Le Chaton De Margot (Nouvelle Version)

J'avais seize ans à peine. Elle n'en n'avait guère plus. Ce qui nous a réunis, c'est ce chaton. Un chaton tout gris sans tache, tout homogène de fourrure, de couleur. Avec une tête étonnée de petit animal au pays des humains tout content de nous voir elle et moi qui le regardions, le touchions de nos mains emmêlées à le tripoter et s'effleurer mutuellement mine de rien avec tendresse.

On l'avait chopé qui passait par là. Moi, elle, je ne sais. Enfin on était là tous deux ce chat minuscule dans les mains à se gaver de douceur l'un avec l'autre.

Elle était frêle brune longs cheveux sur les épaules yeux géants de BD japonaise et mini tétés pointus sous le polo. Je l'ai serrée à la taille et elle s'est collée contre moi nos mains et le chaton toujours en contact étroit.

Dans ma main, entre pouce et index la tête de la bête avait trouvé son havre et son petit corps à la toison fine reposait comme couché sur canapé dans ma paume.
Margot caressait son ventre de deux doigts aimants son bassin osseux collé au mien.

Cette image, que je n'ai pas vue mais vécue, est restée dans ma mémoire.

Ma main à sa taille à travers la cotonnade légère d'été. Ma main qui sentait tout de sa peau de ses chairs de ses os. Et puis la pression d'elle contre moi qui voulait, voulait. Et puis cet animal souriant dans nos mains tout petit tout fragile qui attendait tout de nous...

L'été n'a pas permis plus que cet instant.
Trop jeunes trop innocents trop inconscients l'un et l'autre du miraculeux de l'instant, nous l'avons laissé s'envoler dans la mémoire de l'enfance.


Le chaton, nous l'avions baptisé. Mais là, ma mémoire défaille ... Grisette ? Oui, c'est ça, Grisette. Ou alors Grison...
Avions nous su voir s'il était garçon ou fille ?

Je me souviens que, question genre, c'était première pour moi que de m'émouvoir pour une personne du genre opposé.



Toi.

Ma tête est allée contre ta joue et mes lèvres à ton cou. Ton odeur de brune était de sable, de lavandes, de genêts et j'aurais voulu biser tes lèvres.

Mais ça ne s'est pas fait.
Du moins pas cet été-là…

***

Les étés, c'est comme la vie, ça vient, ça va.

L'été suivant, elle était à nouveau là ... voisine de villégiature. Tout l'hiver durant j'avais pensé à elle. Et, je l'ai très vite su, elle avait, elle aussi, pensé à moi tout ce temps durant.
On ne s'était pas concertés mais toute une année à penser avait attendri nos âmes et nous étions mûrs, fin mûrs.

Au premier jour je l'ai cherchée et comme elle me cherchait aussi, on s'est très vite trouvés.
Elle était plus grande que dans mon souvenir. Sa tête même avait changé. Elle n'était plus la petite fille que j'avais rêvée dix mois durant. C'était une grande fille, sérieuse, moins rieuse que d'antan. Et qui, en plus, me regardait avec un air étonné.

Pourtant moi j'étais bien le même. Moi je n'avais pas changé.

Elle s'est coulée contre moi et a dit, tu es un homme maintenant. Et moi j'ai compris qu'il me fallait la protéger. J'ai serré ses épaules de mes deux bras et elle a posé sa bouche à mon cou, sa tignasse à mes lèvres à mon nez.

Le temps avait fait le chemin entre nous et nous étions plus proches par ces trois saisons de rêverie que nous n'aurions pu l'être de cent promenades.

Son corps s'était collé au mien et je sentais la chaleur de ses cuisses sur les miennes, de son ventre, de ses seins.
Ses seins étaient pleins durs impérieux et poussaient sur mon propre thorax pour exprimer son nouveau statut de grande.

Elle ne voulait pas être en reste devant l'homme qu'elle me voyait être devenu. Elle voulait, elle aussi, montrer sa mue et me dire clairement, je suis femme.

Moi, j'étais timide et même gêné. Je gardais le bassin en arrière pour, discrètement, cacher ma bandaison.
Pourtant quelle fierté en mon esprit de me sentir ainsi glorieux devant elle, par elle.

Elle m'a dit Grison est lui aussi devenu grand. Viens, la voisine l'a recueilli. Et nous avons couru main dans dans la main jusqu'à une parcelle, fouilli de hautes herbes entre deux villas. Là, sous un prunelus aux feuilles rouge sombre, de l'autre côté du grillage le chat nous attendait, nous regardait.

