L'Expérience D'Un Co-Loc

(Récit très librement inspiré par un récit de Isaac Abel : A frat boy's gay experience)

Il est quatre heures de l'après-midi en ce dernier jour du semestre à la fac. Alex et moi sommes épuisés. Nous bras et nos jambes sont emmêlés au travers du futon . Nos yeux clignottent. Je déplace ma tête pour qu'elle repose sur sa poitrine et murmure, "je vais prendre une douche, tu peux venir si ça te tente".

Je connais Alex depuis notre entrée à la fac. Nous sommes maintenant en troisième année, dans des disciplines différentes, mais comme nous sommes tous deux responsables de clubs sur le campus, nous passons pas mal de temps ensemble à mettre au point des programmes d'activités. C'est ainsi que nous sommes devenus amis, puis le hasard, qui fait bien les choses, a voulu que nous soyons également devenus co-locataires.

Alex est un grand type élancé, même un peu osseux, avec des cheveux bruns bouclés et des yeux verts. Il fait un peu effeminé et quand on le voit pour la première fois, on a l'impression qu'il en fait un peu trop, et c'est probablement le cas. Certains disent que nous allons bien ensemble, sauf que moi, je suis hétéro... enfin, j'étais.

Depuis ma plus tendre enfance, il n'a toujours été question autour de moi que de la supériorité du genre masculin. Mon père et mes frère se sont toujours comportés en petits mâles dominateurs vis à vis des femmes et des filles de la famille. Emporté par ce courant, j'ai longtemps suivi l'exemple de mes aînés. A onze ans je me prenais ma première baffe de la part d'une fille que j'avais voulu embrasser sans son accord, ce qui m'a ensuite permi de la honnir en la traîtant d'allumeuse et de sainte-nitouche. A quatorze ans j'avais déjà rompu quelques hymens et brisé quelques cœurs dans la foulée. J'ai usé mon adolescence à la recherche de proies faciles et j'ai vite perdu le compte de mes fugaces petites amies.

Jusqu'à récemment, j'étais persuadé que les garçons ne pouvaient baiser qu'avec des filles, et faire avec elles des choses merveilleuses, dont des bébés.

Tout le reste n'était qu'un salmigondi de perversions. Ce fut donc un choc pour moi d'apprendre en cours de psychologie qu'il pouvait y avoir un décalage, parfois énorme, entre le sexe biologique, celui qu'on a entre les jambes, et le sexe psychique qu'on a dans le cerveau. Des hommes physiologiquement bien constitués pouvaient donc avoir des pulsions de filles et aller avec d'autres garçons, et de même pour les filles.

C'est à partir de là que j'ai commencé à faire l'introspection de ma propre sexualité, et à me laisser approcher par Alex et ses "amis". A chaque soirée ou j'étais invité, j'observais sans m'impliquer les différents rôles sexuels qu'ils endossaient, au gré des circonstances, et je me posais moi-même des questions. Avais-je toujours été aussi hétéro que je voulais bien l'admettre? Comme par exemple les fois où je m'étais masturbé entre les fesses de mon cousin, d'un an plus âgé que moi. Ou encore ces petites réunions après l'école où nous comparions la taille de nos bites. Sans parler des concours à celui qui gicle le plus loin, en colonies de vacances, parfois aidé par la main du copain. Stop! il s'agissait de découvrir nos corps et nous faisions tout ça en pensant aux filles, au final. Oui, mais on se touchait mutuellement et on y prenait sûrement du plaisir. Le vers était dans le fruit.

Pendant des mois j'essayais de résoudre le mystère de ma propre sexualité. Il faut dire que c'était aussi le sujet d'un devoir qu'on nous avait donné. M'aidant de ce que j'avais appris aux soirées gay où Alex ne manquait pas de m'inviter, je tentais de me mettre en situation. Serais-je moi-même capable d'avoir des rapports sexuels avec d'autre garçons? Ou était-ce quelque chose d'inné? une perversion de naissance? A une de ces soirées un petit jeune en string tortillait son derrière sur lequel étaient peintes deux flèches pointant vers où vous savez, avec ces mots: "insérer ici". Il m'a fallu une bonne semaine pour admettre que j'avais effectivement eu envie de ce joli petit cul.
Il m'a fallu encore plus de temps pour admettre que je ne pouvais pas aller plus loin dans mes réflexions sans essayer, pour en avoir le cœur net.

Alex n'esquive jamais mes questions. A l'issue d'une soirée bien arrosée je le branche sur le sujet. Il joue le jeu comme à son habitude et je lui lâche tout de go que j'aimerais bien avoir une expérience homosexuelle. Après tout, j'ai appris en cours que les filles se livraient beaucoup plus facilement que les garçon à ce type d'expériences, pourquoi cette différence? Pourquoi nous autres hommes serions-nous plus que nos compagnes bloqués dans notre cadre sexuel?

