Qui L'Eut Cru

Partie 1 Une idée intéressante


Lundi 12 mai 2014 :

Stéphane Lartigue n’en finit plus de regarder sa montre, cela fait plus d’un quart d’heure qu’il attend dans le hall d’accueil de cette importante société spécialisée dans la production de pièces mécaniques.
C’est Pôle Emploi qui l’a envoyé, il a rendez-vous avec le responsable du personnel pour une place.
C’est pour s’occuper de la petite maintenance et il ferait aussi office de coursier.
Ce n’est pas que ce boulot l’emballe beaucoup, mais c’est dans ses cordes, puis de toute façon, il n’a guère le choix.

La copine qui l’hébergeait depuis bientôt un an, l’a viré la semaine dernière.
Il avait rencontrée cette petite brune d’à peine vingt ans, plutôt mignonne, juste après sa sortie de prison, elle était serveuse dans un bar du centre ville.
Il n’a pas mis longtemps pour la séduire.
Il faut dire qu’il a toujours su y faire avec les femmes, et celle-ci en plus n’était pas farouche.
Au début tout collait bien entre eux, ils baisaient à chaque instant de la journée, c’était génial, surtout qu’après trois années derrière les barreaux, il avait du temps à rattr.
Puis peu à peu, les choses se sont envenimées.
Stéphane a bien trouvé quelques petits boulots, mais rien de bien stable.
Ce n’est pas facile pour lui avec son passé, surtout qu’il ne fait pas non plus trop d’efforts.
La famille de sa copine a fini par la convaincre que ce type qui vivait plus ou moins à son crochet n’était pas fait pour elle.

Ce remplacement de six mois tombe donc à point, il est à sec financièrement.
Il a déjà eu du mal à payer sa semaine de loyer pour ce petit meublé minable qu’il a réussi à se dégoter, par l’intermédiaire de son copain Kévin, et maintenant il lui reste à peine cent euros pour finir le mois.
Kévin, lui a proposé un coup facile pour samedi soir, des bourges qui partent en week-end, la planque à bijoux se trouve sous un carreau dans la buanderie, le tuyau est sûr.


Stéphane hésite, ce n’est pas que sa morale le lui interdise, loin de là, mais la dernière fois, il a payé plein tarif : trois ans fermes.

Stéphane est tiré de ses pensées, par une femme brune qui vient de le saluer en entrant et qui s’arrête bavarder avec la fille de l’accueil.
Il l’aperçoit de profil.
C’est une femme d’une bonne cinquantaine d’années, elle semble travailler ici.
Elle n’a rien d’extraordinaire, une taille moyenne, elle porte un manteau beige foncé qui dissimule ses formes, un jean foncé, ses cheveux lisses, coupés en carré sont impeccablement peignés, elle porte des lunettes rectangulaires avec une monture noire.
Stéphane remarque malgré le fond de teint, les pattes d’oie et les petites rides à la commissure de ses fines lèvres, recouvertes d’un rouge à lèvre assez neutre.
C’est alors qu’un grand type apparaît et se dirige vers lui.

- Paul Crouchet responsable RH, vous me suivez ?

Stéphane observe cette femme assise derrière son bureau qui prend note de ses coordonnées.
C’est celle qu’il a aperçue tout à l’heure à l’entrée.
Son regard se porte sur le petit cavalier posé sur le coin de son bureau, elle s’appelle Françoise Duval.
Son entretien s’est très bien passé, il est embauché en CDD pour six mois.
Un coup de chance, ils ont besoin de quelqu’un tout de suite, et donc pas de temps à consacrer au recrutement, une aubaine.
Le directeur du personnel a à peine regardé son CV, heureusement qu’il ne l’a pas vérifié, il l’a directement envoyé dans le bureau de Madame Duval pour les formalités, c’est vraiment son jour de chance.

La voix de cette femme est très agréable.
Il se dégage de sa personne une distinction toute naturelle.
Le regard de Stéphane se porte machinalement sur la poitrine de Françoise Duval, elle porte un pull bleu pétrole très classique, il devine une poitrine d’une taille respectable.
S’il devait se prononcer, il dirait 90B ou un peu plus.


Françoise Duval se lève pour attr un imprimé dans une armoire située derrière son bureau, Stéphane ne se gêne pas pour la reluquer, sa taille est certes toujours marquée, mais ses hanches et ses fesses sont un peu fortes, l’espace d’un instant, ce gros cul lui fait envie !
Il sourit, se dit qu’il faut qu’il soit bien en manque, cette femme n’est plus toute jeune.

Presqu’instinctivement, une idée lui traverse l’esprit, la solution pour lui ne serait-elle pas en fin de compte, de se dégoter une femme comme cette Françoise Duval, il y trouverait peut-être son compte.
Une femme comme elle doit être bien installée dans la vie, ce serait sûrement plus facile pour avoir du fric, puis s’il se débrouillait bien, il pourrait vite se rendre indispensable, si elle devenait accro à lui, il serait alors comme un coq en pâte, et qui sait, il pourrait même arrêter de bosser, sans risque.
Son regard se porte aussitôt sur la main gauche de Françoise Duval, il aperçoit une bague et une alliance.