Elle s'était recroquevillée accroupie assise sur ses talons, sa robe tendue sur ses deux cuisses comme cuvette. Le chat gris s'est faufilé par un trou du grillage et est venu planter ses griffes dans le tissu de coton imprimé des couleurs de l'été, puis a sauté se couchant entre les cuisses ouvertes comme dans un hamac, nous regardant chacun à tour de rôle de ses yeux jaunes bouton d'or.
J'étais tout ébahi qu'il m'eût reconnu. Ma main est venue à son dos rond en caresse du poil fin de sa fourrure. Ma mie l'a pris dans ses bras comme on prend un bébé, long corps allongé, ventre offert, yeux ennamourés de chat tendre abandonné à la caresse en confiance.

Elle a levé les yeux vers moi et j'ai vu alors qu'elle était coquine.

Sa main dans la toison claire du chat, gris clair, est descendue en caresse foisonnante d'entre les pattes de devant jusqu'entre les pattes de derrière. Jusqu'à son bassin, jusqu'à son abdomen.
Jusqu'à empaumer le soyeux d'entre pattes et queue.

La bête avait entamé un ronronnement de petit patapon, tendre et discret.

J'ai vu le geste, j'ai vu ses yeux, j'ai aussi vu les yeux du chat quand, entre pouce et index, elle a saisi le minuscule bouton de chair rose, a fait glisser hors du fourreau la tête brillante et a lentement branlé la petite tige.

Le chat ronronnait comme Piper au point fixe avant décollage.

Son autre main était sur moi. Sur ma chemise, à ma ceinture, sur ma braguette. Elle serrait fort. Et moi j'étais ailleurs. Moi j'avais tout compris. J’ai posé ma main sur la sienne, pour la garder contre moi, pour me garder sous sa protection, pour exprimer ma consentance.


Elle, était béate de satisfaction de l'harmonie qu'elle avait trouvée et dont elle était le noeud.

Le chaton était lui aussi devenu grand en un an passé. Il me regardait ou du moins avait les yeux fixés sur moi. Je crois plutôt qu'il regardait dans le vide derrière moi, loin derrière.
Il était allongé les quatre pattes en éventail, son ventre presque blanc tendu sous le fin duvet. Et son ronronnement tenait plus du ronflement d'un humain que du doux murmure d'un matou de maison.

Les deux doigts de mon amie s'emballèrent et le chat a tendu sa nuque en arrière bouche ouverte sur ses dents pointues et sa langue rose. Son râle nous a rapprochés elle et moi. Sa main sous ma main sur ma bite tendue.

Elle a dit, quand on voit ce qu'un tout petit animal est capable de donner on pense avec effroi à la quantité qu'un homme doit probablement gicler.

Elle a posé la bête apaisée dans l'herbe. Celle-ci s'est roulée en boule, tête engoncée dans sa fourrure, immobile.

Elle, s'est retournée vers moi. Sa main gauche était toujours crispée sur mon érection. Sa droite, couverte des épanchements du félin est venue sous sa robe à son slip et l'a tiré à ses chevilles. De deux trois mouvements de pieds elle a envoyé le fin chiffon auprès du chat dorénavant absent.

Elle m'a dit, sauras-tu, de même, trouver la minuscule tige au creux de mes mystères et opérer sur Grisette ce que j'ai fait sur Grison. Et ce disant elle ne me lâchait pas, maintenant sur ma virilité une paume préhensile diablement active.

Il lui a fallu renoncer et lâcher sa proie. J'étais tombé à genoux la tête remontant ses cuisses jusqu'à soulever de ma chevelure le tombant de sa robe pour goûter, tête en arrière lèvres en avant, sa douce toison de brune, fine pilosité disciplinée encore assez légère pour ne rien cacher de ses intimités.

La lumière de l'après-midi, à peine estompée du tissu imprimé aux couleurs chaudes de sa robe, illuminait l'écrin sombre de son abricot juvénile.
Là, dépassant à peine, la boulette rose de ses délices dardait une minuscule tête luisante.

Ma langue a glissé furtive.

Je savais ce qu'elle attendait. Je l'avais vu à l'œuvre quelques minutes auparavant.
Mais moi je rêvais d'autres caresses. J'avais tout au long de l'hiver imaginé ce moment de mes lèvres sur son petit, tout petit bipmini. Et même encore au printemps qui avait suivi.

Alors les doigts je ne les ai pas mis. C'est ma bouche, mes lèvres, ma langue qui ont mené la sarabande qu'elle attendait.
Mes mains, elles, étaient à ses fesses, empaumantes, déterminées.

Quand elle a crié, longuement crié, le chat s'est réveillé et nous a regardé, complice.

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