Dizygotes Jusqu'au Bout_2

Les deux heures trente du trajet en voiture passèrent assez vite pour tous les deux. Solène parla de sa jeunesse, de ses parents, avocats tous les deux, qui l’avaient élevée dans le respect de la religion et des valeurs chrétiennes. Des différentes écoles qu’elle avait fréquentées et de l’université parisienne où elle avait suivi un cursus de langues et fait la connaissance d’Axelina lors d’un tournage, à l’intérieur de l’amphithéâtre où elle avait été choisie comme figurante pour deux-trois scènes sans le moindre dialogue. L’actrice l’avait prise sous son aile, voyant l’intérêt et l’attirance qu’elle montrait pour le métier de comédienne d’une part, mais aussi, d’autre part, découvrant l’extrême naïveté de cette oie blanche. Elles étaient restées en contact et c’est presque sans surprise qu’un beau matin elle avait reçu un appel d’Axelina lui proposant de venir sur le tournage de son dernier film et découvrir la vie d’artiste de l’intérieur. Le metteur en scène recherchait une jeunette de vingt ans pour remplacer le second rôle féminin qui s’était tordue la cheville lors d’une scène en extérieur. Solène avait tenté sa chance et avait été retenue.
Elle en était à lui poser les premières questions sur sa jeunesse qu’ils étaient déjà arrivés. Elle avait réservé une table chez Alice et ses merveilles, sans doute le restaurant le plus célèbre d’Avignon, et tenu par une amie de ses parents. Le déjeuner fut joyeux et ensoleillé. Ils prirent ensuite le temps de visiter l’église Saint Didier du quatorzième siècle et de style gothique, puis le musée Angladon, hôtel particulier du dix-huitième siècle qui exposait une artiste locale célèbre et, de nouveau, amie de la famille.
Ils passèrent un tendre moment au théâtre de l’Étincelle où une troupe jouait une pièce irrésistible de Feydeau, l’hôtel du Libre Échange.
Le temps passant, Solène annonça à Julien qu’il était l’heure de se rendre chez ses parents.
Julien découvrit une superbe bastide du dix-huitième siècle, dans un petit écrin d’un hectare de verdure.

L’édifice en pierres de taille était vraiment imposant et proposait un charme bourgeois et discret. La façade, couverte de lierre était exposée en pleine lumière. Un maître d’hôtel cinquantenaire les accueillit et s’occupa des maigres bagages.
« Bonjour mademoiselle Solène, j’espère que vous avez fait bon voyage. »
« Excellent Hector. Voici mon ami Julien ? C’est un très bon conducteur et je n’ai pas vu le temps passer. »
« Vos parents lui ont réservé la chambre bleue. »
« Très bien. Montez-lui ses bagages voulez-vous ? »
Il suivit la jeune fille qui le fit entrer dans un vaste hall d’où ils entrèrent dans un immense salon avec une énorme cheminée et un canapé en « U » faisant bien une dizaine de mètres de longueur totale. Les parents de Solène se levèrent et vinrent à leur rencontre. La maman pris sa fille dans ses bras.
« Bonjour ma chérie, qu’elle heureuse surprise tu nous as fait en venant pour le week-end. Cela fait si longtemps que nous n’avons pas passé du temps avec toi. »
Son père fit de même.
« Quel bonheur de te voir ma chérie. »
« Papa, maman, je suis heureuse de vous présenter mon ami Julien dont je vous ai parlé au téléphone. Il vient de la Champagne où il aide ses parents à la gestion du domaine viticole familiale. Axelina que vous connaissez très bien, est sa belle-sœur. »
La maman lui tendit la main en le saluant.
« Bonjour Julien, soyez le bienvenu en Avignon.
« Bonjour madame, je suis ravi de faire votre connaissance. »
« Je vous en prie, appelez-moi Bernadette. »
« Ravi de vous connaître jeune homme, moi ce sera Raphaël. Installez-vous, nous allions prendre l’apéritif. »
Comme par enchantement, une femme d’une cinquantaine d’année apparut avec un plateau et quelques verres ;
« Laissez Rose, je m’en charge. »
Hector fit sa réapparition.
