Toi Et Moi Contre Le Monde...

-- ATTENTION HISTOIRE FICTIVE POUR LECTEURS AVERTIS --

-Mon dieu!
-Non!

Ce furent leurs derniers mots.

Un hurlement, le mien. Le dernier aussi.

Les sirènes, le brouillard et la douleur, c'est tout ce dont je me rappelle ensuite. Et la peur... La détresse... L'impuissance.

C'est un torrent de sanglots qui me réveilla, j'ouvris les yeux. Cindy, ma meilleure amie, la seule, était à mon chevet. Je ne pus proférer un son, incapable de le faire. Le regard transpirant l'incompréhension, je la vis appeler un docteur. Je commence à me rappeler.
J'ai un tas de questions, d'angoisses, mais rien ne sort, même pas un grognement, même pas un chuchotement.

Le docteur se veut rassurant, mais il dévoile très vite la cause de mon mutisme.
L'accident m'a abimé la gorge, je ne parlerais plus... Plus jamais... Mes larmes montent, mais mon sort devient vite secondaire, je convulse d'angoisse et ne parviens pas à m'exprimer, ils se mettent à quatre pour me maintenir, puis vient l'abominable vérité. Ils sont morts, tous les deux... Je ne peux pas crier ma colère et mon désespoir ce qui m'enfonce un peu plus dans l'horreur. Mon hurlement intérieur est puissant, mais je me raccroche à une chose, mon frère, mon jumeau, est-il en vie?

Le docteur semble le deviner. Il n'est pas mort, mais en soin intensif, son pronostique vitale n'est pas engagé. Je me raccroche à cette idée pour ne pas sombrer.

Je pleure toutes les larmes de mon corps. Je veux le voir, mais je ne peux le dire. Il faut que je me repose dit le docteur, comment le puis-je? Cindy obtient l'autorisation de rester auprès de moi malgré la fin des visites. Elle se coule contre moi et me berce.

La journée avait bien commencée, nous partions en famille, fêter notre toute jeune majorité à mon frère et moi, en direction d'un petit chalet où tous nos amis devaient venir.

Quelques jours plus tard, je pu assister à la crémation de mes parents, je n'avais aucune blessure apparente, certains s'offusquèrent en silence que je n'aille pas dire quelques mots en leur honneur jusqu'à ce que d'autres calment leur ignorance.

Des regards de pitié indifférente me traversaient. J'eu à peine quelques mots de ma plus proche famille restante. Je ne pus même pas m'épauler sur Alexandre, mon jumeau, qu'on ne m'avait toujours pas autorisé à voir.

Je me repliais sur moi-même. Je me suis vite retrouvé à apprendre à avoir en permanence un carnet pour pouvoir m'exprimer. Mais cela créait un grand désespoir. Le chagrin restait là, constant, même si je sais que le temps me guérira, mon mutisme ne guérira pas, lui.

Je voulais pourtant hurler ma haine au monde.

Enfin, je pu le voir, mon miroir masculin. J'entrais dans la pièce où je le trouvais debout, en pantalon, torse nu, il essayait d'enfiler une chemise, il avait le droit de sortir. Personne ne m'avait rien dit de ces blessures. Et je sentis mes jambes se dérober.

Son bras droit, il n'était plus là, un bandage recouvrait un moignon à mi-hauteur entre l'épaule et le coude qui n'était plus là. Mes larmes coulèrent encore. Je n'avais jamais autant pleuré de ma vie. Le comble de l'horreur m'atteignit lorsque je croisais son regard, il n'était plus le même homme. Son éternel pétillement avait disparu.

Me voyant à terre, il lâcha la chemise et se précipita sur moi pour m'entourer de son bras.

-Évangeline! Fit-il doucement, la détresse dans la voix.

Enfin j'entendais mon prénom vraiment porté d'amour. Mis à part Cindy, tout le monde s'était enquis de moi sans que cela soit si sincère.

