’avais la tête dans les étoiles, je ne faisais attention à rien de ce que me disaient mes parents. J’avais ces scintillements dans les yeux qui ne trompent aucune mère ou aucun père. Chacun ma demanda si j’étais amoureux. Je feins de ne pas avoir compris où ils voulaient en venir. Cette nuit-là, je n’ai pas réussi à dormir. Vous savez, j’ai déjà pleuré jusqu’à en avoir sommeil mais cette fois-ci, j’étais comblé de bonheur au point d’être victime d’insomnie…

Le lendemain, c’était vendredi.
Dans mon lit, je percevais les premiers rayons de soleil. Ceux-ci transperçaient mes rideaux d’un noir transparent et venaient s’échouer sur ma peau. Les yeux fermés, j’étais transporté par la mélodie des oiseaux qui chantent, la mélodie qui sonnait le glas d’une nuit d’insomnie. Je me suis préparé et j’ai filé à l’école. Sur le chemin du lycée, je ne me rendais pas compte que tout était différent. Lorsqu’on est amoureux, tout devient plus éclatant. Le gazon est d’un vert plus étincelant, le bleu du ciel est encore plus bleu, la couleur des roses devient plus vive encore. C’était une belle journée ensoleillée.
En posant les pieds sur la cours, j’aperçus Marco, discutant avec ses amis. Il me vit et les quitta pour venir me saluer :
-« Comment ça va mon cœur ? », me demanda-t-il tout en chuchotant pour que personne ne puisse entendre.
-« Pardon ?! Comment m’as-tu appelé ?», lui demandais-je, d’un air surpris.
-« Oui, tu as bien entendu. », m’affirmait-il avec un sourire en coin.
-« Tu sais que t’es mignon, toi ! Mais ça va merci, et toi ?
J’espère que tu t’en es sorti avec ton père, hier. Il n’a rien remarqué ? », lui ai-je demandé plutôt inquiet.
-« Écoute, il eut une réaction un peu étranger mais bien plus de peur que de mal, je crois.
Je ne pense pas qu’il ait pu saisir quoi que ce soit.
Anthony, il faut que ça reste entre nous. Personne ne doit savoir cela ! », rétorquait-il assez paniqué.
-« Non, je comprends. Je ne veux pas que cela se sache. Je ne suis pas encore prêt. Et puis, comme on dit : pour vivre heureux, vivons cachés ! », lui disais-je.
Notre conversation fut rompue par le bruit assourdissant de la sonnerie. Il était l’heure de nous quitter et d’aller en cours. Pendant l’heure de cours, le temps s’était décidé à décélérer. Les secondes paraissaient des minutes, des minutes des heures et l’heure de cours, une éternité. Je n’écoutais plus le professeur, je dessinais des formes ayant des similarités avec des cœurs.
Mon voisin de classe devait souvent me faire redescendre sur terre. Il parait que l’enseignant me regardait d’un air vexé. Je m’en foutais un peu, enfaite. Mon seul désir était celui de rejoindre Marco à la pause, m’isoler avec lui et l’embrasser fougueusement, sans plus jamais m’arrêter. Malheureusement pour moi, nous ne pouvions libérer nos émotions devant les autres. Du coup, j’ai dû passer ma pause avec mes amis. Le temps d’un instant, ma bande est passée devant la sienne et nos regards amoureux se sont croisés et se sont accrochés l’un à l’autre. Nous nous regardions avec ce petit sourire lubrique en coin. Nos yeux pétillaient et nous nous sommes fixés si longtemps que je n’ai pas vraiment fait attention aux autres. Je l’apprendrai à mes dépens bien plus tard…

Quelques minutes après, je recevai un message. C’était Marco qui me demandait si je voulais bien sécher cette heure de cours afin de nous consacrer un peu de temps. Lorsque la sonnerie retentit, je feignis d’aller aux toilettes et je me suis enfermé dans une des cabines. Une fois que tous les élèves étaient rentrés dans les classes, j’entendis la porte des toilettes s’ouvrir :
-« Anthony ? Tu es là », chuchotait-il.
