La Saga Des Esclaves Au Château Du Marquis D'Evans (Épisode N°945)

soumises prêtées au Château – (suite de l'épisode précédent N°944) -

J'essayais de me débattre, de le griffer, mais plus je gesticulais plus il resserrait son étreinte autour de moi . Il marchait d'un bon pas vers la maison dont la porte était grande ouverte . Mélanie était déjà emportée vers les étages et nous pûmes juste nous lancer un regard apeuré avant qu'elle ne disparaisse en haut de l'escalier .

Je me retrouvais temporairement seule avec le Comte . Mon cerveau fonctionnait à mille à l'heure . Je me demandais si c'était bien le Marquis que j'avais vu derrière la grille tout à l'heure . Quand je m'arrêtais à cette pensée, j'avais espoir : Espoir que Le Marquis reviendrait nous chercher, espoir d'une délivrance rapide . Mais quand je doutais de ce que j'avais vu, je plongeais dans les pensées les plus noires. Je me demandais ce qui allait nous arriver, ce que ce triste sire nous réservait .

Il ne me déposa pas au sol, bien que nous soyons à l'intérieur . Il attendit qu'un de ses serviteurs referma la porte à clef . Il me posa enfin et dès que je fus au sol, malgré que ma raison me disait que ce fut inutile, je me précipitais vers la porte, tentant de l'ouvrir avec toute l'énergie du désespoir . Je la secouais de toutes mes forces, tapais dessus, tirais la poignée avec violence espérant que peut être elle céderait .
Rien n'y fit, elle était beaucoup trop lourde et épaisse pour que je puisse ne serait ce que l'égratigner . Le Comte riait de me voir gesticuler ainsi, impuissante . Je me retournais vers lui, le foudroyant du regard .

- Mais que me voulez vous à la fin ? lui hurlais-je presque hystérique . Je sentais la panique monter, inexorable, ravageuse, je la sentais qui allait me submerger . Je voulais la contrôler, la maintenir à distance de ma pauvre tête qui me tournait .
Il riait encore et encore !

- Je te veux, toi ! et je t'ai .
- non !, vous ne m'avez pas, Monsieur le Marquis viendra et il me reprendra et vous paierez cher votre trahison .

j'en suis sûre !
- alors pourquoi cries tu, pourquoi pleures tu comme ça ? si tu en es si sûre ?

Il avait raison, je pleurais et je ne m'en étais pas aperçue, de grosses larmes roulaient sur mes joues . je n'étais pas certaine que le Marquis viendrait nous secourir, je ne lui avais causé que du soucis . Estimerait-il que je vaille la peine d'être sauvée ? Mon cœur souffrait d'un mal que je ne connaissais . Je me sentais perdue, abandonnée . Je me jetais aux genoux du Comte, espérant une quelconque pitié :

- Je vous en prie, avant qu'il ne soit trop tard, ramenez nous auprès de Monsieur le Marquis, ne nous faites pas de mal, il sera magnanime et oubliera toute cette histoire, je vous en prie Monsieur .

Mes mains se tordaient sous l'émotion, je levais les yeux vers lui, implorante . Il me fixait, et, sans prévenir, sans un mot, il me gifla à toute volée . Je tombais sur le flanc sous l'impact . Ma tête me tourna, j'entrevis un voile noir, je sentis un goût de sang dans ma bouche . J'essayais de me relever, il me donna une autre gifle qui me coupa le souffle . Je restais allongée de tout mon long . Je n'osais plus me relever, ni même le regarder . Je pleurais à gros sanglots, nue, meurtrie sur les pavés froids de cette demeure je me sentais perdue .

Il appela un des serviteurs qui attendaient là . Ils me relevèrent tous les deux par un bras et me trainèrent vers le fond de la pièce . Nous passâmes une porte, traversâmes une autre pièce et enfin ils s'arrêtèrent . Ils me laissèrent tomber là où j'étais, pantin désarticulé . Je tentais une nouvelle fois de m'asseoir, ce que je parvins presque à faire .
Le Comte se retourna . Je ne vis rien d'autre, n'entendis rien d'autre que sa main qui s'abattit une nouvelle fois sur moi . Cette fois je reçu le voile comme une délivrance, m'écroulais, inerte .

Le Comte me laissa là et sortit de la pièce avec son serviteur sur les talons .

Il retraversa toutes les salles, grimpa l'escalier 4 à 4 et pénétra dans la chambre où se trouvait Mélanie .
A son entrée, même la bonne sursauta . Mélanie se retourna et le vit dans l'encadrement de la porte . Elle se recroquevilla sur le lit où elle était assise, s'attendant au pire . Elvire se déplaça, lui laissant plus de place que nécessaire pour passer devant elle . Quand il s'approcha, inquiète, elle baissa la tête et croisa ses mains sur son tablier .

- comment va - t'elle ? lui demanda-t-il sans la regarder, fixant Mélanie sans ciller . As tu fait ce que je t'avais demandé ?
- oui Monsieur, je lui ai passé des onguents, elle n'a pas voulu manger, ni boire .