On nous renvoya chez nous, tous les deux. Etant tout juste majeur, on ne nous assigna pas de tuteur, livrés à nous-même, l'assurance vie et l'héritage nous mirent à l'abri du besoin, mais nous errions tout deux comme des âmes en peine, tournant en rond dans notre maison familiale, abandonnant nos études pourtant si brillantes.

Nous nous comprenions malgré tout. Lui comme moi nous sentions inadaptés. Que ce soit à la vie en société, à l'apprentissage, à l'amour. Oui, la garce qui servait de petite amie à Alex avait foutu le camp sans un mot dès qu'elle l'avait vu au sortir de l'hôpital.


La procédure de l'accident prit fin rapidement, l’étude de l’épave révéla une mal façon dans le véhicule flambant neuf de notre père. Nous nous sommes retournés contre le constructeur, dont les avocats ne firent qu’une bouchée de notre commis d’office.

A peine rentrés du simulacre de procès, Alexandre délivra sa rage en hurlements d'injustice. J'étais détruite, la mort d'innocents ne fait même plus ciller la justice. La voix de mon frangin, son énervement me rendait folle, les yeux suppliants, je lui mis les mains sur les épaules et mon front contre le sien.

Il se calma, et dit posément.

-Depuis l'accident, je suis regardé comme un monstre, et tu ne peux pas exprimer ta souffrance. Eva, toutes les nuits j'entends tes larmes, et je comprends ta douleur, je ne suis pas ton jumeau pour rien. On est connectés, je suis toi et tu es moi. Les monstres se sont les autres, ceux qui nous ont fait ça mais aussi ceux qui ne les ont pas punis. Et puis tu sais quoi? Je m'en fous, puisque personne ne veut de nous, je ne veux pas d'eux, il n'y a que toi qui compte. Plus que toi.

Pour la première fois depuis des semaines, je souris. Oui, il fallait nous reconstruire, ensemble, ne plus nous laisser abattre, ne plus évoquer la pitié. Et puis, malgré nos handicapes si différents, je me sentais plus proche de lui que n'importe qui. Il est mon jumeau, il n'y a pas de lien plus fort. Je voulais lui dire que je l'aimais. Je ne pouvais pas.

Je l’embrassai alors sur la joue. Elle était douce, et je réalisais que je l’aimais vraiment, pas comme j’étais censé le faire. Mes lèvres se posèrent sur les siennes. Il n’eut pas un recul, pas un sursaut. Sa langue n’hésita même pas et passa la barrière de mes lèvres pour retrouver la mienne.

Nous n’étions pas censés faire ça, nous n’y avions même jamais songé avant cette minute, mais que faire d’autre lorsque le monde vous rejette et que vous vous retrouvez avec un autre vous, même si les mœurs vous disent le contraire, s’aimer n’est jamais mal.
Cette escalade soudaine était pourtant logique à tout bien réfléchir. Prenez deux personnes civilisées, isolez les ensemble sur une île déserte, tôt ou tard, la sauvagerie, la paranoïa prendront le dessus, et ils laisseront parler leur instinct de survie.

Nous étions pareil, le monde nous a isolé, et notre instinct de conservation nous guide l'un vers l'autre, à l'opposé des lois sociales établies. J'ai rejeté tout mes aprioris, toutes mes convictions, toutes les directives de la vie moderne à cet instant. Il n'y avait que lui et moi contre le monde.

Il parait que les liens filiaux rendent incompatible à l'embrassade, une sorte de rejet naturel, laissez moi vous dire que je n'ai jamais vécu baiser plus délicieux que celui là. Peut être l'interdit écrasé par notre fougue, mais c'était plus doux, plus chaud, plus vivant que tout les baisers que j'ai pu vivre. Dans nos bouches, une harmonie parfaite, un ballet sensuel de langues vives dont le contact transcendait l'extase. Oui, je parle déjà d'extase à ce stade. Lorsque son bras m'enroula, c'était comme un septième ciel, une jouissance silencieuse, sans soubresauts, sans le coté pimpant habituel de la chose.

