Deuxième Été Sans Emilie (6)

Nina s’était installée au salon. Assise sur le canapé, elle fixait le mur d’en face. Je m’installai à ses côtés, posai ma main sur sa cuisse.

— Je veux rentrer, dit-elle sans cesse de fixer le mur.
— Comme tu veux.

Je retournai dans la cuisine, ramassai les reliefs de notre déjeuner, lavai la vaisselle. Nina n’était plus dans le salon quand j’eus fini de tout ranger. Seule restait la robe noire pliée sur la table basse. Je l’appelai, sans avoir de réponse. La maison n’étant pas grande je n’eus aucun mal à la trouver, assise dans la voiture. Elle avait remis sa robe blanche sur laquelle se devinaient des traces de sperme.
Je fermai la maison, et nous repartîmes. Il faisait chaud, j’ouvris la vitre, Nina fit de même et le vent s’engouffrant dans l’habitacle fit voler ses cheveux. Je la regardais du coin de l’œil. Elle fixait la route, sans prêter attention aux mèches qui lui passaient devant les yeux, lui fouettant doucement le visage. N’en pouvant plus, et alors que nous n’avions pas roulé depuis plus de 20 minutes, je me garai sur le bas-côté.

— Écoute Nina, il faut que tu me parles, je ne veux pas qu’on se quitte comme ça.
— Je t’ai déjà tout dit. Que veux-tu que j’ajoute? Que dans quelques heures je vais retrouver un type terne, gentil, mais que je n’aime plus, que je n’ai sans doute jamais vraiment aimé , et que s’il a les couilles pleines, il viendra dans le noir se les vider en moi en deux minutes. Que pendant toutes mes vacances en Espagne je ne penserais qu’à toi! Mais que sans doute je ne te reverrai jamais. Démarre, ne fais pas durer tout cela plus longtemps.

Je démarrai, mais au lieu de suivre la route normale, je bifurquai. Nina s’en aperçut. Protesta.

— Je ne sais pas si on se reverra. J’aime Émilie. Vraiment. Pas juste parce que comme moi elle est sexuellement libre, épanouie. Je l’aime. Si tu me demandais de la quitter pour toi, je te dirais non.

Sans l’ombre d’une hésitation. Je l’aime, mais, je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi. Tu es belle, intelligente. Te faire l’amour est super. Je suis d’accord avec tout ce que tu as dit. C’est peut-être les hormones qui parlent. Mais je m’en fous. Alors voilà, on peut se quitter tout de suite, et ne jamais se revoir, ou profiter du temps que l’on a. Après, je ne sais pas. Émilie rentre à la fin du mois d’aout. Je lui parlerai de toi, parce que je ne lui cache rien, tout comme elle me racontera son été. Elle voudra peut-être te voir. Je lui demanderai en tout cas de le faire.
Tu veux quoi maintenant?

Nina m’embrassa. Elle souriait de nouveau. Ses yeux pétillaient.

— On va chez moi, il me faut des vêtements, et après tu décides, tu as combien de jours devant toi?
— Encore deux, et toi?
— Je pars vendredi matin, ça fait court, mais tu as raison, profitons.

Je rouvris les volets la maison de ma grand-mère. Nina posa son sac dans la chambre, et sortit dans le tout petit jardin qui aurait bien besoin d’un jardinier. Elle tira une chaise et s’installa. Nous avions fait des courses pour passer les deux jours là. Nina avait trouvé l’idée plaisante.

Je lui apportais un verre d’eau et m’installais à côté d’elle.

— Il y a des voisins, demanda-t-elle?
— Je ne crois pas qu’ils soient là, les volets sont fermés.
— Très bien, dit-elle en se déshabillant, je veux passer le reste de la journée nue.

Elle se mit à courir sur l’herbe haute, en riant, et en criant « Je suis heureuse et libre ». Je riais aussi de la voir.

— Rejoins-moi, fous toi à poil.
— Je ne suis pas très chaud.
— C’est bon il n’y a personne autour.
— Autour peut-être, mais dans les herbes…

Elle cria, et revint se jeter dans mes bras, tremblante. Je l’embrassai. Nos langues dansèrent dans nos bouches. Son cœur palpitait sous ses seins. Elle me repoussa jusque dans le salon, me fit assoir et vint se mettre sur mes genoux sans décoller ses lèvres des miennes.


— Tu ne te sens pas à l’étroit dans ce pantalon; en plus il fait chaud, ce n’est pas raisonnable. Laisse-moi t’aider.

Pantalons et caleçons volèrent. Nina se caressa et reprit sa place sur moi, s’empalant sur mon sexe. Elle me chevauchait fièrement. Se malaxant les seins, se caressant le clito, se laissant aller à me baiser, m’utilisant sans vergogne pour son plaisir. Je restais passif, profitant du spectacle de cette belle jeune femme se libérant, prenant son pied, explorant les joies du sexe. Oui je tombais en amour pour elle comme le disent les Québécois.

Durant les deux jours dans la maison de ma grand-mère, nous avons souvent fait l’amour. Chaque fois que l’un de nous deux en avait envie. Nina avait souvent envie. Elle en débordait. Comme je n’étais pas en reste, les deux jours furent bien remplis. Elle aimait me faire jouir avec sa bouche, déclarant qu’elle adorait mon sperme. Elle me réveilla le lundi matin en me suçant. Réalisant un de ses fantasmes, et allant jusqu’au bout de ce que son futur ex petit copain lui avait refusé.

Bien que la maison ne fut pas grande, une cuisine, deux chambres, une salle de bain, un garage, un salon, et des w-c., chaque pièce nous vit faire l’amour dedans. Nina insista pour que je la prenne dans les toilettes, pour qu’aucune des pièces ne soit oubliée.

C’est le cœur un peu lourd que je refermais la maison. Je devais rentrer pour le boulot. Nina m’embrassa alors que je rangeais les clés dans ma poche. Elle me remercia pour ces quelques jours.

Je la déposai devant chez elle et la regarda partir en me demanda si je le reverrai.

Le reste de l’été fut bien morne. La ville se vida en août, le travail ralentissait, les journées ,déjà peu passionnantes ,devinrent interminables. Mes parents rentrèrent de vacances. Je n’avais pas de nouvelles d’Émilie ni de Nina. Le soir, je me branlais dans ma chambre en pensant à elles. J’avais l’impression de redevenir un ado, obligé de s’enfermer pour se masturber dans sa chambre, guettant les bruits de la maison, craignant de se faire surprendre, et cachant au fond de la poubelle ses kleenex souillés.


Heureusement l’été prit fin, Émilie revint, et notre vie changea.

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