Un Prédateur Patient.



Un prédateur patient

Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Jeune homme, j’ai eu le choix entre trois cousines, les deux soeurs Anaïs et Victoire bâties comme des I, droites comme des piquets, raides et ossues,et Julie dont j’ai préféré les courbes en forme de S, souples et moelleuses. Allez savoir pourquoi ces trois filles recherchaient ma compagnie, pourquoi elles se livraient à une concurrence étonnante. J’épousai Julie, il y eut deux déçues.
Julie, mère de Clovis notre fils de sept ans, a repris depuis peu un emploi de coiffeuse dans un salon proche de notre domicile. Elle est libre le dimanche et le lundi. Je fais mes trente-cinq heures en cinq jours, du lundi au vendredi, de sept heures à quatorze heures trente. Julie dépose Clovis à l’école le matin, je le recueille à seize heures et belle-maman assure la permanence le mercredi. Nous sommes bien organisés. Nous avons tout pour être heureux. Or Julie vient de découvrir une récente prise de poids de quelques kilos. Entre femmes, pendant les soins capillaires, on parle. L’un des grands sujets de conversation, avant les confidences sur la vie conjugale du genre :
- Ah ! mon mari fait ci.
- Et le mien donc, si vous saviez…
le sujet inévitable, le sujet récurrent, c’est l’apparence de chacune, de la pointe des cheveux à celle des escarpins, avec référence e au tour de taille et aux kilos superflus. Donc toute coiffeuse qui se respecte doit représenter un modèle pour ses clientes. Qui a bien pu observer et faire remarquer à Julie qu’elle sortait des normes ? Sa patronne ? Une collègue ? Ce n’est pas pensable : Julie, quoique bien en chair, est juste comme il faut, je dirais même que parmi les membres du salon, elle a le corps le mieux tourné. Toujours est-il que mon épouse en a pleuré et a décidé d’entreprendre un régime sévère. Les résultats se faisant attendre, après avis des clientes sans doute, Julie s’est mis en tête de recourir à la liposuccion.


- Quoi ? Qu’est-ce que c’est ? ai-je demandé en faisant l’âne.
- Une opération bénigne. Grâce à des procédés modernes, des chirurgiens plasticiens spécialisés pompent à l’aide de fines canules les excès de graisse et réussissent à rendre des formes jeunes et harmonieuses. Tout le monde sait ça à l’heure actuelle. Ne penses-tu pas que je devrais me faire opérer ?
Je voudrais bien savoir qui est ce « tout le monde » qui lui donne une si mauvaise opinion d’elle-même et la pousse à faire retoucher ce corps que j’estime parfait. A moins que ses cousines, Victoire et Anaïs, ne se vengent bassement de leur déconvenue. Elles exciteraient la rivale heureuse et l’enverraient se faire mincir pour la conduire à leur niveau de maigreur. Ce n’est pas impossible. Pourtant toutes deux ont trouvé mari depuis l’époque lointaine où Julie m’avait gagné. Julie ne désigne personne, mais me prend à témoin, le soir au coucher. Avant d’enfiler sa chemise de nuit, elle se dénigre :
- Tu vois mon amour, mes hanches sont trop fortes, là je peux pincer un bourrelet disgracieux, et là, là… regarde le paquet de graisse Que c’est moche. Tu ne devrais pas sourire. Avoue que c’est répugnant