IL fut interminable, comme pour répondre à la longueur de notre isolement qui prenait fin. Lorsque nous nous relâchâmes, nous nous noyâmes dans les yeux de l'autre un moment.

-Je... Je t'aime lâcha-t-il.

J’acquiesçai d'un sourire et d'un hochement de tête. Je vis planer une hésitation, je pris alors les devants. De mes mains, je dénouai la cravate que je l'avais aidé à enfiler le matin-même, elle vola dans un coin du couloir où nous étions, je le tirai vers moi pour qu'il me suive, continuant de l'embrasser, pour lui montrer que tout irai bien, en chemin, il perdit sa veste de costume, et nous entrâmes tout deux pieds nus dans ma chambre.

Je me mis à dégrafer sa chemise, tout doucement, en me pinçant les lèvres d'une moue sexy, cherchant encore ses baisers.
J'enlevais presque sa chemise et il grimaça, puis me repoussa. Une larme perlait sur sa joue.

-Ne me regarde pas, je suis un monstre...

L'étoffe tomba de son épaule et révéla son moignon, déjà presque parfaitement lissé. Je bravais sa peur, en lui souriant, me rapprochant à nouveau. Je léchais ses larmes sur ses joues, puis son cou. Enfin, le regardant droit dans les yeux, je léchais son bras à son extrémité. Il n'y avait rien d'effrayant, d'humiliant ou de pervers dans mon geste, juste une preuve d'acceptation. Pour moi, il était parfait, je l'acceptais, il était beau, sans défaut, la vie l'avait voulu ainsi, alors moi aussi.

Il se mit a rougir, découvrant en cet endroit une zone érogène inattendue. Je vis qu'il se trouvait tout soudain très à l'étroit, sa ceinture vola et son pantalon s'ouvrit. Il soupira d'aise d'être libéré de ce carcan. J’arrêtai mes aventures buccales pour m'agenouiller et le délivrer totalement. Et quelle délivrance, son engin était d'une taille respectable, grand mais pas trop, et d'une largeur divine. Des veines semblaient pulser légèrement à sa surface.

J'avais envie de tout lui faire, tout de suite. Mais d'abord, il me fallait être nue aussi, ma robe s'évanouit d'un déhanchement coquin, il fit sauter mon soutien-gorge d'un claquement de doigt, je ne pus qu'apprécier un tel savoir-faire. Ma culotte, seul vestige de mes vêtements, était déjà trempée quand elle se transforma en souvenir. Je l'assis sur le bord du lit, et me dirigea vers l'objet de mon désir. Il m'interrompit, pour m'attirer de sa main sur mon menton vers un doux baiser avant de me relâcher. Avec dévotion, et un infini respect, je pris sa belle verge entre les lèvres. Je la massais de mes mains, de ma bouche et de ma langue. Muette j'étais devenue, mais ma bouche me permettait toujours de communiquer mon amour. Je caressais aussi ses bourses, lui fis du bien en la frottant sur mes joues et ma poitrine, ralentissant lorsque ses grognements m'indiquaient une montée trop rapide du plaisir.

Une énième fois, il toucha le ciel sans l'atteindre, mais nous tenions à ce que cela dure. Puis, il voulut me rendre la pareille. C'est moi qui me retrouva au bord du lit, couchée, les cuisses écartées et les pieds ballants, ses doigts, forts agiles caressèrent ma vulve dans tous les sens, le pauvre ne put se baser que sur mon souffle, à mon grand désespoir pas un bruit n'échappa de mes lèvres. Mais je me fis violence pour ne pas pleurer et me concentrer sur le bonheur qui irradiait mon petit bouton qui connut bien assez tôt le contact de sa belle langue, plutôt longue en vérité. Ma jouissance fut terriblement silencieuse mais ô combien puissante. Il le sut seulement lorsqu'un crachin lui inonda soudainement le visage. Il en rit si fort, que je ne pus que rire moi-même.