« Monsieur il y a un colis requérant votre signature. »
« Je viens. »
Le père de Solène quitta la pièce et revint le temps que tout le monde s’installe confortablement dans le canapé.

« Et bien Raf, de quoi s’agit-il ? »
« Figure-toi que Julien nous a fait livrer une caisse de champagne. »
« Il s’agit du champagne de notre famille. J’espère que vous l’apprécierez. »
« Vous êtes un parfait gentleman, nous sommes vraiment touchés, mais vous n’auriez pas dû. »
« Je vous en prie, vous me faites l’honneur de me recevoir chez-vous, c’était la moindre des choses ».
Rose interrompit la conversation.
« Si ces messieurs-dames veulent bien passer à table. »
Le repas fut des plus animés. Les parents de Solène questionnant Julien pour découvrir ce jeune homme si charmant et si prévenant et Julien questionnant les parents pour en savoir plus sur la personnalité de la jeune fille.
Bernadette posa sa main sur le dos de celle du jeune homme.
« Vous découvrirez assez tôt que notre fille a hérité d’un savant mélange, et des qualités et des défauts de ses parents. Au rayon des qualités, je pense qu’elle a une soif d’apprendre et n’est jamais lassée de découvrir de nouveaux univers. Par contre cela a un travers, c’est qu’elle peut être changeante. Voyez-vous, elle a suivi un cursus de droit pour prendre notre succession au cabinet. Mais, en cours de route, elle a découvert l’univers du cinéma et est prête à abandonner ses études pour entamer une carrière devant les caméras. Pensez-vous que cela soit un signe de maturité Julien ? »
« Mais maman, ce ne sont pas des questions à poser sur sa fille ! »
« Il n’y a aucune malice ma chérie, je voudrais juste connaître l’avis de Julien. »
« Je vous avouerai que je connais encore assez peu votre fille pour avoir un avis tranché sur la question. En revanche, je pense qu’à son âge, il est tout à fait naturel de se chercher encore. »
« Je comprends votre réponse tout en délicatesse, mais, si je vous compare l’un l’autre sur le sujet, vous, vous vous dirigez tout droit vers la reprise de l’entreprise familiale et vous y tenez. »
« Vous avez probablement raison, mais j’ai huit ans de plus que Solène, et le temps de me chercher est passé.
J’ai pris mon temps et, aujourd’hui, je sais ce que je souhaite, dans ce domaine tout du moins. Mais, voyez-vous, il existe encore de très nombreux sujets pour lesquels je ne suis pas certain de savoir ce que je veux. »
Raphaël, jusque-là silencieux, mais attentif aux échanges, entra dans la conversation.
« Avez-vous un sujet particulier en tête ? »
« Eh bien, en premier lieu, je dirais en amour. »
« Vous ne savez pas ce que vous voulez en amour ? »
« Je ne suis pas certain de savoir en effet ce que je veux. Par contre, je sais parfaitement ce que je ne veux pas. »
« Mais dites, ce doit être intéressant à entendre. »
« Je ne veux rien de précipité. Pour imager cela je dirais que je ne me fie pas à l’enveloppe, mais à son contenu. Les relations passionnelles, ou celles qui démarrent au quart de tour, ne me semble pas faites pour durer. Quand la passion s’éteint, il est rare, à mon avis, qu’elle revienne. Je préfère me fier au savoir plutôt qu’à l’instinct. Je ne suis pas un impulsif ; cela peut paraître parfois un manque de courage ou d’engagement, et je peux le comprendre. Mais je ne m’engage jamais à la légère car ce que je déteste plus que tout, c’est de m’être trompé. »
Raphaël suivait les propos de Julien avec l’air de quelqu’un qui a une idée derrière la tête.
« Pensez-vous que les contraires peuvent s’attirer et se compléter ? »
« En amour voulez-vous dire ? »
« Oui, en amour. Voyez-vous, si Solène a hérité de nombreuses qualités de sa mère, elle a reçu l’un de mes pires défauts, celui de vouloir tout et rapidement. »
Prenant l’air un rien malicieux, Julien répondu du tac au tac.
