Fantasmes

Il faisait encore doux en ce début de soirée. L'été pointait son nez. Cela se sentait dans l'air. Se voyait à la terrasse des cafés qui se garnissaient, aux jupes des filles qui raccourcissaient, à cette lumière particulière.

J'étais sur un petit nuage. Mon corps tout entier semblait irradier de plaisir. Je m'imaginais que tous ceux que je croisais pouvaient lire sur mon visage ce que je venais de faire. Qu’il se dégageait de moi l'odeur du sexe, et que cette odeur devenait en quelque sorte contagieuse, qu'elle désinhibait les pulsions sexuelles de ceux qui la respirait. Comme cet homme et cette femme attendant le bus. Lui parfait fonctionnaire, costume gris, mallette de cuir noir, sans ambition, sans imagination. Elle petite vendeuse de prêt-à-porter, mignonnette, mais un peu éteinte.

Après mon passage, sous l'influence de mes effluves "sexuelle", il aurait une envie subite. Elle l'aurait bizarrement trouvé attirant. Il se serait levé, l'aurait prise par la main, et sans se parler ils seraient partis. Jusqu'à un hôtel, le premier qu'ils auraient trouvé sur leur chemin. Il aurait pris une chambre pour une heure. Auraient pris les clefs sans se soucier du sourire entendu du concierge. Elle aurait gravi les marches devant lui. Il l'aurait suivi en admirant ses chevilles, ses jambes, ses cuisses, ses fesses. Durant cette montée il aurait imaginé ses sous-vêtements, leur couleur, leur douceur. Quelques minutes plus tard, la découvrant presque nue, il aurait été surpris de la découvrir en culotte de coton blanc Petit Bateau, là où il aurait plutôt vu un string en dentelle noire.

Elle aurait ouvert le zip de sa braguette pour faire surgir le sexe de cet inconnu. À genoux devant lui elle l'aurait sucé avec un plaisir inconnu, une volupté étrange. Lui n'aurait pas pu se contenir et après cinq petites minutes auraient joui dans la bouche de cette fille dont il ignorait le nom. Confus il l'aurait prise par la main et l'aurait allongée sur le lit, et heureux de gouter à son sexe se serait mis à lui lécher avec envie.

Sa langue parcourant cette chatte ouverte et dégoulinante de désir. Il aurait senti sa bite reprendre vigueur et se dresser au fur et à mesure que les vagues de plaisir parcouraient le corps de son amante. Il l'aurait pénétrée juste après l'avoir fait jouir. Leur étreinte aurait duré longtemps. Ils auraient trempé les draps de sueur, de foutre et d'autres sécrétions. Jouissant sans entrave, sans retenue.

Et sans être dit un mot se seraient quittés emportant avec eux cette heure à part comme une parenthèse dans une vie terne et triste.

C'est avec ces images en tête que je découvrais l'appartement vide. Marc, comme chaque vendredi jouait au foot avec ses copains, et ne rentrerait pas avant minuit, sans doute saoul. Je m'installai devant la télé pour y dévorer un reste de salade de pâtes en finissant une bouteille de blanc. J'avais encore envie de sexe. J'avais envie de sentir une peau chaude contre la mienne. Des doigts en moi. J'avais envie d'une bite dans la bouche. D'une femme me suçant les seins. Je fermais les yeux, glissait un doigt dans ma chatte humide et en m'imaginant avec Sandra je me branlais doucement. J'étais à deux doigts de jouir quand le téléphone sonna. Camille.

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