Elle pince sa peau et tire sur sa chair, puis elle se met de face et se penche :
- Mes cuisses ont épaissi, elles se rapprochent et vont gêner ma marche en frottant. Ma peau bleuira là et là, je te dégoûterai et tu chercheras une autre femme plus attrayante. C’est un désastre.
- Mais non, ma chérie, tes cuisses sont charmantes, elles forment un berceau moelleux quand je te fais l’amour, je m’y sens si bien ! Laisse-moi voir de plus près : il y a toujours une fenêtre sous ta vulve, que cherches-tu ? Tu es belle et je t’aime comme tu es. Ma main passe presque entière dans l’intervalle. Je te caresse mais je n’écorche pas ta peau.
- Et mon ventre ! Ne veux-tu pas voir ce bourrelet, je ressemblerai bientôt au bonhomme Michelin, la graisse s’étale jusque dans mon dos.
Tâte là et là. C’est affreux !
Je tâte, je caresse, je l’embrasse pour mettre fin à la crise d’angoisse, je la pousse sur le lit, j’ouvre l’accès à son sexe, je plonge dessus avec la bouche. Je la lèche, mes lèvres la travaillent, sucent, aspirent, l’affolent :
- Comment peux-tu encore aimer sucer ma vulve lippue, bientôt il en coulera de la graisse.
- J’adore ta cyprine, je ne connais aucun nectar aussi enivrant.
Julie tressaille, son ventre se projette vers mes lèvres suceuses, elle geint, je la couvre, je la prends, je l’aime. La montée du plaisir la calme, elle jouit. Apaisée elle court au bidet. L’eau coule. Elle s’endormira. Est-elle rassurée ? Rien n’est moins sûr. Elle reviendra à la charge un autre soir, triste à mourir, angoissée:
- Les autres me toisent et me plaignent, je le sens; moi-même j’en arrive à ne plus me supporter. Je me trouve moche. Dis, toi aussi tu remarques que je suis grosse ?
- Mais non, tu es belle, de plus en plus désirable. Si tu avais été plate comme tes deux cousines, je ne t’aurais pas remarquée. J’aime tes petites rondeurs, ces volumes harmonieux et bien répartis, ta poitrine généreuse et tes fesses joliment rebondies. Surtout, ne change rien.
- Oh ! Non, tu te moques. Toi aussi tu parles de mes « rondeurs ». Je les déteste. Je me ferai opérer.
J’ai d’abord fait le sourd. J’ai supposé que c’était un moment de déprime passager. Elle oublierait. Mais Julie aborde le sujet de plus en plus souvent. Sur internet elle se renseigne sur les méthodes, cherche le chirurgien, compare les prix. Chaque recherche relance la conversation :
- Tu ne veux pas me prendre au sérieux. Tu ne veux pas comprendre que je suis mal dans ma peau.
- Mais je t’aime comme tu es. Il n’y a rien à retoucher, je t’assure. C’est comme tu es que ton mari t’aime. L’opération serait inutile et il y a tellement de stars déformées par ce type d’interventions de chirurgie esthétique. Je suis si fier de ta beauté.

Si je le dis, c’est que je le pense. Mais Julie n’en veut rien croire. Quellle crétine a sur elle une influence suffisante pour la persuader de la nécessité d’une liposuccion. Heureusement quand je lui suce le bouton, il n’en coule pas de graisse ! N’aurait-elle pas trouvé tout simplement un moyen d’attirer mon attention sur la beauté de son corps et pour m’entraîner à des caresses et attouchements qui se terminent invariablement en joute amoureuse ? Eh !Bien, tant mieux.
Elle poursuit avec acharnement de plus en plus fréquemment.
- Pour toi, mon corps est parfait, tu me fais si bien l’amour ; mais je sens le regard des autres sur ma graisse. J’ai honte de me montrer.

Pendant des mois j’ai lutté pied à pied contre une lubie de ma femme de 28 ans, elle se trouve moche, et répète sans fin par le détail tout ce qu’elle reproche à son corps : les seins pendants, le bourrelet sur le ventre, la charge sur l’intérieur des cuisses, le trop plein des hanches, l’épaisseur des omoplates. Tout est à remodeler. Julie pince ses poignées d’amour, relève à deux mains sa poitrine ou la remonte en tirant les deux mains à plat sur le haut. J’en ris. Elle passe à la critique de mon début d’embonpoint :
- Tu te laisses aller, mon chéri, ce n’est pas une raison pour que je me néglige et ne réagisse pas . On m’a communiqué l’adresse d’une clinique en Tunisie où pour un tarif raisonnable on retaille à la perfection une silhouette.
Tiens cette attaque contre mon petit ventre me fait cogiter. Je me « laisse aller, je me néglige » dit-elle : est-ce que moi aussi j’éveille chez Julie du dégoût, de la honte. Mon corps ne lui plairait plus ? Elle se livrerait aussi à des comparaisons avec les autres hommes, avec un modèle particulier ? Elle aurait un idéal masculin auquel je ne correspondrais plus. Un autre homme lui aurait tapé dans l’œil et cela pourrait expliquer sa volonté de se transformer pour lui plaire, à lui. J’aurais intérêt à me méfier. Je vais me remettre au sport et, sans opération onéreuse, travailler ma silhouette.
Julie s’est inscrite à un club de gymnastique, elle essaie d’éliminer le maximum de matière graisseuse de façon naturelle pour préparer l’opération à Tunis. Elle n’en démord pas. Ses cousines, modèles longilignes conservent leur minceur dans ce club. Je me moque parfois de leur maigreur, des os à fleur de peau. Erreur de manœuvre et horreur : Julie voudrait leur ressembler. Ces deux là ne m’ont jamais pardonné le choix de Julie comme épouse. Je ne serais pas étonné d’apprendre qu’elles incitent Julie à modifier ses formes. C’est désespérant, je m’insurge:
- Oh ! Non, ma chérie, ne deviens pas comme ces deux squelettes. Je préfère avoir une femme bien en chair et en bonne santé. Quand nous nous sommes connus, je t’ai préférée à elles, précisément parce que tu étais bien moulée, avec de jolis arrondis, des joues roses, de belles gambettes, si différentes de leurs jambes plus fines que des baguettes de pain. Tu es bien plus appétissante que tes cousines si sèches, si transparentes.
- Ce que tu peux être vieux jeu, mon pauvre Jean ! Vois les défilés de mode. Toutes les filles sont idéalement minces ! Je serai de mon époque.

