Histoire Des Libertines (1) : Introduction Et Sappho La Poétesse De Lesbos.

Il me reste plusieurs épisodes à publier sur l’histoire de notre couple candauliste à Philippe et à moi (Voir mes récits « Philippe, le mari candauliste et Olga, l’épouse hypersexuelle »).
Comme je dispose d’un peu de temps, et que je suis, comme mon mari Philippe, passionnée d’histoire, j’ai décidé, avec l’aide de Philippe, de varier les plaisirs et de commencer une nouvelle série, historique. Elle sera en règle générale moins torride que les épisodes qui rythme la vie de notre couple. Cela n’est pas moins intéressant, avec une force suggestive qui nous est parvenu à travers les siècles.
Introduction : un nouveau type de récits, proposition d’une nouvelle rubrique sur HdS
L’histoire traditionnelle retient les règnes, les guerres ou les conquérants. En ce qui me concerne, j’ai envie de parler de ces femmes, qui, par la liberté de leurs mœurs, ont été des précurseurs, en des temps où il fallait bien du courage pour choisir la liberté sexuelle. Certaines l’ont d’ailleurs payé très cher, de leur vie ou par la légende noire qui pèse souvent sur leur mémoire, l’histoire étant écrite par des hommes qui sont, bien souvent, misogynes.
J’avais donc envie de parler de celles que je qualifierai de grandes libertines, que d’autres pourraient qualifier de grandes salopes. Je rappelle qu’en ce qui me concerne, je ne considère pas ce qualificatif comme une insulte et que je revendique mon parcours de « salope intégrale », à la plus grande satisfaction de mon mari candauliste.
Les femmes dont je vais parler dans ces récits ont eu des positions privilégiées. Certaines ont été reines, impératrices, princesses, écrivains, poétesses. Il est certain qu’à leur époque, jusqu’à une période récente, il ne pouvait être possible à une femme du peuple de les imiter. Les hommes, les religions, l’éducation y veillait et gare à celles qui dérivaient.
Ces grandes libertines ont exercé de manière différente leur liberté sexuelle. Certaines ne sont « contentées » d’être la favorite du prince.

D’autres ont fait de leur beauté une arme dans leur volonté de pouvoir. D’autres ont été plus scandaleuses, ne dédaignant pas les amours saphiques, ou collectionnant un grand nombre d’amants, au point d’être qualifiées de nymphomanes. Hypersexuelle affirmée, je me sens proche de ces femmes.
Après de premières recherches faites avec Philippe, nous avons identifié une cinquantaine de personnages, dont je me propose de raconter l’histoire, sous l’angle de leur sexualité hors normes, en particulier au regard des règles de leur époque.
Je me propose aussi d’évoquer dans cette rubrique certains couples célèbres qui pratiquaient avant l’heure le candaulisme ou l’échangisme. Certaines de ces femmes sont particulièrement célèbres, comme Cléopâtre, Messaline, Isabeau de Bavière ou l’impératrice Joséphine. Les autres le sont moins, mais méritent que leur parcours soit raconté.
C’est pourquoi j’ai proposé à HdS d’ouvrir une nouvelle rubrique, qui pourra ainsi être alimentée par d’autres auteurs. Je suis également ouverte à toute suggestion, notre liste n’étant certainement exhaustive. Je compte procéder par récit chronologique, depuis l’Antiquité grecque jusqu’au XXème siècle.
Sappho, la poétesse
Sappho est une poétesse grecque de l'Antiquité qui a vécu au VIIème siècle et au VIème siècle av. J.-C., à Mytilène sur l'île de Lesbos. Elle serait née vers 630 av. J.C à Mytilène et morte vers 580 av. J.C.
Très célèbre durant l'Antiquité, son œuvre poétique ne subsiste plus qu'à l'état de fragments.
La première histoire que j’ai envie de vous raconter est celle de Sappho, la poétesse de Mytilène, également appelée Lesbos.
Son nom est associé à l’homosexualité féminine : le nom de lesbienne, qui désigne toujours et d’abord une habitante de l’île de Lesbos, est devenu le terme moderne pour désigner une femme qui aime une autre femme en remplacement du terme vieilli de tribade. C’est un premier hommage à l’habitante la plus célèbre de l’île, qualifiée de « dixième Muse » par Platon et réputée aimant les femmes dès l’Antiquité.
Quant à l’adjectif « saphique », il qualifie lui aussi des relations amoureuses entre femmes et il est une adaptation transparente du nom de cette femme grecque qui vécut au VIIe siècle avant JC.
Il semble que Sappho appartienne à une famille aristocratique. On ne sait rien de son père, un certain Skamandronymos, ni de sa mère, Cléis, à part qu’ils étaient peut-être des opposants politiques aux tyrans en place. Sappho parle de deux de ses frères : Charaxos, son frère aîné, qui était marchand de vin en Égypte et un autre frère, Larichos, qui était échanson officiel dans les cérémonies publiques de Mytilène.