- Dommage, mais l'idée n'est peut-être pas si mauvaise. ! Se dit-il.








Vendredi 5 septembre 2014 :

Stéphane Lartigue écoute d’une oreille distraite son collègue Marcel Girard qui lui expose le programme de son prochain week-end.
Les deux hommes sont attablés face à face dans le restaurant d’entreprise.
Stéphane plutôt solitaire, apprécie Marcel, un ancien de la boite.
À seulement quelques semaines de la retraite, Marcel est un des rares qui ne se laisse pas intimider par cet imbécile de contremaître.
Et la dernière fois que Stéphane a eu des mots avec cet abruti, c’est Marcel qui a pris sa défense.
Sans lui, Stéphane ne serait sûrement plus là.
Ce n’est pas qu’il tienne beaucoup à ce boulot, mais il en a besoin, ses à cotés avec Kevin ne lui suffisent pas pour s’en sortir.
Aussi depuis trois mois qu’il occupe cet emploi, il se tient à carreau, et malgré tout, le contremaître l’a pris dans le collimateur.


- Et toi, tu fais quoi ?
- je sais pas, j’irai peut-être boire un pot avec un copain samedi soir, répond évasivement Stéphane.

Stéphane pense à Laetitia, la serveuse du Blue Bird qu’il a ramené dans son petit studio samedi dernier, une sacrée petite cochonne !
Mais depuis trois mois, sa situation n’a pas beaucoup évolué.

- Tiens, voilà la mère Duval, elle est en retard aujourd’hui, ça se voit que c’est bientôt la fin du mois, c’est elle qui s’occupe des payes, elle doit avoir du boulot.

Stéphane suit machinalement Françoise Duval du regard, elle va s’assoir toute seule à une table de quatre personnes, ses collègues de bureau sont déjà dans la salle du café.
Il se souvient de son premier jour, depuis, il l’a aperçu seulement deux ou trois fois.

- tu la connais ?
- ouais, il y a longtemps qu’elle bosse ici, elle est rentrée toute jeune…une jolie fille à l’époque…je lui aurais bien fait son affaire moi à la Françoise !
- pourquoi tu ne l’as pas fait alors ?
- c’était pas le genre de la maison, plusieurs ont essayé, mais personne n’a réussi, la mère Duval, elle est sympa mais c’est pas le genre à se laisser compter fleurette.
-il a du bol alors son mari !
- T’es pas au courant ?
- de quoi ?
- le pauvre type est mort il y a deux ou trois ans, d’un seul coup, il s’est effondré sur son bureau, le cœur qui a lâché, paraît-il, il avait une boite à lui, je crois, il paraît même que ça marchait pas mal pour lui.

Stéphane se souvient alors de sa réflexion, lorsqu’il était face à cette femme le jour de son arrivée.
De nouveau, son regard se porte sur elle, elle est assise face à lui, à seulement quelques mètres, légèrement décalée sur la droite.
Elle porte aujourd’hui un pantalon gris avec de fines rayures, un haut noir, assez classique.
Sa coiffure est toujours aussi impeccable, son maquillage discret, il remarque quelques rides sur ses joues qui lui avaient échappées la première fois.

Elle lui parait un peu plus âgée que dans son souvenir.
Et si elle était vraiment une solution pour lui ?
Il l’observe à nouveau, il ne lui trouve en fait rien de spécialement attirant, puis les vieilles, ça n’a jamais été son truc.
La plupart du temps, il a baisé avec des filles qui lui plaisaient physiquement.
Il sait bien que les premiers temps, il serait capable de coucher avec elle, surtout que ces dernières semaines sur ce plan là, ça a été plutôt calme.
Mais ensuite ?
Il a toujours eu des gros besoins et les filles avec lesquelles il a vécu, ont toujours été un peu salopes, parfois même beaucoup.
Tout laisse penser que cette Françoise Duval soit plutôt du genre coincée.
Est-ce qu’après quelques semaines passées avec elle, il ne s’en lasserait pas ?

Presque par hasard, son regard se porte sur ses pieds qu’il parvient à apercevoir, elle porte des chaussures un peu pointues, ouvertes sur le dessus, il aperçoit le voile noir transparent de ses collants ou de ses mi-bas.
Il sourit, c’est bête, il a toujours fait une fixette sur les pieds des gonzesses  et ceux de Françoise Duval lui plaisent bien. Après tout, qu’est ce qu’il risque en tentant sa chance ?

- alors Stéphane, tu rêves ? demande Marcel.
- non, non, Marcel, je réfléchis à mon avenir.

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