« Je ne prends pas cela nécessairement comme un défaut. Cela peut parfaitement compléter mes trop longues hésitations. »
Tout le monde apprécia l’humour de la réponse et un grand éclat de rire résonna dans la salle à manger.
« Allons papa, maman, arrêter de harceler ce pauvre Julien. Et puis tout d’abord, je ne suis pas d’accord avec vous.
Je ne veux pas tout et tout de suite. Je ne veux que ce que j’aime et ce dont j’ai envie. »
Les rires repartir de plus belle. Bernadette repris son sérieux la première.
« J’aime et j’apprécie votre franchise et la maturité dont vous faites preuve mon cher Julien. Vous êtes l’ami dont je rêvais pour ma petite fille chérie. »
Le repas se poursuivi avec de plus légères conversations et la soirée s’avança doucement. Vint l’heure de se coucher. Bernadette pris le bras de julien et lui confia discrètement.
« Nous ne savons que peu de chose sur vos relations avec notre fille, aussi nous vous avons préparé une chambre d’ami. J’espère que cela vous conviendra.
« Mais c’est parfait, vous avez bien fait. Je vous souhaite une bonne nuit. »
Solène guida Julien jusqu’à sa chambre et s’arrêta devant la porte.
« La mienne est de l’autre côté du couloir, du même côté que la vôtre. J’ai passé une très bonne soirée. J’espère que mes parents ne vous ont pas froissé avec toutes ces questions. »
« Pas le moins du monde. Leur fille invite quelqu’un dans leur foyer, il est tout à fait normal qu’ils souhaitent savoir à qui ils ont affaire. D’ailleurs à ce sujet, Je vous propose de vous rende la pareille et de vous inviter le week-end prochain à Aÿ pour vous présenter mes parents et vous faire découvrir notre domaine. »
« Oh julien, vous ne pouviez pas me faire pus plaisir ; »
Elle s’approcha et lui fit un rapide baiser sur la bouche, puis se recula prestement avec l’air d’une petite fille prise en faute.
« Approchez. »
Il la prit dans ses bras et l’embrassa. Leurs bouches s’ouvrirent et leur langue se mirent à tournoyer rapidement pendant qu’ils savouraient ce premier doux baiser. Il la relâcha.
« Bonne nuit Solène. »
 
Après un petit déjeuner en tête à tête aux alentours de neuf heures, Solène sonna l’heure du départ.
Elle lui fit découvrir le fameux Pont d’Avignon, où, bien que charmé par la beauté architecturale de l’édifice et de ses alentours, il ne vit personne danser ! Ils visitèrent ensuite le Palais des Papes, forteresse gothique abritant de nos jours de nombreux spectacles folkloriques, puis pénétrèrent dans la Cathédrale Notre-Dame-Des-Doms dominant la vallée du Rhône. Ils finirent la matinée au marché de l’avenue Pierre de Coubertin, où elle lui offrit une jolie cravate et lui un magnifique stylo plume.
« Pour t’entrainer à tes futures séances d’autographes. »
Ils déjeunèrent au Kashmir Village où on les traita comme des personnalités royales, sans doute encore des proches des parents de Solène.
L’après-midi fut entièrement dédiée à la visite du centre-ville historique d’Avignon, ses vieilles pierres, ses dédales de rues piétonnes, ses places ombragées, l’opéra et la rue pavée des Teinturiers.
C’est éreintés mais heureux qu’ils s’en retournèrent chez les parents de Solène pour une dernière soirée.
Le repas fut moins inquisiteur que la veille et Bernadette et Raphaël rivalisèrent de prévenance envers leur invité, sans doute pour lui laisser une dernière bonne impression. Le lendemain, ils devaient partir de bonne heure tous deux car ils plaidaient au tribunal.
Julien remercia chaleureusement Solène pour ces deux merveilleux jours en l’embrassa tendrement comme la veille avant de se coucher le plus sagement du monde.
Le voyage du retour sur Lyon se fit quasiment sans échanges, chacun rêvassant sur les moments de complicité partagés pendant ce week-end romantique. Ils rejoignirent la caravane d’Axelina qui les attendait avec impatience.