-« Je suis ici ! », lui répondis-je en ouvrant la porte de la cabine afin qu’il m’y rejoigne.

À ce moment-là, nous nous sommes embrassés fougueusement comme des amants qui n’avaient plus fait l’amour depuis longtemps. Il posait ses mains autour de mes hanches tandis que je tenais son doux visage entre mes mains. Il commença à caresser mes fesses puis les prendre férocement entre ses puissantes mains. Ensuite, il opérait de la même façon mais cette fois-ci en glissant ces dernières à l’intérieur de mon pantalon. Ceci avait pour conséquences d’accen mon excitation et ma respiration se faisait de plus en plus forte. Je l’embrassais de plus en plus passionnément. Mon cœur battait à des milliers de kilomètres heures. Pendant que l’on s’échangeait nos baisers, je descendis une main que je posai un moment sur son torse. Je sentais son cœur battre aussi fort que le mien. Puis, ma main reprit son périple et descendit jusqu’à son boxer. J’introduis ma main à l’intérieur et je senti ce morceau de chair déjà bien en forme. Je le caressai tout doucement et là j’entendis déjà ses tout premiers gémissements. Finalement, je lui ôtai son pantalon et me mis à genoux. Je pris le temps de lécher son beau membre de haut en bas avant de disparaitre entièrement dans la bouche. J’entrepris une fellation de plusieurs minutes et ses geignements se faisaient de plus en plus forts. Il me prévint qu’il allait jouir si je continuai cette petite gâterie que je lui offrais de bon cœur. Je me suis relevé et nous nous embrassions à nouveau avec autant de passion que quelques minutes auparavant. Entre temps il décida de dégrafer les boutons de mon jeans dans le but de titiller ma petite rosette déjà bien mouillée par tant d’excitation. Après l’avoir doigtée pendant quelques secondes, il m’a soulevé et j’enroulais mes jambes autour de ses hanches. Debout, nous pratiquions la position du nageur (mais il n’y avait pas d’eau, ment). Pendant qu’il me donnait des coups de reins, je pouvais le regarder, le poser quelques baisers sur les lèvres. Au milieu de cette frénésie, il en profita pour me dire qu’il m’aimait, ce qui avait le don de me faire fondre complètement. Après 10 minutes, je décidai de changer de position. Je me suis appuyé contre le mur de la cabine et lui offris ma belle paire de fesses. Je ne me fis pas désirer bien longtemps puisqu’il reprit aussitôt son assaut en moi. Il me lima brutalement dix minutes durant jusqu’à ce que nous jouissions ensemble, en même temps. Il lâcha sa semence à l’intérieur de moi alors que de puissants jets, venant de moi, se sont échoués sur le mur. Cette aventure dans les toilettes du lycée mélangée à la peur de se faire attr par quelqu’un rendait l’expérience encore plus excitante. Nous nous sommes rendu compte de la situation et nous avons éclaté de rire.

-« Je t’aime Anthony », me dit-il en plongeant éperdument son regard dans le mien.
-« Je t’aime aussi Marco et je n’ai jamais aimé une autre personne de la sorte », répondis-je avec ses milliers de petits papillons dans le ventre.
-« Je n’ai jamais ressenti une telle chose, non plus. Je me sens vraiment vivant grâce à toi. Je ne veux plus jamais te quitter… »
-« Ne dis plus rien, s’il te plait. Je ne saurai tomber encore plus raide dingue de toi, de toute façon. »
-« Mais… »
-« Tais-toi et embrasse-moi, idiot ! »
Suite à nos ébats amoureux dans les toilettes, nous avons décidé de quitter les lieux et passer la journée en amoureux. Nous avons trouvé un parc ainsi qu’un endroit où nous étions sûrs de n’être vus par quiconque et nous y sommes restés. Nous y avons joué, nous nous sommes roulés dans l’herbe, je le taquinais, il m’embrassait, il me prenait dans ses bras, je lui faisais des bisous dans le cou. Il prononçait ses mots doux que je buvais sans rechigner ensuite nous nous sommes chamaillées mais on s’est vite pardonné. Brièvement, cette suave journée s’est déroulée sous le signe de l’amour et la mélodie de nos roucoulements s’est parfaitement adaptée à ce jour écrasé par ces flamboyants rayons de soleil…

Le soir du même jour, j’espérais un petit message de sa part mais il n’en fut rien. Les heures filaient et défilaient et il n’en était toujours rien. Je restais perplexe face à la situation. Je décidai de lui envoyer un petit texto contenant quelques paroles apaisantes dans l’espoir qu’il daigne me répondre. Il était une heure du matin et je n’avais toujours pas de réponse. Je me suis fait une raison et me suis dit qu’il était surement occupé ou bien qu’il s’est sans doute passé quelque chose. Fiévreux et l’estomac noué, j’ai essayé de fermer les yeux. Probablement que le lendemain, j’obtiendrai un signe de vie.