Pour commencer, je me remets au footing, le soir le long du canal, quand Julie peut garder Clovis. Puisque l’aspect physique a tant d’importance, je vais moi aussi faire le nécessaire pour lutter contre une concurrence possible dont l’existence insidieuse menacerait mon couple.
Cette semaine Anaïs et Victoire sont venues encourager Julie. Elles ont repris pour moi ses arguments en faveur d’une liposuccion. De toute façon j’aurai tort contre trois femmes Victoire a insinué lâchement que j’étais radin et que mon refus tenait à une forme d’avarice. Julie devant elles a annoncé fièrement :
- Je me constitue une réserve d’argent pour payer le déplacement et l’acte chirurgical. Je te demande de pouvoir garder une part plus importante de mon salaire pour arrondir ma cagnotte.
Elle accréditait ainsi devant témoin ma pingrerie et les deux garces m’ont regardé avec une moue de mépris. Elles ont lâché leur venin :
-Enfin, tu dois soigner ta femme. Veux-tu sortir avec une mémère? Paie lui cette opération indispensable pour qu’elle s’estime et qu’elle s’aime.
Jamais nous n’avions eu la moindre discussion à propos de la participation de chacun au budget du ménage : longtemps j’en avais supporté seul tout le poids. Julie avait repris le travail et avait voulu participer aux dépenses du ménage en proportion de nos salaires. Et soudain, après une accusation d’avarice tombée à point, elle remettait en cause notre accord ; devant ses cousines qui plus est. Elle a remarqué que je tiquais et s’est empressée de rectifier le tir :
- Je souhaite que tu m’accompagnes pour me tenir la main au réveil. Je paierai tout de ma poche.

Vexé d’être mis en demeure publiquement, j’ai réagi assez vivement :
- D’accord, nous règlerons la question d’argent en tête-à-tête, cela ne regarde pas tes cousines.

J’étais heureux de les remettre en place. Je contrai ensuite Julie, trop complice de ces deux serpents:

- Mais ne compte pas sur moi, je suis contre le principe de l’opération, donc je ne t’accompagnerai pas. Trouve quelqu’un d’autre pour te tenir la main au réveil.
- Jean, tu ne vas pas la laisser partir seule. Tu es son mari, tu dois la soutenir. Et tu seras fier du résultat, dit Anaïs
Victoire l’autre grande bringue a été plus agressive
- Cousine, nous sommes sorties du moyen-âge. Tu es une femme libre, tu gagnes ta vie, tu n’as pas besoin de l’accord d’un mari ultra-conservateur. Fais comme bon te semble. Tu as raison de vouloir être belle et de vouloir continuer à plaire ! Ton corps t’appartient, tu en fais ce que tu veux. Prends ton rendez-vous dès que possible. Je serai à tes côtés.
« Ton corps t’appartient, tu en fais ce que tu veux». Cette déclaration a mis le feu aux poudres. Elle débordait largement du cadre de la simple liposuccion. Pourquoi Victoire n’osait-elle pas passer à l’étape suivante et dire « Prends un amant si ton mari n’est pas content ». J’ai quitté la pièce, je ne voulais pas perdre mes nerfs.
J’ai prouvé à ma femme que mon opposition n’était pas de nature économique, elle pourra retenir sur son salaire ce qu’elle souhaite pour réunir les fonds nécessaires à la liposuccion. Depuis Julie boude, se tait. Le torchon brûle.
Si elle se fait extraire des molécules de graisse, si elle veut retrouver une taille de guêpe, rebâtir, amincir et changer, c’est peut-être pour elle, ce n’est certainement pas pour le mari auquel elle fait si souvent la gueule. Il ne se passe plus grand-chose dans notre lit. Julie exerce une forme de pression décourageante. Si je tente un rapprochement, elle bougonne :
- Comment peux-tu désirer faire l’amour avec un sac de patates comme moi. Jean tu as mauvais goût, je ne suis plus désirable. Promets-moi de venir avec moi à Tunis. Tu veux m’aimer, alors sois gentil, dis-moi que tu approuves mon initiative.
Ainsi Julie marchande ses faveurs. Son entêtement, l’intervention de tiers dans nos décisions me déplaisent et ne me rendent pas aimable.


