Ma Déchéance.

Ma déchéance, histoire inspirée de faits réels…
6 janvier 2009. Je sors du supermarché en poussant mon chariot rempli de victuailles. Jus de fruits, champagne, fruits de mer, amuses gueules, je pense n’avoir rien oublié… Je regarde ma montre. 15 heures. J’ai largement le temps de préparer le repas, de faire un peu de ménage et de me préparer pour la soirée. «Je veux que tout soit impeccable et que tu sois sur ton 31 » a exigé Julia et je vais tout faire pour ne pas la décevoir… Je me dirige vers la voiture en ondulant peut-être un peu trop des fesses : l’habitude... Des gens me regardent, des mecs surtout, goguenards, mais cela m’est égal : je suis heureux ! Six mois que j’attendais ce moment ! Six longs mois qui ont été durs à vivre mais ce soir je le sens, je le sais, une page va se tourner… Enfin ! Hier matin, Julia a parue enchantée quand je lui ai fait part de mon intention de lui organiser sa soirée d’anniversaire. Il y a longtemps que je ne lui avais pas vu une telle satisfaction sur son visage. Son intérêt pour ce projet, son semblant de sourire, ont ravivé en moi l’espoir de la voir oublier le passé et de reprendre notre vie comme avant ou du moins de s’en rapprocher… Avant : c’était il y a six mois. Peu de temps en fait mais cela m’a paru tellement long…
Tout a basculé au début du mois de juillet, quand elle a découvert que je la trompais. L’histoire habituelle : un numéro de téléphone sous un prénom féminin oublié dans le fond d’une poche, une enquête poussée comme seule les femmes peuvent les conduire avec au bout la confirmation de ses soupçons. Pour moi, un mauvais souvenir inoubliable…
Ce jour-là donc, je venais de rentrer d’un énième rendez-vous à Pôle Emploi. Je revois encore Julia m’attendant assise dans le canapé, un verre de whisky devant elle, elle qui ne boit jamais. Ses yeux me fixent avec une dureté incroyable et un mépris dont je ne l’aurais jamais cru capable. Ses mots sont tout de suite très durs : « Tu es une merde, un salaud, une ordure !! Tu me trompes ! Sans doute depuis longtemps, inutile de nier ! Après tout ce que j’ai fait pour toi !! Tu es un pauvre type et tu vas retourner d’où je t’ai sorti : de la rue et retrouver tes petits boulots merdiques ! Ta valise est là.

Tu la prends et tu disparais !! » En quelques minutes le monde s’écroule et avec lui toute ma vie. Je perds tout si je la perds : l’amour – car malgré ce qu’elle peut penser, j’en suis fou amoureux - la sécurité, le confort, les projets…Tout quoi… Je suis effondré, je bafouille, tente de parler mais elle me coupe à chaque fois. Je tente de venir vers elle pour la prendre dans mes bras, elle me gifle à toute volée furieuse, ses yeux lance des éclairs de haine. « A genoux, sale chien ! Je ne veux pas t’entendre ! » J’obtempère prudemment espérant que ce geste de soumission suffise à apaiser sa colère. La tête baissée je laisse passer le gros de l’orage. Elle crie, me lance plusieurs objets à la figure, me pousse de ses pieds… Une heure plus tard, mes genoux me font mal, j’ai mal à la tête, j’ai soif, je souffre de l’estomac... Elle, dans le canapé a bu deux whiskys bien tassés, passés devant moi plusieurs coups de fils à des inconnus à qui elle a expliqué une bonne douzaine de fois tous les détails de son infortune. A sept heures du soir, elle parait souvenir que j’existe : « Tu es toujours là toi !? » J’articule un timide « oui… » « Disparais vite ! Je ne veux plus te voir ! Allez dans le placard ! » Je rampe prudemment vers le placard à balai où je sais que je vais trouver la réserve de bouteilles d’eau et de lait. De quoi apaiser ma soif… Passer la nuit dans ce réduit de 2 m2 ne m’enchante guère mais je suis soulagé de ne pas devoir quitter l’appartement…
Je me réveille au petit matin, courbatu et hébété… Qu’est- ce que je fais là affalé sur ce tas de serpillères et de sacs, dans l’obscurité la plus totale ? D’un seul coup, les évènements de la veille me reviennent en mémoire avec, omniprésente, l’image de Julia furieuse, son regard, ses paroles, ses insultes… Une sourde angoisse me monte aux tripes. Que va-t-il se passer maintenant ? Julia va-t-elle me pardonner mon infidélité ? Va-t-elle me jeter dehors comme un malpropre ? C’est ce que je crains le plus en fait, sachant que sans domicile, sans travail et… sans elle je ne suis plus rien, je n’existe plus… Retourner Place du Tertre, galérer pour vendre mes croûtes à des touristes ignares et radins serait au-dessus de mes forces.