Le lendemain, j’étais resté toute la journée à la maison afin de finaliser certains rapports que je devais rendre dans les semaines qui allaient suivre. De plus, l’envie de mettre un pied dehors n’était pas à son comble. Le ciel était grisonnant et rendait la ville bien plus triste. Le vent soufflait et quelques gouttes d’eau sont tombées. Celles-ci sont venues rafraichir les fleurs de la ville, déshydratées par les canicules des ardentes journées qui s’étaient écoulées. Comme si cette maussade matinée ne suffisait pas, je n’avais toujours pas intercepté la moindre réponse de mon cher amant. L’après-midi fut tout aussi plate et sans rebondissements que ma morose matinée. Toujours sans la moindre nouvelle, j’ai agi en conséquence et j’ai envoyé un petit texto lui proposant de se voir ce soir et de passer la soirée en amoureux. Soudainement, je reçus une réponse de sa part. Celle-ci prenait un faux semblant d’excuses. En effet, il me demandait pardon de ne pas avoir répondu et que cela n’était pas possible pour lui ce soir-là. Il était cloué au lit et ne pouvais donc pas sortir. Bien entendu, je ne crus pas un seul traître mot des niaiseries qu’il me racontait. Blessé, je ne pris même pas la peine de répondre. Pour me soigner de cette douce mélancolie qui me gagnait, je suis tout de même sorti avec quelques amis. Nous sommes partis vers le centre-ville dans un bar plutôt branché où beaucoup de monde se rendait. Il était 23h et je m’étais déjà enfilé quelques verres dans le nez. Les effets secondaires de l’absinthe ne se firent pas prier. En me levant de ma chaise, ma tête devint lourde d’un moment à l’autre. Le monde virevoltait autour de moi alors je ne bougeais même pas. Je marchais doucement vers la sortie avec mon groupe d’amis. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’aperçus Marco avec quelques amis et amies, et, qui dansait érotiquement avec une jolie jeune demoiselle. C’est ainsi que je fus horrifié lorsque je les vis s’échanger un baiser. Tout d’un coup, les effets de l’alcool ont immédiatement disparu et la colère reprit le dessus. Je sentais une chaleur intense envahir mon corps ainsi que mon ventre se nouer. J’avais cette impression que mes intestins se tortillaient dans tous les sens tellement la douleur était herculéenne. Quelques secondes se sont écoulées avant que son regard ne croise le mien. Je le voyais, il s’était arrêté de danser brusquement et me regardait d’un air pétrifié comme si j’avais découvert le coupable de la scène de crime. Son regard médusé et colérique, simultanément, me fit monter les larmes aux yeux. Je pouvais sentir mes pupilles s’humidifier mais, trop fier comme je suis, je me suis retenu de libérer la moindre larme. Je suis parti en courant. Au loin, j’entendais que quelqu’un prononçait, hurlait mon prénom :

-« Anthony !! Attends, s’il te plait… », me demanda-t-il désespérément.
-« Dégage, Marco !! Je te croyais différent mais au final, tu es le pire des enfoirés !! », rétorquais-je, complètement exaspéré. Dépassé par les évènements, je ne pus m’empêcher de pleurer.