J’ai trouvé un compagnon pour mon footing. André est meilleur que moi à la course, plus jeune, mieux entraîné, plus rapide au sprint ; il veut devenir professeur de sport en milieu scolaire. Il donne un coup de main dans le club de gymnastique du quartier, y effectue régulièrement des remplacements. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois lors de nos courses à pied, nous avons trouvé plus intéressant de courir à deux, en équipe, nous avons sympathisé. André est un chic type.
- Bon, ça suffit pour aujourd’hui. Jean tu retrouves ton souffle, tu es plus endurant, c’est de mieux en mieux. Viens chez moi, je t’offre un verre pour célébrer tes progrès. J’ai des jus de fruits bien frais.
André occupe un petit appartement au troisième étage d’un immeuble récent. Je connais ce bâtiment, Victoire et son mari y ont élu domicile au premier étage, j’évite de parler de cette harpie. André me fait visiter les lieux :
- Cuisine, salle à manger et une chambre, c’est bien suffisant pour un célibataire. Je trouve ingénieux le grand placard qui sépare les deux pièces principales et qui s’ouvre de chaque côté. Qu’en dis-tu ?
- Bonne idée, c’est vrai. La salle de bain avec WC est une moins bonne idée. Oui, mais pour quelqu’un qui vit seul…
- Permets que je t’arrête. Je suis célibataire, mais je vis rarement seul. J’adore la compagnie.
Zut, André s’est-il fait des idées ? Cherche-t-il un « compagnon » ? Il perçoit ma gêne et précise:
- Ne te méprends pas, je parle de la compagnie de jolies femmes
Je deviens indiscret pour éviter les malentendus. Habituellement j’attends les confidences mais je ne tire pas les vers du nez de mes interlocuteurs : :
- Tu as une fiancée ?
André s’esclaffe.
- Ah ! Non. Je suis trop jeune pour me lier à une personne. J’ai des copines, des amies, j’adore les filles et quelques unes ont la bonne idée de me trouver à leur goût. Alors je les reçois ici, dans mon nid. Tu as vu mon lit double. Je m’y ennuie rarement seul. Pourquoi me regardes-tu comme ça. Tu es marié ?
- Oui et j’ai un fils.
- O malheureux ! Qu’avez-vous tous à vous mettre la corde au cou ? Tu es un ami : il faut que je te montre le défilé de filles et de femmes qui se précipitent entre mes draps. Tu vas regretter de t’être laissé prendre au piège d’une seule femme. Pour toi c’est toujours la même soupe dans le même pot. Je change de menu à volonté.
- Évidemment, un prof de sport ça doit exciter les imaginations. Mais l’amour ?
- On verra ça plus tard. Pour le moment, je baise deux ou trois nanas par semaine, des jeunes filles parfois, le plus souvent des femmes mariées. Les demoiselles prennent trop de précautions. Les femmes mariées se lâchent plus facilement. Elles savent se soigner pour ne pas contaminer leur homme : refiler une chaude pisse à un mari fidèle est hors de question ! Elles ne trimbalent pas de surprises et en cas d’accident, de grossesse par exemple, elles ont un père sous la main : leur mari. Je suis libre comme l’air. Tu ne me crois pas ?
- Mais si. Je suis juste un peu surpris. Surtout des femmes mariées, dis-tu, n’est-ce pas étonnant; comment fais-tu ?
- Que penses-tu qu’elles viennent chercher à la gymnastique sans leur mari ? Pas toutes, mais la plupart imaginent trouver un ami, un confident, pourquoi pas un amoureux nouveau, un amant vigoureux : le prof musclé, le mâle endurant est un fantasme fréquent chez les épouses insatisfaites. Je t’en parle en connaissance de cause. L’essentiel est de s’organiser, de ne pas se laisser déborder, d’établir un roulement et de savoir éviter les conflits avec doigté. Je m’en tire assez bien, sans me vanter.
- Tu sais qui veut quoi ? Tu distingues celles qui en veulent et celles qu’il vaut mieux écarter ?
- Prenons un exemple. Arrive une nouvelle aux séances de sport.. Tu soulignes gentiment entre quatre z’yeux un petit défaut d’exécution d’un mouvement. Celle qui a des envies va venir sans arrêt demander si elle fait mieux, demandera des exercices supplémentaires à la fin de la séance, tu auras du mal à t’en débarrasser : le fruit est mûr et bon à cueillir.
- Ce n’est pas possible, c’est aussi facile ?
- Bien sûr, il y a les muscles, le savoir faire d’un côté et un besoin de sexe de l’autre côté. La demande existe et c’est un art de la satisfaire. Tiens, restons concrets. J’appâte une jeune femme depuis quelques mois. Il faut savoir patienter avec certaines. Un jour je lui ai glissé qu’elle avait un léger surpoids. Elle s’est d’abord vexée. Puis elle m’a demandé des conseils de diététique. Elle trime pendant la gym, transpire à grosses gouttes, veut suer ses kilos superflus, veut retrouver la ligne. En réalité elle a un corps de rêve. Mais elle voudrait me séduire, j’ai droit à des œillades langoureuses continuelles. Je la fais languir, je cultive avec patience son désir de me plaire, je le fais croître pour l’amener à maturité. Je la pousse à se surpasser, à sortir des chemins battus, à entreprendre des choses folles, des choses auxquelles elle ne se livrerait pas pour son mari. Si elle adhère, si elle suit mes conseils et fait montre de bonne volonté, si elle commet des folies, elle sera bonne à cueillir. Le jour où je la coucherai dans mon lit pour la baiser, elle ne s’offusquera pas, elle n’ira pas crier au viol. Elle aura tellement souhaité aboutir dans mes bras, elle aura tellement attendu d’être possédée, elle aura tant rêvé, tant voulu m’appartenir qu’elle recevra comme une grâce ma reddition. Elle croira me vaincre en s’ouvrant sous moi. Finalement j’ai fini par lui recommander une liposuccion.
- Oh ! Pas possible. Malgré son corps de rêve ?
J’ai failli m’ en pensant à Julie. Qui la pousse elle, dans quel but ? André reprend hilare :
- Et ça marche ! Malgré le coût, malgré les douleurs possibles,malgré une nécessaire convalescence, malgré le risque d’un geste maladroit du chirurgien, malgré la crainte d’être défigurée, malgré l’opposition imprudente de son mari, un imbécile radin, elle a trouvé un institut où se faire opérer.
- Vraiment?