« Alors les amoureux, ce petit séjour en Avignon ? »
Solène serra son amie dans ses bras.
« Julien a conquis mes parents et je pense qu’Avignon l’a conquis en retour. »
Axelina embrassa Julien et l’interrogeât du regard.
« Bernadette et Raphaël sont des gens absolument délicieux et très chaleureux. Je me suis senti comme un coq en pâte chez eux. J’ai passé deux jours absolument inoubliables. »
Il se tourna vers Solène.
« Je crois que tu as laissé ton gilet et ton stylo dans ma voiture. »
La jeune fille sortit les chercher.
Axelina en profita.
« Alors, séduit, conquis, amoureux ? »
« Écoute, tu me connais, c’est beaucoup trop tôt pour moi. Je l’ai invitée le week-end prochain à la maison. J’espère en apprendre un peu plus sur elle. J’ai besoin de temps, je suis comme ça. Je profite qu’elle soit sortie pour te demander le service de venir avec elle. Je préfère que tu la conduises, plutôt qu’elle fasse la route seule. »
« Merci, je vois que tu es content de m’inviter moi aussi ! Sans ce service, j’étais bonne pour passer le week-end à l’hôtel de la solitude. »
« Mais Cédric ne te rejoints pas sur Lyon ? »
« Non, il reste sur Paris et travaille sur un prochain scénario. »
« Alors, je t’invite avec le plus grand des plaisir chère belle-sœur. Nous passerons du temps tous les trois, tu m’aideras à briser la carapace de cette jeune fille mystérieuse. »
« Vu comme ça, j’en serai ravie. Si nous avons l’occasion, j’aimerais avoir un peu de temps pour te parler seul à seul. »
« Un problème ? »
« Écoute, c’est quelque chose dont je voudrais discuter avec toi, mais sans témoin. Rien de grave, rassure-toi. »
« Tu peux compter sur moi. »
Solène revint et le moment de se séparer arriva vite. Elle le raccompagna jusqu’à sa voiture en lui tenant la main.
« J’ai passé deux journées merveilleuses et, bien qu’encore sur mon petit nuage, je suis triste de te voir déjà me quitter. »
« J’ai proposé à Axelina de te conduire samedi. Comme ça, je sais que tu ne feras pas le voyage seule. Elle a accepté et je suis rassuré. La semaine va vite passer. Tu as tes tournages, et le soir nous nous appellerons. »
« Tu as raison, pars tranquille, je ne suis pas seule ici, Axelina est une vrai mère poule. »
Après un long baiser, il reprit la route pour s’en retourner en Champagne.
 
La semaine fila comme l’éclair, ponctuée d’appels téléphoniques du soir au cours desquels Solène évoquait le plaisir qu’elle prenait à s’investir dans son personnage. Julien, de son côté, peaufina une nouvelle organisation de l’entreprise familiale, pour soulager son père qui avait accepté le fait qu’il n’était plus en mesure d’assurer son activité. Paula et lui se mirent d’accord pour revoir l’organigramme de l’entreprise en profondeur. Il convainc sa mère de recruter un nouveau manager commercial dont le rôle serait d’aller chercher de nouveaux marchés. Ils échangèrent également, et bien malgré eux, sur la redistribution des parts d’Henri si celui-ci venait à abandonner définitivement la société. Julien rencontra le notaire de la famille qui lui fit part des prédispositions que ses parents avaient prises dès le début de la maladie d’Henri. Il rencontra également son banquier pour lui proposer son plan stratégique à long terme, et ressorti soulagé et rasséréné de ces deux entretiens.
Les deux jeunes femmes arrivèrent en milieu d’après-midi. Elles avaient fait une halte déjeuner aux alentours de Chaumont et pris le temps d’une promenade par la voie piétonne au premier étage du célèbre viaduc. Les deux dernières heures du trajet avaient été consacrées en l’écoute de toutes sortes de musiques, si bien qu’elles arrivèrent en chantonnant et le sourire aux lèvres.
Julien fut le premier à les accueillir, suivi de sa mère.