Chiche, dit Alex qui se lève et vient se planter devant moi. Grisé tant par l'alcool que par l'excitation, je me mets à genoux, défais sa ceinture et baisse son pantalon. Je reste une minute à contempler la forme longue et dure qui sous-tend le slip et qui me prouve qu'effectivement, Alex joue le jeu à part entière. Pour libérer la bête, je tire délicatement sur la ceinture du slip qui ne tarde pas à rejoindre le pantalon sur les chevilles d'Alex. C'est la première fois que je vois un sexe en érection de si près et je ne peux m'empêcher d'approcher ma bouche pour enfin en gober le gland entre mes lèvres. Alex frémit. Je lui offre la fellation que j'aurais aimé qu'on me fasse.

C'est un véritable ouragan dans ma tête. Que penseraient mon père, mes frères et tous mes copains s'ils me voyaient? De tous temps j'ai entendu cette insulte masculine proférée en portant les deux mains croisées sur l'entrejambe : "Suce,!", à l'adresse d'un pauvre type, d'une femmelette. Dans l'inconscient collectif, la fellation est inmanquablement considérée comme dégradante pour celle ou celui qui suce, une pratique méprisable, qu'on peut s'offrir contre de l'argent. Pour un homme, la virilité à marée basse.

J'ai la bouche pleine du sexe d'un autre et le pire est que je trouve ça très bon. Je retrouve instantanément des réflexes ins, enfouis profondément au fond de moi, du temps où je suçais mon pouce.
Je fais tourner ma langue autour du gland, je titille le frein. Je salive d'abondance et quand je lâche l'objet quelques instants pour reposer mes mâchoires crispées, un long filet gluant nous relie encore. Petit à petit, je deviens plus ôsé. Limitées d'abord au gland, mes caresses buccales vont de plus en plus loin et bientôt j'ai pratiquement le gland dans la gorge. J'ai les yeux rivés sur la toison pubienne d'Alex qui s'approche et s'éloigne de moi au rythme de ma succion. Pendant que ma bouche opère, mes mains ne restent pas inactives, qui branlent la partie non immergée de la tige, soupèsent et caressent les bourses; un doigt s'aventure entre les fesses d'Alex, qui réagit au quart de tour.

Mon moi hétéro tente de se rebiffer devant cette infraction patente aux règles sociales, mais que pourrait-il encore dire? Je suis en train de sucer. Il jure que j'ai toujours aimé les femmes, que je joue au foot et que je sais réparer des pannes voiture, que je chausse du 46, que j'avais une copine que je viens de plaquer... Tout cela me semble presque comique. Ce n'est que dans ma tête!

Quand je reviens à la réalité, je suis couché sur le dos dans la chambre d'Alex et je le contemple. Je le regarde se mettre à genoux au dessus de mon bassin, son torse osseux parsemé de poils bruns bouclés. Je le regarde tendre son bras derrière lui et attr ma bite pour la caler entre ses fesses beurrées d'un gel froid. Puis, me regardant à son tour avec tendresse, il s'assoit lentement sur moi. Je n'aurais jamais cru que deux hommes pouvaient faire l'amour en se regardant. Puis je ferme les yeux et commence à me concentrer sur mes sensations, tandis que la langue d'Alex cherche la mienne. Je tourne la tête sur le côté et me mets à gémir doucement. Je mets mes bras au dessus de ma tête et arque-boute le dos.

Bien plus tard, je suis toujours allongé sur le dos, cette fois mes cuisses repliées sous le torse d'Alex dont le visage convulsé gémit à quelques centimètres du mien.
Brusquement, il se redresse et extrait son sexe de mon fondement, laissant mon anus béant déçu de cette séparation. Il se débarasse de la capote dont l'extrémité bien remplie pendouille au bout de ses doigts. Passée la surprise et la brûlure de la pénétration et une étouffante envie de rire et de pleurer en même temps, je me suis peu à peu habitué à ses dimensions et concentré sur les mouvements de ce corps étranger à l'intérieur de moi. C'est étrange comme on résiste instinctivement au départ, mais comme on ensuite on voudrait que ça aille toujours plus profond, une fois tout entré. Abandonné au rythme du va-et-vient, j'étais bien. Mon moi hétéro s'était définitivement tu. L'innomable à ses yeux était commis: j'étais enculé par un autre homme.

Plus que tout, "se faire" des filles était ce qui a toujours sécurisé l'acceptation tacite de ma virilité. Et d'une certaine manière, baiser avec Alex en est la continuation. C' est du moins une partie de la motivation, je pense. Je voulais mieux comprendre le sexe. Je voulais être meilleur avec les femmes. Je voulais savoir comment c'était de l'autre côté. Je ne sais pas où je vais, mais je ne reviendrais pas en arrière.

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!