- C’est fou ce qu’une femme est capable d’endurer pour un coup de bite ! Elle doit payer pour m’avoir à elle, on ne m’att pas en faisant claquer son pouce contre son majeur. On me gagne ! Je t’apprendrai tout ça. La semaine dernière elle m’a proposé de l’accompagner pour remplacer son mari récalcitrant pendant son voyage en Tunisie. Celle-là, je vais me la faire. Ici où là-bas.Comment ne pas lui accorder une récompense méritée par son désir d‘être belle et désirable? , Elle est déjà bonne à consommer, mais je la laisse mijoter. Dans quelques semaines quand l’opération l’aura rassurée sur son aspect, quand elle sera remise et aura prouvé à son mari qu’elle avait raison de recourir à la chirurgie, il y aura un cocu de plus dans la ville.
- Est-ce bien honnête ?

-Après les bleus, les hématomes et les cicatrices, fière de son nouveau corps, elle viendra me l’offrir « pour me remercier de mes conseils si précieux», dira-t-elle. En réalité elle pensera être devenue irrésistible et je serai obligé de succomber à son charme: il suffit de savoir attendre. Rien ne presse. Et ce n’est ni la première ni la dernière : c’est un art. Je le cultive délicatement.
- Tu n’hésites pas à briser des ménages ?
- Ces ménages battent de l’aile, le lien du mariage s’effiloche et je cueille un fruit mûr sur le point de quitter sa branche. Je suis un bienfaiteur.Tu apprendras à apprivoiser les femmes mariées plutôt
que les demoiselles sources d'ennuis..

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