Nous étions deux s redécouvrant la vie, l'amour et le rire. Nous nous jetâmes entièrement sur le lit l'un a côté de l'autre, à nous tenir la main et nous regarder, souriant, comme n'importe quel jeune couple se découvrant enfin. Oui, nous étions un couple, peut-être pas un couple comme les autres, mais nous l'étions devenus, et ce pour très longtemps, qui, ou quoi pourrait briser un tel lien. Le frisson de la première fois, sensation tenace la plus grisante qui soit. Rien qu'à nous regarder nous soufflions fort.

Nonobstant ce que nous venions d'échanger, nous restions timides, deux s effarouchés face à leur première fois, ce qui pour lui comme pour moi, n'était pas loin d'être vrai. Nous étions jumeaux, nous nous racontions tout. Petit à petit, par courts déhanchés, nous nous rapprochâmes, cela pris du temps. Je frissonnais lorsque mon corps toucha enfin le sien. Il était chaud et doux.

-Comment veux-tu... Amorça-t-il, puis il baissa les yeux, penaud, sachant que je ne pouvais répondre.

D'une main, je relevais son menton pour qu'il me regarde, je lui souris encore plus vivement, pour lui montrer que j'exprimerai tout avec mon corps désormais. Je lui fis un baiser du bout des lèvres sur les siennes, écrasant un peu ma poitrine sur son torse. L'œil malicieux, je me glissais sous la couette, et me couchais sur le dos, l'invitant à me rejoindre de mes mains, à se poser sur moi. J'écartais les cuisses pour l'accueillir, j'étais folle d'excitation. Il hésita brièvement. Oh, non pas de peur de l'interdit, mais juste de peur d'aller trop vite. Formidable amant, il me pénétra longuement, serrant les dents pour ne pas jouir, m'embrassant d'un amour si puissant.

Son bras manquant le déséquilibrait, cela le contraignait à être collé contre moi et à ne pas bouger aussi vite qu'il l'aurait voulu, mais cela m'allait a ravir, il me fit jouir avec une intensité qui surpassait tout ce que j'ai connu jusqu'ici... Trois fois... Une fois dans cette position de missionnaire et deux fois encore alors qu'il était derrière moi, alors qu'il m'avait couché sur le ventre. J'aimais ce qu'il me faisait, et je le sentais au bord du gouffre, lorsque gentiment, je le repoussais. Il m'avait fait jouir si fort, je voulais être l'active pour le sien. Qu'il voit mon plaisir, et que le sien en découle.

Je l'allongeais sur le dos, et sans cérémonie, je me mis sur lui, l'enfonçant au fond de moi, je repoussais la couette en me redressant. Pour l'exciter, je lui montrais comment je caressais mon corps, de haut en bas et de bas en haut en le chevauchant avec sensualité. Sa main valide caressait mes fesses, puis mon visage, j'en profitais pour happer un doigt de ma bouche, pour le sucer, le lécher, comme si c'était sa verge. Cela m'excita moi-même encore plus vivement, je sentais monter une nouvelle jouissance, la sienne explosa en moi, m'entrainant directement dans les limbes du septième ciel.

-Haaaaaaaaaaa! Fis-je.

Trop euphoriques, mêlant nos langues, nous ne prêtâmes pas attention au son qui était sorti de mes lèvres. Puis le choc lorsque l'exultation sexuelle se calma, nous réalisâmes que j'avais... Il fallait que j'essaye tout de suite, pour vérifier que ce n'était pas un faux espoir.

-Je t'aime!

Cela sorti, éraillé, difficilement, mais j'avais dit quelque chose! Et mes premiers mots étaient pour lui, tel que je voulais les crier si fort.

Il me regarda, interloqué, puis il sourit, pleura et éclata de rire, tout en même temps.

Ce jour-là, la nuit qui suivit, et les jours, nous restâmes dans cette chambre, à refaire l'amour, encore et encore, ma voix revenait au même rythme que nous essayions de nouvelles choses, et lorsque nous arrivâmes à bout d'idées, nous recommençâmes.

Désormais je chante comme un rossignol, et je l'aime d'un amour pur et sincère, répondant au sien. Nous vivrons notre avenir ensemble, lui et moi contre le monde...

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