C’est fou comme je regrette et comme je culpabilise… Je mérite tout ce qu’il m’arrive, je me suis cru plus malin que les autres et voilà où cela m’a mené… La sonnerie assourdie du réveil m’arrache à mes pensées. Je colle mon oreille à la porte tentant d’entendre les bruits rassurants du lever de ma chérie. Comme je l’aime, comme je voudrais être avec elle, près d’elle en ce moment !! Cà y est je l’entends bailler, je la vois s’étirer, sortir ses jambes du drap… dans mon imagination… Elle s’est levée… J’entends maintenant le claquement de ses mules sur le plancher. Elle approche dans le couloir… Je me redresse, persuadé que la porte va s’ouvrir… Mais non, les pas s’éloignent dans la cuisine. Elle chantonne en se préparant un expresso… Qu’est- ce que je ne donnerais pas pour déguster moi aussi un bon café ! L’odeur du pain grillé s’insinue sous la porte me rappelant que je n’ai pas mangé depuis hier midi. Soudain la sonnerie de son portable : « ti ta ti tata » je le reconnaitrais entre mille. Elle se met à parler en riant de temps à autre. Je n’entends pas ce qu’elle dit mais il me semble qu’elle est avec une personne très proche : sa voix est douce, le ton chaleureux…Une de ses amies sans doute. Je suis terriblement jaloux ! Je voudrais tant qu’elle me parle encore comme cela à moi, mais ce n’est, hélas plus possible... Elle arpente le couloir dans ma direction tout en discutant. Je saisis une phrase au passage « toujours dans son placard… » Qui cela peut-il bien être pour qu’elle lui confie que j’ai passé la nuit dans un placard à balai ? Quelqu’un de très intime… Murielle peut-être ? A l’idée que sa soeur est au courant je me sens affreusement humilié… Murielle ne m’a jamais beaucoup aimé, je ne sais pas pourquoi, ou plutôt si : elle doit me trouver dragueur, la main un peu baladeuse… Et je dois reconnaitre qu’elle a raison. Mais qui aurait pu résister ? Murielle est une très belle fille. Pas autant que Julia peut-être mais beaucoup plus sexy dans sa manière de s’habiller.
Elle porte couramment des jupes courtes, petits hauts ajustés à sa volumineuse poitrine, des talons hauts…Tout ce que j’aime ! Alors j’ai succombé… comme d’habitude…
Mon « dérapage »-le tout premier- était intervenu à l’occasion d’un réveillon du jour de l’An au début de ma liaison avec Julia. Je voyais Murielle pour la première fois… Belle, souriante, sensuelle, féminine… Tout de suite, j’étais tombé sous son charme ravageur ! Je la revois encore… Elle portait une robe fourreau bleue largement fendue sur les côtés et échancrée dans le dos jusqu’à la naissance des fesses ! Comme si cela ne suffisait pas, le tissu fin et légèrement transparent, ne cachait rien de ses formes voluptueuses, en particulier ses seins dont on devinait les tétons dressés. Cette robe était un véritable appel au viol ! Tous les mecs sans exception la dévorait des yeux mais cette garce paraissait ne pas se douter du désir qu’elle nous inspirait... Elle ondulait à travers la pièce sur les talons vertigineux de ses sandales, découvrant à chaque pas ses jambes interminables gainées de bas noirs. Nos regards s’étaient croisés à plusieurs reprises, elle m’avait souri et je m’étais pris à rêver qu’elle ait pu me remarquer parmi la quinzaine de ses admirateurs, voire qu’elle ne soit pas insensible à mon charme. J’étais beau garçon, les traits fins, pas très musclé certes mais plutôt bien proportionné. Je m’habillais décontracté, genre « artiste », cheveux blonds mi- longs, chemise blanche au col largement ouvert, pantalon large en toile écrue… Un style qui avait plu à sa sœur Julia quelques temps plus tôt à Montmartre où je vivotais tant bien que mal, comme artiste peintre. Ce soir- là, j’avais brossé son portrait au fusain sous l’œil peu intéressé de son compagnon de l’époque, un type plus âgé qu’elle qui n’avait cessé de parler au téléphone. Pendant les quinze minutes qu’avaient duré mon travail le regard de Julia clair et ironique était resté plongé dans le mien comme pour me lancer un défi.