« Bonjour Solène, tu as l’air en pleine forme. »
« Bonjour Julien. Oui, le voyage a été très agréable, surtout grâce à la compagnie d’Axelina. »
« Je te présente ma mère. Maman, voici Solène. »
« Soyez la bienvenue Solène. »
« Je suis ravie de faire enfin votre connaissance madame. A entendre Julien me parler si souvent de vous, j’ai compris qu’il a beaucoup d’amour pour sa maman. »
« Entrez, je vous en prie. Bonjour Axelina, comment allez-vous ? »
« Je vais bien Paula, puisque je viens chez vous. Vous savez me faire me sentir chez moi ici, et j’avais hâte de vous revoir. »
« Tu es effectivement chez toi ici. Je te laisse poser tes bagages. Julien, veux-tu montrer sa chambre à Solène ? »
Il prit le bagage de la jeune femme et emprunta l’escalier central menant aux appartements. Au premier il fit une halte.
« Ici, c’est l‘étage de Cédric. Axelina y a ses habitudes. Nous, nous serons plus haut. »
Ils reprirent l’escalier et arrivèrent au second étage.
« Ici, c’est chez-moi. Je t’ai fait préparer la chambre la plus ensoleillée de l’étage. »
« Mais combien y a-t-il de chambres exactement ? »
« Je vais te faire visiter. Il y a quatre chambres par étage. En fait, ce sont des suites parentales, chacune disposant d’un dressing et d’une salle de bains. Voici la tienne, pose ta valise, je vais te faire voir les autres pièces. Ici c’est le salon, là, la salle à manger, voici la cuisine et enfin, mon bureau. »
« Mais c’est immense. Vous pouvez être totalement indépendants, ton frère et toi. »
« Oui, il nous est arrivé de passer des semaines entières sans nous voir une seule fois. »
« J’aurais peur de me sentir esseulée, toute seule dans ce grand appartement. »
« Tu sais, la solitude ne m’a jamais fait peur. J’adore la compagnie des gens que j’aime, mais je sais aussi apprécier mes moments d’isolement. »
« Vous devez avoir du monde pour entretenir cette demeure ? »
« Nous avons les épouses de trois salariés du chai et des vignes qui se relayent entre le ménage, l’intendance et la cuisine, sous le haut patronage de ma mère. Je dois dire que je n’ai toujours connu qu’elles. »
Ils redescendirent et trouvèrent Axelina et Paula au salon avec une tasse de thé.
« En voulez-vous Solène ? »
« Bien volontiers madame. »
« Paula, si vous le voulez bien. »
Les deux jeunes gens s’assirent et prirent chacun une tasse. Julien demanda.
« De quoi parliez-vous mesdames ? »
« Que ton père est à l’hôpital pour ses contrôles hebdomadaires. Il va nous rejoindre pour le déjeuner. Je l’ai eu au téléphone, ils vont lui changer son protocole, pour un plus intensif. »
La conversation se poursuivit autour de la maladie d’Henri qui, depuis quelques temps semblait se stabiliser. Julien se leva et tendit la main à Solène.
« Viens, je veux te montrer un endroit. »
Ils contournèrent la grande bâtisse et la jeune femme découvrit depuis la terrasse un grand parc en contrebas, jonché de fleurs et ceinturé par une haie de buis. Un véritable dédale constitué d’allées fractionnait l’ensemble en de multiples carrés verdoyants et irisés. La haie ayant une hauteur voisine de deux mètres, empêchait de voir au-delà du chemin que l’on empruntait. Au bout de chacun d’elle se trouvait une petite place fleurie, confluent de quatre chemins perpendiculaires deux à deux.
« C’est mon abri secret. »
« Mais c’est un vrai labyrinthe ».
« Prend ma main, je vais te montrer mon refuge. »
Elle se laissa guider, émerveillée par tant de beauté et de mystère mélangés. Ils arrivèrent au milieu du parc. Celui-ci débouchait sur une véritable clairière au centre de laquelle on avait érigé un kiosque en bois ; De forme hexagonale, il trônait en haut d’un escalier d’une huitaine de marches. Son toit de tuiles rouges et sa teinte couleur miel s’intégrait parfaitement dans ce paysage et lui donnait une dimension féérique, presque irréelle.