-« S’il te plait, laisse-moi t’expliquer… »
-« NON !!! Ferme-la ! Tu n’es qu’un pauvre con. Tu saisis, ça ??!! Je ne veux plus jamais te revoir ni même t’adresser la parole. Adieu Marco !».
Dans un excès de colère et rongé par la rancœur, je lui ai envoyé un pain en pleine poire. Je me suis enfuis, les yeux encore larmoyant et je me suis hâté le plus rapidement possible pour rentrer chez moi. Une fois rentré chez moi, je balançais violemment mon portable au sol, je donnai des coups de pieds sur ma chaise, sur les pieds de mon bureau, sur mon lit. D’une seule traite, j’ai balayé toutes les affaires qui décoraient mon bureau. Des dizaines se sont envolées partout dans ma chambre. Je hurlais, je criais ma souffrance comme si quelqu’un m’avait poignardé âprement le dos. J’aurais hurlé à m’en briser les cordes vocales et j’aurais pleuré jusqu’à la dernière goutte. Le temps d’une soirée, je me suis senti trahi, souillé, violé. Je me suis également senti utilisé. C’était comme si Marco m’arrachait le cœur, le jetait à terre et le piétinait jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. J’étais complètement détruit. Sur le moment même, on aurait pu me déclarer KO par forfait. Je ne voulais plus me relever de cette épreuve. Pour finir, je me suis endormi, encore habillé, assommé par mon chagrin. Le lendemain, ma tête vacillait encore de l’alcool que j’avais ingurgité et pesait à cause des maux de tête dont j’avais été victime et d’avoir sangloté. Je restais assis pendant plusieurs minutes sur le rebord de mon lit. Je fixais l’armoire en face de moi, vide de toute émotion, identiquement aux personnes en camisole blanche installées sur leur chaise roulante. Mon crâne bourdonnait et toutes les questions que je me posais résonnaient dans mon esprit : pourquoi m’a-t-il fait une chose pareille ? Qu’avais-je bien pu lui faire ? Pourquoi m’avoir menti ? J’explorais toutes les pistes mais ces dernières ne faisaient qu’amplifier le mal être dans lequel je me suis écroulé. De temps à autre, mes parents s’approchaient de moi irrémédiablement afin de connaître les faits. Tel un mécanisme d’autodéfense, je ne pouvais m’abstenir de les rejeter ou bien de répliquer agressivement. C’est ainsi que j’ai passé ce dimanche renfrogné : couché sur mon lit enroulé dans un édredon bien chaud tout en écoutant quelques mornes litanies dans lesquelles je me perdais complètement.
C’était lundi matin et je ne m’étais toujours pas mû de mon lit depuis la veille. Je m’habillais calmement pour aller en cours mais sans aucune envie. Il était 09h du matin, les oiseaux gazouillaient mais leur harmonieuse mélodie me semblait tellement fade. Mon humeur était comparable à une fleur fanée, complètement desséchée. Je quittais l’appartement et descendais les escaliers et j’étais inondé d’interrogations. Je me demandais comment j’allais gérer et surmonter cette journée tout en sachant pertinemment que je croiserai à un moment ou à un autre Marco au lycée. En ouvrant le porte donnant sur la rue, je fus pétrifié de voir Marco. Il se tenait debout devant moi, fermement, et tenait une petite rose d’un rouge tellement éclatant qu’elle en était sublime.
-« Bordel, mais qu’est-ce que tu fous là ?! Je croyais avoir été assez clair en ce qui te concernait. », lui ai-je balancé en pleine figure sèchement.
-« S’il te plait, j’ai vraiment besoin de te parler. Je suis ici depuis 7h du matin, ne me dis pas que j’ai attendu pour rien. », me suppliait-il.
En dépit d’avoir été blessé, j’ai décidé de le faire rentrer afin qu’il puisse répondre à toutes les questions qui me rongeaient le cerveau.
-« D’accord. Mais tu as intérêt à faire très vite, je dois aller en cours »
-« Promis ! Après cela, tu auras le droit d’agir comme il te plaira vis-à-vis de moi. »
Nous sommes montés jusqu’à mon appartement et nous avons pris place sur le canapé de mon salon.