Troublé, j’avais inscrit sans y croire mon numéro de téléphone sous ma signature, ce qui n’avait pas échappé à ma belle cliente d’un soir. Une semaine plus tard, alors que j’avais abandonné tout espoir de la revoir, elle m’avait téléphoné… Un mois plus tard, n’osant croire à ma chance, je m’installais dans son luxueux appartement de Neuilly, fou amoureux d’elle comme elle paraissait l’être de moi…
J’aimais Julia à la folie mais ce fameux soir du mariage, je n’avais d’yeux que pour sa sœur Murielle, son petit cul cambré et sa poitrine provocante qui semblait vouloir s’échapper de sa prison de tissu. Mon imagination aidant, je me voyais bien en train de lui faire l’amour, elle dans des poses lascives et impudiques, moi dans la position du mâle dominant et sûr de lui… Une érection formidable déformait mon pantalon au point que je n’osais me lever de ma chaise. A la fin n’y tenant plus, j’avais dû partir me masturber dans les toilettes en l’imaginant à ma merci, à genoux devant moi, folle amoureuse de ma queue tendue. Au retour dans la salle, apaisé et un peu honteux, je l’avais invitée à danser. Elle avait accepté en souriant de façon équivoque, du moins il me le semblait… Pendant le slow, mes mains avaient subrepticement glissé de ses hanches et je m’étais laissé aller à caresser ses jolies fesses sans qu’elle ne se dérobe. Il me semblait au contraire que sa façon de s’abandonner dans mes bras traduisait une certaine attirance pour moi. Mes caresses s’étaient faites plus appuyées et je m’étais mis à frotter mon sexe qui avait repris de belles proportions, contre son ventre ce qui parut ne pas l’offusquer outre mesure au contraire… La garce se collait à moi sans pudeur au point que je fus sur le point d’éjaculer dans mon boxer ! Fou de désir et sans réfléchir aux possibles conséquences je m’étais brusquement détaché d’elle et l’avait invitée à me suivre dans un coin tranquille. Avec un petit sourire entendu Murielle m’avait suivi dans la salle de bains de l’appartement. A peine avais- je ouvert la bouche qu’elle m’avait fait taire en posant son joli doigt manucuré sur mes lèvres. « Chuuuut, désolée cher beau-frère mais je n’aime que les filles… Julia ne vous l’a pas encore dit ? ». Puis, après m’avoir décoché un sourire aussi ironique que ravageur, ma ravissante allumeuse m’avait planté là me laissant interloqué et affreusement frustré. Mon sexe dur et dressé me faisait mal mais la douleur n’était rien à côté de la panique qui commençait à m’envahir à l’idée qu’elle puisse raconter un jour à sa sœur que je l’avais draguée… Julia, d’une jalousie de tigresse m’avait prévenu qu’elle ne me pardonnerait jamais le moindre faux pas. Avec le temps, j’avais fini par oublier cet évènement mais je savais qu’à la moindre occasion, Murielle risquait de parler. Ce qu’elle n’avait sans doute pas manqué de faire au cours de cette terrible soirée de la veille…
Le bruit de l’eau qui coule dans la baignoire me tire de mes pensées. J’imagine Julia qui quitte son peignoir, son pyjama et qui se glisse dans l’eau chaude et moussante. Hummm… comme elle est belle ! J’ai devant mes yeux fermés ses petits seins hauts perchés, ses fesses rebondies et ses jambes faites au moule !! Une beauté parfaite ! Et j’ai été assez con pour la tromper avec d’autres filles qui ne lui arrivaient pas à la cheville ! Je repasse dans ma mémoire les visages de la quinzaine- euh… non la vingtaine- de mes ex conquêtes. Toutes sans charme, sans attrait, sans intérêt… Quel imbécile je suis ! Cà y est, ma chérie sort de son bain, elle se sèche, s’habille… Un tailleur sans doute comme d’habitude : chemisier blanc ou crème, jupe assez ajustée mais