« Mais c’est merveilleux Julien, quel magnifique endroit. »
Une table ronde en pierre occupait, avec deux bancs en demi-cercles, le centre du kiosque dont le diamètre approchait les quinze mètres.
« C’est mon refuge. Je venais souvent y faire mes devoirs et y amenait mes meilleurs amis pour des parties de cartes ou des batailles de chevalerie quand j’étais petit. D’aussi loin que je me souvienne, j’y ai fêté tous mes anniversaires. Mes parents ont fait venir un orchestre de chambre pour mes dix-huit ans. »
« Tu as dû en amener des petites copines pour les faire succomber dans ce piège à fille ! »
« Détrompe-toi Solène, je n’ai jamais amené de filles ici avant toi. Tu es la première à qui je fais découvrir cet endroit. »
« Comment dois-je le prendre Julien ? »
Il la prit dans ses bras.
« Je sens qu’il se passe quelque chose entre nous, et c’est un peu ma façon de te le dire. Je ne suis pas coutumier des grandes déclarations, surtout en amour. C’est pourquoi, j’en appelle à ta patience. Laisse-moi le temps de faire grandir ce sentiment, je suis certain qu’il va s’affirmer et prendre toute sa place dans mon esprit. »
Il l’embrassa en la serrant fort contre lui.
Ils revinrent au logis où ils trouvèrent un Henri de retour de l’hôpital, pâle et affaibli, chaussé d’une casquette cachant sa tête, devenue glabre avec la chimiothérapie.
« Bonjour Papa, je te présente Solène, mon amie. »
« Bonjour mademoiselle, vous êtes charmante, telle que mon épouse vous a décrite. »
Paula donna le signal et tous se rendirent dans la salle à manger pour le déjeuner. La conversation fut animée et tourna autour des évolutions récentes de la société. Henri n’était plus en mesure de tenir le leadership, il déclara avoir longuement réfléchi à sa succession.
« C’est bien dommage que Cédric n’ait pu se joindre à nous, car j’aurais aimé qu’il me donne son avis. Axelina, puis-je vous demander de me rendre le service de lui faire un compte-rendu de ce que je viens de vous expliquer ? »
« Vous pouvez compter sur moi Henri, ce sera fait. »
L’après-midi fut consacré à la visite des vignes qui se fit par étapes ponctuées de déplacement en voiture, tellement les superficies étaient imposantes. Solène découvrit tour à tour, le Chardonnay, le Pinot noir, puis le Pinot Meunier. Au retour, elle découvrit le chai, la salle de cuvage et une petite partie des sept kilomètres de galeries abritant jalousement une vingtaine de millions de bouteilles. On lui présenta l’équipe d’œnologues constituée de six experts de réputation mondiale. Elle eut droit à une dégustation de quelques millésimes rares qu’elle apprécia particulièrement. Pour finir la journée, Julien lui présenta le bâtiment abritant les bureaux, avec les équipes, de la gestion administrative et financière, de l’élaboration, du marketing, de la commercialisation, de la communication, de l’approvisionnement, de la gestion du stock et, enfin, l’étage de la direction générale. Elle apprit que le conseil d’administration était composé d’Henri qui détenait cinquante pour cent des parts de la société, de Paula qui en détenait vingt-cinq et des deux frères qui en possédaient chacun douze virgule cinq. Sachant ce que représentait le chiffre d’affaires, elle comprit tout l’enjeu de la succession du PDG et de son pouvoir sur les décisions et sur l’avenir de cette firme familiale.
Le repas du soir fut plutôt calme, et l’on enseigna à Solène comment il était long et fastidieux de parvenir au bout des étapes de l’élaboration et de l’assemblage d’un brut premier.
Après un moment de méditation silencieuse autour d’une tisane digestive, tout le monde se dirigea vers les chambres.
Arrivé devant sa porte, Solène se retourna.
« Merci Julien, pour cette merveilleuse journée. J’aimerais qu’elle ne finisse jamais et demeurer sur ce petit nuage où je suis depuis quelques temps. »
Elle se colla contre lui.