-« Alors ? Puis-je savoir pour quelle raison tu t’es donné pour me briser le cœur délibérément ? », lui ai-je demandé d’un air complètement cynique.
-« Laisse-moi t’expliquer. J’ai pris peur car on a fortement douté de moi… », confessait-il sur ton vraiment désolé.
-« Comment ça ? », lui demandais-je plutôt déconcerté.
-« Eh bien, vendredi soir, après être arrivé à la maison, quelques mecs avec qui je traîne au bahut m’ont demandé où est-ce que j’avais disparu. D’autant plus que quelqu’un leur a balancé que j’avais disparu pendant la sonnerie aux toilettes, environ 5 minutes après que tu t’y sois enfermé. Je ne sais pas comment cela s’est su mais j’ai pris vraiment peur. Tu sais très bien que cela ne peut pas se savoir, du moins, pas tout de suite. Du coup, j’ai préféré couper contact. C’est vraiment salaud de ma part mais je ne savais plus où donner de la tête face à leurs agressions verbales envers moi. Samedi soir, on m’a invité à sortir et je me suis dit que c’était la bonne occasion de draguer une fille afin de leur prouver que je n’entretenais aucune relation avec un homme. J’ai vraiment eu peur que ça se sache. Si cela devait arriver aux oreilles de mes parents, je me serais jeté en dehors de la maison et on n’aurait plus jamais eu envie de me revoir… », me disait-il, les yeux qui brillaient.
-« Mais… »
-« Anthony… Je te promets, du plus profond de mon être, que je n’ai jamais voulu te blesser. Cette nuit-là, j’ai effectivement essayé de t’oublier. J’étais sûr qu’en embrassant cette fille, j’allais enfin pouvoir passer à autre chose. Mais au moment où je t’ai aperçu, j’ai finalement compris que non. Suite à notre dispute, j’ai fait semblant d’être malade et que je voulais rentrer. T’avoir vu les larmes aux yeux et complètement désemparé fut l’une des épreuves les plus difficiles pour moi. Je n’en ai pas dormi de tout le week-end. Je me suis rendu compte que je t’aimais et que je t’aime encore plus fort désormais. Je ne veux pas te faire de mal et je désire tellement passer mes journées collé à toi, sans plus jamais te quitter… », me dit-il.
En prononçant son discours quelque peu émouvant, il finit par s’écrouler en larmes et moi je l’ai suivi. Je l’ai pris fermement dans mes bras. Je pouvais sentir son cœur sauter à gauche et à droite à une allure phénoménale. Il me tenait fort également, si fort que j’étais presque asphyxié par une telle véhémence. Je maintenais son visage entre la paume de mes mains et j’ai essuyé ces petites gouttelettes qui ruisselaient le long de son visage. Je l’ai embrassé délicatement et par la suite, nos langues se sont mélangées et ce, pendant plusieurs minutes. Je l’ai couché tout doucement et je me suis positionné au-dessus de lui. Je lui embrassais les joues, puis le cou et, je remontais jusqu’aux oreilles que je prenais un malin plaisir à mordiller. Je lui ai enlevé son t-shirt et ma bouche débutait son petit voyage. Je déposais des baisers sur ces pectoraux parfaitement dessinés puis sur ses abdominaux dont on percevait bien les reliefs. Je dégrafais son pantalon et j’entamais une fellation pendant que lui me caressait subtilement les cheveux. Je le léchais et je le suçotais avec toute la délicatesse du monde. Cela a duré plusieurs minutes jusqu’à ce que je me déshabille et inversions les rôles. Ce fut son tour de me rendre la pareille. Après quelques instants, je poussais déjà quelques petites gémissements tellement il s’exécutait à la perfection. Suite à cela, il plaça mes jambes sur ses épaules et me pénétra instantanément. Pendant qu’il entamait ses va-et-vient, je sentais son torse frotter contre le mien pendant que nous nous embrassions à un rythme sulfureux. L’excitation fut telle qu’au bout de dix minutes, nous jouissions en même temps tout en laissant s’échapper de puissants cris d’orgasme. Fatigué par l’effort, il se coucha sur moi, entièrement repu. Il m’a regardé, les yeux humides, et m’a demandé pardon pour ce qu’il m’avait infligé et qu’il m’aimait. J’ai répliqué en lui confessant que je l’aimais plus que tout au monde. De ce fait, nous sommes restés toute la sainte journée chez moi et nous avons fait plusieurs fois l’amour en guise de réconciliation.

