Recette De Jouissance

Recette de jouissance
Dialogues Interdits, ou les conversations subversives et légères de deux personnages abordant tous les sujets sexuels, même les plus tabous. Une série d’histoires complètes, dont les épisodes peuvent se lire dans n’importe quel ordre.
Un nouvel épisode chaque samedi matin à 9 H et chaque mercredi soir à 20 H.

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— Chaque mec, c’était le même topo. Yeux exorbités, bouche ouverte, on aurait dit une grosse grenouille. Au moment de la jouissance le visage se crispe, se tord, grimace comme pour une douleur intense. Et finalement chacun était ravi, à mes pieds, et faisait tout pour me revoir. Le plus drôle c’est que tous avaient les mêmes attitudes, de l’ado timide au père de famille.
— Et il y en a eu beaucoup ?
— Pas mal… j’ai toujours adoré faire plaisir, attirer l’attention, être considérée. On peut dire que j’étais servie. Presque trop, j’ai dû bloquer pas mal de numéros. À la fin je ne donnais même plus le mien, juste un eMail spécialement créé pour les mecs, que je ne consultais qu’à l’occasion.
— L’idée de la prostitution t’es venue de là ? Quand tu t’es aperçue de l’effet que tu faisais ?
— À mon sens je leur faisais des choses toutes simples, presque des gamineries. Je n’avais pas du tout le sentiment d’être un prodige. Eux ne semblaient pas de cet avis. À mes yeux, la situation était aussi absurde que si je préparais une salade niçoise à un mec, et qu’il aime tellement qu’il en hurle de joie et se roule par terre en ronronnant.
— Je crois aussi que physiquement, tu encaisses super bien.
— C’est vrai que j’ai toujours eu une bonne constitution. Si deux mecs veulent me tirer des heures durant, ils peuvent, je n’en ressens pas la moindre souffrance ni irritation.
— Et les courbatures ?
— Gym et yoga chaque semaine. Aucun souci de ce côté là non plus.
— Tu n’as pas eu envie de te tourner vers la pornographie ?
— Je ne veux pas d’une vie publique, je ne veux pas qu’on me reconnaisse dans la rue.


— Avec tous les clients que tu as, ça pourrait pourtant arriver.
— Beaucoup plus rarement que si on me visionnait sur Internet. À Paris, oui il m’est arrivé de croisé un client ou un autre, généralement pas à son avantage, quand il est avec sa femme ou ses s. On fait semblant de rien, ça va de soi. Puis tu sais apparemment, le X ce n’est plus du tout comme avant.
— Parce qu’avant c’était rose ?
— Non, je pense que ça a toujours été aussi glauque. Avant au moins, c’était vraiment très bien payé. Aujourd’hui avec le porno amateur, il y en a carrément qui font ça gratuitement. Comment veux-tu lutter ?
— Il y a aussi quantité de filles qui couchent à droite à gauche tout aussi gratuitement.
— Gratuitement oui, mais sous conditions. Et pas n’importe où ni n’importe quand, ni pour n’importe quoi. Ni avec n’importe qui…
— Tu n’as aucune conditions ?
— Bien sûr que si. Bien moins qu’une fille lambda, autrement on ne viendrait pas me voir. Je ne vais pas exiger un cunnilingus, ni refuser une fellation ou une sodomie.
— Non, tu vas juste l’ajouter à la note.
— Naturellement.
— Ça doit te faire bizarre maintenant, quand un mec te baise en te traitant de pute.
— Ça n’arrive jamais. Les clients sont moins barbares que tu le penses. Puis… je crois que pendant une baise sauvage c’est la loi des contraires qui s’applique. Si on est avec une fille classique, on la traite de pute. Une sage, on la traite de salope. Par contre, traiter une pute de pute ou traiter une salope de salope, c’est bien moins courant. Mon légitime ne me traite plus de pute quand on fait l’amour, même si on fait l’amour brutalement… En fait depuis que j’ai commencé mon activité, il n’y a plus jamais de baise brutale entre nous. Plus que du romantisme.
— Normal, pour faire contrecoup. Et pendant vos disputes ?
— On ne s’insulte pas pendant nos disputes, quel que soit le degré. Et toi, tu aimes le brutal ?
— Pas des masses. D’ailleurs si on me traitait de pute pendant l’amour ça me gênerait, maintenant que je connais ton vrai métier.
J’aurais envie de prendre ta défense, de lui hurler « et alors, qu’est-ce que t’as contre les putes ? Y’en a des très bien ».
— J’apprécie. Mais te mets pas mal avec tes petits copains pour moi ! C’est sans importance, tu sais bien qu’ils ne le disent pas au premier degré. Ne mélangeons pas nos affaires… couche gratuitement de ton côté, laisse-moi coucher du mien de façon rémunérée.
— C’est parfait ainsi. J’espère que tu n’estimes pas que je te fais concurrence !
— Certainement pas voyons.
— Parce que le jour où les filles seront toutes faciles et coucheront sans faire d’histoire, c’est dans ton secteur qu’il y aura du chômage.
— Oui, il ne faudrait surtout pas que toutes deviennent comme toi.
— Et pourtant ! Tu ne sais pas combien de mecs m’abordent et que j’éconduis. Et combien de clients potentiels je délivre pour toi… À la rigueur tu devrais me donner des cartes de visite, j’aurais de quoi te les distribuer.
— Je plaisantais. D’autant que les hommes ne cherchent pas tant une fille qui couche (autrement, ils se contenteraient de troncher bobonne) qu’une fille qui fait exactement ce qu’ils veulent. Les masser à tel moment pendant tel temps, se mettre à quatre pattes dès qu’ils le décident… ça va rarement beaucoup plus loin. Il y a peu d’originaux.
— Tu ne prends jamais de plaisir ?
— J’ai la satisfaction professionnelle du travail bien fait, et le plaisir du client. On ne peut pas appeler ça du plaisir sexuel, si c’est ce que tu voulais entendre.
— Et où tu trouves ton plaisir sexuel ?
— C’est un peu le problème. Maintenant le week-end quand je couche, j’ai l’impression de faire des heures sup.

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