Une Rue, La Nuit

Cela ressemble à un cliché. Une image sortie d’un film. Un trottoir humide. Des lampadaires dont la lumière se reflète sur le bitume humide. Des bruits de pas. Des claquements de talons. Rythme régulier. Tempo métronomique. Couvert par les quelques voitures qui passent dans cette rue quasi déserte.

Les pas se rapprochent. Au loin une silhouette. Une ombre de plus en plus précise. Une femme. Le bruit des talons le laissait penser, mais sait-on jamais. Une femme seule. Une grande femme seule dans la rue. La nuit. Elle marche sans se presser. Dans la pénombre se distingue le petit point rougeoyant de la cigarette qu’elle fume. La fumée bleue s’élève dans le faisceau du réverbère. Dans cette lueur, dans cette lumière, enfin elle n’est plus une ombre, une forme, l’idée d’une femme. Elle se révèle. Elle porte un imperméable mastic dont elle a relevé le col. elle a serré la ceinture ce qui dessine sa taille fine. Il s’arrête juste au dessus des genoux. Pas le temps d’en voir plus, elle a déjà quitté le cône de lumière pour retourner dans l’obscurité. Le temps de quelques secondes elle est redevenue une ombre, n’offrant que quelques éléments pour s’en faire un portrait. Brune. Grande. Belle. Dynamique. Volontaire. Quelques éléments qui traversent l’esprit. Qui jouent avec l’imagination. Déjà la revoilà dans la lumière. Encore plus proche. Ses cheveux noirs paraissent humides. La pluie qui vient de tomber l’aurait-elle surpris? Son imperméable semble sec. sort elle de la douche ? Elle tire une dernière fois sur sa cigarette avant de la jeter dans le caniveau où elle grésille avant de s’éteindre. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Illumine son visage. Ses grands yeux brillent. Elle est assez proche maintenant pour que l’on devine la couleur de ses yeux. À la façon dont elle serre son imperméable, on devine qu’elle a froid. Un coup de vent soudain, vent coquin, vent farceur, vent fripon, soulève un pan de son manteau. Une seconde. À peine le temps de voir qu’elle est nue.



Cette grande, belle femme, marche nue dans la rue, protégée par un simple imperméable mastic qui s’arrête juste au dessus du genou. Cette révélation crée le trouble et l’interrogation. Pourquoi une belle femme marche-t-elle, dans le plus grand calme, sans le moindre stress, la moindre crainte, nue dans la rue, à la nuit tombée ?

Vient-elle de quitter son amant ? Ils se sont retrouvés comme chaque semaine dans cette chambre d’hôtel ou ils ont leurs habitudes. Elle y est arrivée en retard. À cause du métro, du travail. Il a attendu dans la chambre, rideau tiré, lumières éteintes. En arrivant , à peine passée la porte; il l’a agrippée, plaquée contre le mur. Elle n’a rien dit. Pas un mot. Pas un cri. Elle s’est laissée faire. Il l’a embrassé fiévreusement, n’arrivant pas à se contenir, à contenir son désir pour elle. Elle l’a repoussé le temps de défaire son imperméable, de le laisser glisser et tomber sur la moquette épaisse de leur chambre. Il ne lui a pas laissé le temps de se déshabiller, d’un geste violent il lui a arraché sa robe. Les boutons filent dans les airs, tombent un peu partout. La robe dégringole sur le sol, cette petite robe qu’il aime tant parce qu’il peut la trousser pour la prendre debout, écartant juste son string pour se glisser en elle. Elle a entendu le tissu se déchirer. Ce bruit lui a arraché un petit cri de surprise et de plaisir. En sous-vêtement, dans cette parure noire qu’elle ne porte que pour lui. Elle frissonne. Il se colle contre elle. Elle sent sa chaleur au travers de sa chemise et ses lèvres humides qui commencent à parcourir sa peau. Il commence par les épaules, descend le long des bras, remonte sur son ventre, s'arrête sur ses seins. Il dégrafe son soutien-gorge, le jette en travers de la pièce. Ses mains agrippent ses seins alors qu’il l’embrasse à nouveau. Elle mouille. Elle le veut. Là. Tout de suite.

Reprenant le contrôle elle le pousse jusqu’au lit. Il rit. Elle ôte son string et lui lance au visage.
Elle s'assoit sur lui. Juste au niveau du renflement qui gonfle l’entre jambe de son pantalon. Elle ondule sur lui. Se branle contre sa braguette. Elle laisse monter son plaisir. Son désir. Elle le sent prêt à exploser. Elle veut retarder au maximum le moment où à son tour il se mettra nu. Elle est excitée par la situation. Elle nue sur lui habillé. Elle aime l’idée de répandre son odeur, son jus sur son pantalon. L’idée que quand ils se quitteront, il partira avec le parfum de sa chatte sur lui.