Les semaines se sont écoulées et nous avons passé de paisibles journées ensemble. Nous avons réussi tous les deux nos examens et en compensation, nous avons pris une semaine rien que pour nous afin de nous éloigner de tous ces gens, de la pollution pour trouver le calme et s’aimer tranquillement. Nous faisons l’amour plusieurs fois par jour, nous nous sommes possédés et dépossédés l’un l’autre tandis que nos sentiments s’accentuaient de plus en plus. Je savais qu’autant de bonheur ne pouvait être possible. Mon rêve a pris fin et s’est brisé aussi vite qu’il a débuté. En septembre, chacun est rentré dans une université différente. À partir de ce moment-là, Marco ne m’a plus jamais donné de nouvelles. Encore aujourd’hui, j’aurais aimé connaître la vérité et pourquoi il ne m’a plus jamais adressé un seul mot, ni même un message.
Depuis ce jour-là, je fus brisé une deuxième et je m’en suis plus jamais remis d’un tel choc. J’ai complètement perdu goût à la vie, l’herbe n’était plus aussi verte, le ciel ne fut plus jamais aussi bleu, les pommes n’étaient plus croquantes et le chocolat noir était dénudé d’amertume. Chaque jour, je m’enfermais dans ma chambre et m’isolais du monde entier en voulant succomber à mon propre chagrin. J’ai pleuré à m’en dessécher complètement et je vociférais son prénom sans raison apparente en espérant encore son retour. Son visage ne voulait pas s’effacer de ma mémoire et chaque pensée infligeait une douleur incommensurable à mon pauvre cœur meurtri, délaissé. Si je me sentais lésé, ce n’était pas parce qu’il m’avait quitté, c’était surtout parce qu’il me fit une promesse alors qu’il savait que jamais il ne pourrait la tenir : celle de ne plus jamais me blesser.
Une chose est certaine, c’est que je n’ai plus jamais ressenti des sentiments semblables pour quelconque personne pour la simple et bonne raison que c’était la première personne à qui je me suis donné intégralement. De plus, le fait que cette histoire d’amour fut totalement inespérée et considérée comme impossible à la base, a rendu mon vécu avec Marco encore plus unique et fantastique. En vérité, ni le mot fantastique, ni magique, ni fabuleux ni aucun autre équivalent ne pourra décrire les effets que cette histoire a engendrée sur ma personne. Qu’on veuille le croire ou non, j’étais et je reste persuadé que c’était lui le seul et unique homme de ma vie. Avec le temps, je ne suis pas toujours soigné de ce traumatisme sentimental. Cependant, aucun de mes amis ne fut au courant de ce que j’ai vécu avec Marco ni de la tragique façon dont cela s’est terminé. J’ai dû apprendre à mes dépens à me créer une carapace que personne ne pourrait percer. Chaque jour, j’étais considéré comme la personne la plus joyeuse, la plus souriante de ce monde. La bonne humeur réincarnée en quelque sorte. Rire au quotidien fut le seul remède pour évacuer la colère qui s’est accaparée de moi car c’était la seule action qui me purifiait quotidiennement et me faisait tenir debout. Je ne suis pas du genre à me lamenter auprès des autres, ni même auprès de mes amis. C’est pour cette raison que je ne leur ai jamais raconté. Si je confessais mes blessures, on ne m’aurait plus jamais vu de la même façon. On m’aurait vu comme un déchu et mon entourage aurait agi par peine à mon encontre. En fait, si jamais j’avais avoué mes meurtrissures, j’aurais, comme un diamant mal soigné, perdu mon éclat à tout jamais…

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