Mélanie releva légèrement la tête comme si elle voulait le défier . Elle fixa ses yeux dans ceux du Comte et ne baissa pas le regard . Il la regardait lui aussi . On aurait dit qu'ils s'affrontaient dans un combat silencieux, mais des plus intenses . Qui lâcherait le premier, qui baisserait les yeux en premier ? Mélanie était fatiguée, elle avait faim, son estomac se tordait et la faisait souffrir .
Elle avait entendu ce que le Comte avait dit . Elle devait rester maîtresse d'elle même . Elle se devait de garder les idées claires, la suite des événements en dépendait . Elle se résolue donc à baisser les yeux, ne pas le provoquer inutilement, faire amende honorable, lui faire croire qu'elle se rendait . Elle baissa les yeux, rongeant son frein et serrant les poings . Il rit .

- tu te rends enfin petite chienne ?
- oui monsieur, je suis à votre merci .
- tu as compris que ton Marquis ne peut rien pour toi ! Ici tu es chez moi !
- oui monsieur, je sais, je suis à votre merci, faites ce que vous voulez de moi .
- j'y compte bien petite femelle, j'y compte bien ! Je dois m'occuper de l'autre chienne avant, la marquer à mon graphe et je ferai de même avec toi ensuite, repose toi bien, c'est une dure épreuve que les fers rouges .

Mélanie ne put s'empêcher de lever la tête pour le regarder, horrifiée ; Non il n’allait pas marquer Marie aux fers tout de même et faire pareil avec elle ensuite ! Il n'en n'avait pas le droit .
Que diraient leurs Maîtres de les voir marquées à vie de la marque d'un autre qu'eux ? Il fallait vraiment qu'elle s'échappe . Elle baissa la tête, ne rien dire, rester calme et soumise, du moins en apparence .

- bien je préfère cette attitude là . Elvire ; tu ne la quittes pas des yeux , elle doit se reposer !
- bien Monsieur, oui Monsieur
- quand j'en aurai fini avec l'autre j'enverrai chercher celle là !

Avant qu'elle ai pu répondre, tournant les talons sans un regard ni un mot pour Mélanie, il était sortit de la pièce .
Les deux femmes poussèrent un soupir de soulagement en même temps . Elles se regardèrent et se sourirent . Mais Mélanie réfléchissait à toute vitesse .
Elle se demandait comment elle pourrait bien sortir d'ici et demander de l'aide malgré le vent, le froid et la neige qui menaçait !

Que se passerait-il pour Marie si le Comte s'en apercevait avant qu'elle ai put ramener de l'aide ? Ne se vengerait-il pas sur Marie ?

Elle hésitait à le faire, mais ne pas le faire était tout aussi dangereux . Elle se décida donc pour l'action . Elle avait un plan qui valait ce qu'il valait , mais elle n'avait que ça pour le moment et le temps comptait . Alors, toute langoureuse, elle se tourna vers Elvire et la regardant presque timidement, elle lui demanda le plus doucement qu'il lui fut permis de le faire malgré l'angoisse qui faisait trembler sa voix :

- je vous en prie madame, je mangerai bien quelque chose maintenant, il ne faut pas que je contrarie Monsieur le Comte , je dois lui obéir et me reposer, mais j'ai si faim que je n'y arriverai pas c'est sûr .

La bonne la regarda, se demandant quel tour cette femme pourrait bien lui jouer . Mais la voyant timide et humble, Lali lui souriant doucement elle ne lui parut bien pas bien ? offensive ? tout compte fait .

- Bon je te laisse là, je vais rechercher le plateau que tu as refusé tout à l'heure . Je ne sais pas ce qu'en pensera le Maître mais il a dit que tu devais te reposer et prendre des forces .
Donc, attends moi là je reviens !

Elle sortit à son tour . Mélanie entendit la clé tourner dans la serrure . Elle se précipita hors du lit, se dirigea vers les grandes armoires qu'il y avait dans la chambre, en ouvrit toutes le portes à la recherche de quoi se vêtir et se chausser .
La première qu'elle ouvrit ne contenait que des draps, des oreillers et autres couvertures . Déçue elle ouvrit la deuxième et là il y avait des vêtements d'hommes . Tant pis elle ne choisit rien, prit ce qui venait et s'habilla comme elle le put . Elle enfila plusieurs pantalons et pulls les uns sur les autres . Il n'y avait ni veste, ni manteau, ni chaussure .

Cela risquait de lui poser des problèmes . Il fallait qu'elle trouve de quoi se mettre aux pieds, absolument . Il n'y avait pas d'autre armoire dans la pièce . Elle se désespérait . La peur la gagnait, mais elle devait rester calme et lucide . Elle se dirigea vers la porte guettant les moindres bruits . Elle colla son oreille au battant . Elle aurait voulu avoir un gourdin, mais évidement rien de tout ça dans cette chambre .
Elle refit le tour de la pièce . Son regard s'arrêta sur une chaise qui lui parut suffisamment lourde .