un peu trop longue à mon goût, chaussures presque sans talons : son style quoi… Elle se maquille ensuite légèrement, se coiffe en chignon, deux touches de parfum que je tente de respirer avidement sous la porte. Le bruit de ses clefs de voiture, là- voilà prête à se rendre au siège de son entreprise. J’ai espéré jusqu’à la dernière minute qu’elle me délivrerait de ma prison. En vain… Elle passe devant ma porte en coup de vent, tourne la clef de la serrure du placard puis disparait dans le hall d’entrée. « Tu sors quand je serai partie ! Prépares tes affaires et tu disparais. Ce soir en rentrant je ne veux plus te voir ! »
Je passe la journée à me morfondre, à penser à elle, à échafauder des stratégies… Ma valise est prête dans un coin de la chambre mais après trois tentatives j’ai renoncé à partir. Trop dur… Du coup j’ai décidé de tenter le tout pour le tout. Je vais rester, tenter de m’expliquer… Je me jetterai à ses pieds, la supplierai de me laisser une chance. Je promettrai tout ce qu’elle voudra. Je l’aime, je l’adore même et je suis prêt à tout accepter pourvu qu’elle me garde auprès d’elle. J’attends son retour avec angoisse et appréhension ! J’ai bu un verre pour me donner du courage… J’espère qu’elle aura réfléchi, qu’elle sera calmée et qu’elle voudra bien me pardonner… Dans le pire des scénarios elle me flanque à la porte avec ma valise et tout sera fini.
Le bruit des clés dans la serrure. Je me fige, tendu, le cœur battant la chamade… Julia passe devant moi sans un regard et disparait dans la chambre où elle s’enferme. Pour ne pas la brusquer, je décide d’attendre qu’elle sorte pour lui parler. Mon attente dure une heure, peut-être deux… Contrairement à ce que je redoutais, Julia a retrouvé son calme et me sourit presque en me regardant me trainer à ses pieds chaussés d’escarpins aux talons vertigineux. Elle a troqué son tailleur sévère pour une jupe noire courte, un pull crème à col roulé sans manche qui moule sa poitrine dressée. Elle porte des bas noirs et s’est maquillée de façon très sophistiquée. Ainsi vêtue elle est superbement attirante, je dirais même bandante si j’avais le cœur à la bagatelle. Est-ce pour moi qu’elle s’est faite belle ? J’espère un court instant qu’elle a réfléchi, qu’elle a compris que mon infidélité découlait-en partie- de son apparence sévère et prude. Ses amies lui ont peut-être dit que le meilleur moyen de garder un mari fidèle était de se montrer sexy. Mais je me trompe lourdement…
-« Je sors ce soir… annonce-t-elle en enfilant ses pendants d’oreilles devant le miroir. Tu sais où je vais ? Je vais me faire sauter ! Pourquoi tu fais cette tête mon chéri ? C’est le mot qui te choque ? Mais c’est bien celui que tu emploies avec tes pétasses dans tes sms, non ? Ah… c’est le fait que je vais baiser avec un autre mec qui t’ennuies… Je ne vois pas de quel droit. Il n’y a pas que toi qui a le droit d’en profiter… Vois- tu j’ai envie de d’être désirée par un vrai homme, pas un obsédé sexuel comme toi… Quelqu’un qui saura m’apprécier à ma juste valeur et qui me fera bien l’amour. Je ne sais pas quand je vais rentrer. Une discussion ? Demain peut-être, je verrai… D’ici là, tu gardes l’appart pendant mon absence. Il faut bien que tu serves à quelque chose. Tu peux dormir dans la chambre d’amis, utiliser la cuisine et la salle de bain mais je veux que tout reste impeccable, nickel ! Compris ?
- Oui ma chérie. Je ferais tout ce que tu voudras… Pourvu que tu me gardes avec toi… je réponds lamentablement.
- Je ne suis plus ta chérie. A partir de maintenant tu m’appelles Madame et tu me vouvoies. Ok ?
(à suivre)

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