« En fait et surtout depuis que je fréquente un garçon qui me plait à un point que je n’aurais imaginé. »
Elle noua ses mains derrière sa nuque.
« Un garçon avec un charme irrésistible, une famille adorable, une maison divine et une vie passionnante. »
Elle l’embrassa. Un court baiser.
« Un garçon qui m’a littéralement conquise et même envoutée. »
Elle l’embrassa de nouveau, mais plus profondément. Sa langue jouait avec la sienne. Elle chercha dans son dos la poignée de la porte, la trouva et l’ouvrit. Elle continua de l’embrasser tout en l’attirant à l’intérieur. Elle interrompit le baiser juste le temps de repérer la direction de sa chambre ; Arrivée là, elle le regarda dans les yeux et, retira, lentement, un à un ses vêtements.
« Regardez ce que vous faites de moi vilain garçon. Je ne suis plus maîtresse de moi-même, je ne commande plus mes gestes, plus mon désir. Vous m’avez ensorcelée vilain garçon, je ne peux plus vous résister. »
Une fois nue, elle s’allongeât sur le dos en l’attirant à elle.
« Aimez-moi beau sorcier, je suis à vous. Faites de moi la plus heureuse des femmes. Enflammez-moi, consumez-moi, aimez-moi. »
Il s’était dénudé lui aussi. Il embrassa son cou par petites touches, découvrant le goût et le soyeux de sa peau. Sa langue tournoya autour des aréoles de ses seins que ses mains empaumèrent. Ses doigts les pincèrent légèrement pendant que ses dents les mordillaient délicatement. Ses mains parcoururent ses flancs et vinrent prendre position sur ses fesses en les pressant. Elle l’encercla de nouveau de ses bras et gémit doucement. Sa main droite abandonna sa tendre croupe pour parcourir sa cuisse qui s’ouvrit pour lui faciliter le passage. Elle remonta et tournoya quelques instants autour de son sexe. Son index ouvrit ses lèvres intimes et trouva aussitôt son clitoris. Son pouce le rejoignit et il le titilla par petites pressions et torsions successives.
« Ah, oui. »
Sa bouche commença alors un lent parcours sinueux le long de son corps pour venir rejoindre ses doigts et prendre possession de son bouton secret. Sa langue l’effleura tout en tournant autour, puis, par petites touches, entama un ballet endiablé, agaçant l’appendice érigé. Il pénétra lentement son puits d’amour avec son majeur tout en suçant son bouton.
« Ah Julien, tu m’affoles, c’est trop bon ! »
Sa langue accéléra et son majeur se mit à aller et venir, lui procurant rapidement un premier orgasme qui la fit se tordre de plaisir.
Il continua à embrasser son corps en remontant vers son visage. Elle se souleva et lui appliqua les mains sur les épaules afin qu’il se couche sur le dos. Elle couvrit son torse de baisers légers et descendit progressivement vers son ventre. Là elle stoppa et contempla son pénis dressé. Son index serpenta de la base jusqu’au sommet décalotté et vint agacer le méat. Son pouce le rejoignit pour l’encercler et commencer un doux va et vient le long de cette tige raidie. Sa langue vint faire connaissance avec la pointe, puis sa bouche s’ouvrit et elle l’aspira aussi profondément qu’elle put. Elle entama un doux et lent va et vient qui lui fit pousser son premier gémissement. Elle ne prolongeât pas plus avant ce supplice et l’enjambât prestement. Saisissant son sexe à la base, elle se pénétra progressivement jusqu’à la garde. Elle resta quelques instants assise sur lui, pour prendre la mesure de son érection, puis commença à monter et descendre en gémissant. Il la prit par les hanches et se mit en mouvement lui aussi lui arrachant des petits cris de plaisir. N’y tenant plus, il la bascula sur le dos et accentua ses coups de bassin la faisant gémir sans discontinuer.
« Oui ; je suis à toi ; prend-moi toute ; c’est bon ; je vais jouir. »
Il explosa en libérant sa semence au moment où, la bouche grande ouverte cherchant de l’air, elle explosa dans un orgasme libérateur. Il s’endormir, enlacés et apaisés.

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