Elle quitta sa place prés de la porte, pris la chaise, essaya plusieurs prises différentes, la soupesa , la souleva au dessus de sa tête . Elle sembla satisfaite et repris son poste derrière la porte au moment précis ou elle entendait des pas dans l'escalier . Son cœur se mit à battre la chamade dans sa poitrine . Elle saisit de la chaise à pleines mains, la leva, et, se reculant un peu, attendit .

La clef tourna dans la serrure . Le battant s'ouvrit lentement, et, s'en réfléchir à ce qu'elle faisait, l'abattit de toute ses forces sur la pauvre Elvire . Celle ci s'écroula sur le sol sans avoir le temps de pousser le moindre cri . Le plateau tomba emportant tout ce qu'il y avait dessus dans un bruit qui parut infernal à Mélanie .

Elle n’attendit pas . Elle tira Elvire jusqu'au lit et, à grande peine, la monta sur le lit . Elle l'y installa , le dos tourné vers la porte . Elle pris soin de ramasser la clef et de la glisser dans la porte qu'elle referma soigneusement quand elle sortit de la chambre .

Elle regarda à droite et à gauche se demandant par où aller . Elle descendit l'escalier silencieusement . Elle trouva par hasard le vestibule . Il y avait là, bien alignées, des bottes et des chaussures rutilantes . Elvire avait dut les nettoyer et les cirer consciencieusement . Mélanie glissa ses pieds nus dans des bottes bien trop grandes pour elle . Mais au moins étaient-elles fourrées, elles lui tiendraient chaud .

Elle se dirigea vers la porte mais ne parvint pas à l'ouvrir . Elle se résigna, fit demi tour et retraversa la maison . Elle cherchait l'office où elle était sûre de trouver une autre porte et avec un peu de chance serait-elle ouverte . Elle en ouvrit une au hasard , passa la tête . Il n'y avait personne en vue, la maison semblait vide . Il n'y avait aucun bruit .

Elle se hasarda à avancer . Elle ouvrit la première porte, elle donnait sur un long couloir desservant plusieurs pièces . Elle ne s'y engagea pas, et referma la porte . Elle prit la suivante et, victoire ce fut la bonne . Elle entra doucement, c'était l'office, il était vide Mélanie referma la porte lentement sur elle . C'était une pièce assez vaste et bien meublée . Il y avait sur la longue table centrale une corbeille de fruits . Mélanie prit deux ou trois pommes qu'elle glissa dans les poches des pantalons .
Elle se dirigea vers la porte vitrée qui donnait sur extérieure , elle se demandait où elle pouvait bien donner ? Elle l'ouvrit précautionneusement et se retrouva dehors . Elle était sur l’arrière de la demeure .

Il y avait devant elle un parc immense . Une pelouse descendait en pente douce jusqu'à la forêt qu'elle voyait plus loin . Aurait -elle le temps de l'atteindre, la forêt était -elle close de ces hauts murs qu'elle voyait sur sa gauche . Comment pourrait elle sortir de ce parc ?

Elle décida de ne plus se poser de question et d'avancer . Elle se lança alors dans une course folle, comme si sa vie en dépendait . Elle couru, couru, n'ayant que la forêt en point de mire, elle devait l'atteindre à tout prix, coute que coute !

Elle courait, Mélanie, elle courait dans ses bottes trop grandes, dans ses pantalons qui la gênaient, mais elle courait . La forêt se rapprochait . Les bois, bien que dénudés, seraient ses alliés, elle le savait, le sentait, le souhaitait de tout son corps, de tout son être .
Elle ne s'arrêta pas, ne se retourna pas . Elle courait, courait à en avoir le souffle court . Sa poitrine la brulait d'un feu intense, son cœur, tel un puissant tam-tam, lui disait qu'il n'en pouvait plus qu'il lui faudrait ralentir et puis, enfin, les premiers arbres furent là .

Elle se précipita vers eux, entre eux . Elle passa les premiers s'en s'arrêter de courir . Elle zigzaguait entre les troncs nus . Les bottes se prenaient dans les ronces et les fougères sèches, mais elle n'en ralentit pas sa course pour autant . Elle devait s’éloigner le plus possible, s'enfoncer dans les bois et y disparaitre .

Au bout d'un moment de cette course folle elle s'arrêta, se retourna et cria presque de soulagement . Elle ne voyait plus la maison du Comte .Elle s'appuya contre un tronc, essayant de reprendre son souffle . Elle se pencha soudain, et vomit une bile amère et acide . Elle avait demandé tant d'efforts à son corps qu'il se révoltait .

Elle resta là un long moment, attendant que les spasmes se calment . Elle prit une pomme et croqua dedans . Le jus lui fit un bien immense en coulant dans sa gorge desséchée . Elle savoura avec volupté ce fruit défendu tel un élixir . Elle s'assit un instant pour réfléchir à la suite des événements . Elle se demandait si dans la maison, ils s'était déjà rendu compte de sa fuite, ce qui se passerait alors . Elle s'angoissa à la pensée que Marie était encore prisonnière, là-bas seule maintenant ! Mais elle devait faire ce qu'elle avait commencé à faire, aller au bout, trouver du renfort, de l'aide ...

(A suivre ...)

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