Il finit par craquer. Il la renverse . Ote sa chemise, son pantalon, son boxer. Son sexe triomphant jailli. Il ne lui laisse pas le temps de l’admirer. Il la pénètre sans autre forme de préliminaire. Elle aime cette sensation, cette intrusion brutale, cette chaleur. Ils font l’amour. Ils baisent comme si c’était la dernière fois. Il râle. Elle hurle. Ils jouissent ensemble. Ils retombent sur le lit pas encore rassasié. Le temps de retrouver une érection, de retrouver un peu d’énergie, il se met à la lécher, à lécher le sperme, son sperme qui s’écoule de son sexe ouvert. Alors qu’il lui lèche le clitoris de sa langue tendue, elle se tortille sur les draps froissés. Il glisse un doigt, puis deux en elle, elle pousse un cri. Elle jouit une nouvelle fois. Grâce à sa langue, grâce à ses doigts.

À son tour elle le prend dans sa bouche. Sa queue a le gout de sa chatte. Elle le suce goulument. Ses doigts vont et vienne sur ses couilles sur son sexe. Il explose dans sa bouche. Le foutre lui coule entre les lèvres, tome goute à goute sur la moquette épaisse de leur chambre d’hôtel.

Ils referont l’amour encore une fois avant de se quitter. Elle prendra une douche, ramassera sa robe déchirée et ses sous vêtement qu’elle glissera dans son sac à main, enfilera son imperméable mastic, l’embrassera sur le trottoir humide, dans la lumière de l’enseigne de l’hôtel où ils se retrouveront dans une semaine.

Ou bien va-t-elle retrouver cet amant nue sous son imperméable mastic.
Elle veut le surprendre. L’étonner. Elle y pense depuis plusieurs jours. La veille, alors qu’il l’appelait chez elle, pour l’inviter à diner, à sortir, à faire ce qu’ils font d’habitude lors de leur soirée à eux, elle lui a dit qu’elle ne pourrait pas, qu’elle n’était pas bien. Elle a senti la déception dans sa voix. La frustration. La tristesse aussi peut être. Pendant quelques secondes après avoir raccroché elle s’en est voulue. Juste un peu. Juste quelques secondes. Avant de se reprendre et de penser au lendemain soir. Toute la journée ses pensées étaient dirigées vers le moment où il ouvrirait la porte, la verrait dans cet imperméable mastic sans savoir encore qu’elle ne porte que ce bout de tissu. Elle a eu du mal à se concentrer sur son travail, sentant par vague l’excitation monter en elle, se sentant mouiller sa culotte. Elle l’imagine la découvrant nue à quelques secondes, le temps de refaire la ceinture de son imper. Elle le voit se diriger vers elle, la toucher, l’embrasser, la prendre dans ses bras, sentir son corps tendu sous sa chemise, son jean. Elle s’imagine se mettant à genoux devant lui, dégrafant les boutons de sa braguette, sortant son sexe gonflé de désir, le caressant de ses doigts, de sa main avant de le prendre en bouche. Elle l’imagine poussant un râle de plaisir alors qu’elle le sucerait. Elle l’imagine se cambrant, se retenant de jouir dans sa bouche le plus longtemps possible pour profiter du plaisir, puis ni tenant plus éjaculant dans sa gorge, sur ses lèvres. Elle imagine son sperme dégoulinant sur ses seins, sur son ventre. Elle quitte son bureau et se mettrai presque à courir dans la rue pour rentrer chez elle. Elle se douche, enfile une belle parure en dentelle rouge, celle qu’il lui a offert il y a quelques semaines et qu’elle n’avait pas encore osé porter. Elle se regarde dans le miroir de sa chambre, s’examine sur toutes les coutures. Elle se trouve magnifique. Elle enfile son imperméable. Elle est heureuse qu’il ait plu dans la journée.
Elle sort de chez elle, la fraicheur de la soirée la saisit. Elle remonte le col de son manteau, serre un peu plus la ceinture. Elle a envie de courir à nouveau. Se retient. Calme son pas. Elle pense au corps de son amant. Son corps détendu après la jouissance. Son corps fait pour l’aimer, pour la prendre. Les trottoirs sont mouillés, cette humidité remonte le long de ses jambes nues, jusqu’à son sexe, le rafraichi, le fait frissonner. Elle pense à ce qu’elle va faire dans quelques minutes. Elle pense à cet homme qui va la prendre, cet amant qui va lui faire l’amour, qui va éteindre ce feu qui couve en elle depuis plusieurs jours. Elle pense à sa queue, si douce, si dure, qui va la pénétrer, qui va s’enfouir dans son sexe humide, ouvert. Elle pense à ses mains qui vont la caresser, la toucher, parcourir tout son corps, rentrer en elle aussi, jouer avec elle. À sa bouche qui l’embrassera, qui baisera toutes les parties de son corps avec fougue, sa langue qui la pénétrera aussi, qui jouera avec elle. Elle pense à tout ça et à tant d’autres choses encore.

Déjà elle s’éloigne. C’est son dos que l’on voit dans la lumière des réverbères. Puis elle redevient une ombre. Bientôt il ne reste que le bruit de ses pas. Flottent dans l’air les dernieres effluves de son parfum. Et comme une odeur de sexe.

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