Il est probable qu’elle ait été mariée à un certain Kerkôlas, marchand, et qu’elle ait eu de cette union une petite fille, Cléis. Toutefois, si elle écrit un poème à sa fille, elle ne parle jamais de son mari et aucun des fragments qui lui sont attribués ne parlent d’un amour pour un homme.
Il semble qu’à l’âge de 30 ans, vers 600 avant JC, Sappho ait été contrainte à l’exil en Sicile mais on ignore pour quelle raison. Elle revient néanmoins à Mytilène, la capitale de Lesbos, où elle fonde et dirige un cercle de jeunes filles d’origine aristocratique issues de Lesbos et peut-être de plus loin. Dans ce cercle, elle enseignait la poésie, la danse et la musique aux jeunes filles prêtes à marier et elle les initiait aussi aux Mystères d’Aphrodite, c’est-à-dire qu’elle les faisait participer à des cultes religieux dans lesquels les participantes découvraient progressivement les secrets de la déesse de l’Amour. Ceci indique que Sappho jouissait d’une place d’honneur dans la Cité : elle était une « prêtresse d’Aphrodite » dont le rôle civique était d’enseigner aux jeunes filles nubiles la grâce, la beauté et l’art de plaire.
Sappho était-elle lesbienne ?
Sappho se voyait donc confier ces jeunes filles par des familles aristocratiques au nom de sa fonction de prêtresse d’Aphrodite. En fait, il semble bien que Sappho avait des relations amoureuses avec certaines de ses élèves qu’elle appelait aussi ses compagnes (hétaïres).
Cette relation n’était pas rituelle et n’a concerné que quelques jeunes filles sur les 14 qui lui furent confiées. Elle consistait en des liens pédagogiques (Sappho enseignait la poésie, la musique et la danse aux jeunes filles) et religieux (Sappho entrait en communion avec les jeunes filles dans le culte d’Aphrodite, la déesse de la sensualité et de la sexualité), mais aussi des liens plus intimes et sans doute charnels.
Sappho immortalisa la passion amoureuse entre femmes dans ses poèmes. On ne connaît que peu d'éléments sûrs concernant Sappho : en effet, son amour pour les femmes est clairement lisible dans certains de ses poèmes, ce qui en a empêché la préservation par les scribes chrétiens médiévaux.
Le personnage de Sappho et la question de sa sexualité ont fait l'objet au cours des siècles de différentes interprétations, souvent liées aux évolutions sociales et culturelles.
Dès l'époque classique, elle est devenue un personnage brocardé par la comédie attique classique puis nouvelle (Ménandre), qui a contribué à en faire un personnage aux mœurs dépravées. Sénèque nous apprend l'existence d'un ouvrage intitulé Sappho a-t-elle été une femme publique ?, écrit par un certain Didyme, sous Auguste.
Parallèlement, certains commentateurs ont tenté dès l'Antiquité de sauvegarder la réputation de la poétesse, allant jusqu'à attribuer les aspects jugés scandaleux à une hypothétique seconde Sappho, parfois dite «Sappho d'Érèse», joueuse de lyre, ou courtisane.
A partir du XIXème siècle, une partie des auteurs en a ainsi fait la directrice d'une sorte de pensionnat pour jeunes filles de bonne famille, niant toute dimension réellement homosexuelle au personnage.
L'homosexualité était une pratique normale dans le milieu aristocratique de la Grèce archaïque, et n'exclut pas les relations hétérosexuelles, notamment dans le cadre du mariage. Il n'est donc pas étonnant que Sappho, qui appartient à ce milieu, ait été homosexuelle, ni qu'elle ait été mariée.
Son amour pour les jeunes filles s'exprime clairement dans ses poèmes, et le désir qui s'y manifeste, ainsi que l'évocation d'Éros et d'Aphrodite, laisse peu de doute sur la nature physique de ces relations. Si cela n'avait rien de choquant dans la Mytilène de l'époque, en revanche le fait que ce soit une femme qui s'exprime est exceptionnel. Cette liberté aristocratique n'est rapidement plus comprise, et les poètes comiques d'Athènes sont les premiers à se moquer de Sappho. On a ensuite cherché à dissimuler l'homosexualité de la poétesse, en faisant d'elle une sorte de Socrate au féminin, ou en inventant deux Sappho, l'une poétesse et l'autre courtisane.
Il semble aussi bien avéré que Sappho ait été en fait bisexuelle. Elle vouait un amour absolu et éternel au navigateur Phaon. Après avoir été aimée par le jeune homme, elle fut ensuite délaissée par celui-ci. Ne pouvant supporter cette rupture, Sappho aurait décidé de mettre fin à ses jours en sautant du haut d’une des falaises de l’île de Leucade, nommée Saut de Leucade (72 mètres de haut). Dans l’Antiquité, d’après la légende, il fallait se jeter du saut de Leucade pour guérir d’un mal d’amour. Si on ne mourait pas, on était définitivement guéri de ce mal.
Cet amour envers un homme n’est d’ailleurs pas anodin. Beaucoup d’historiens (dont Ovide) ont insisté sur lui, comme pour « gommer » l’homosexualité de Sapphô, ou du moins la mettre au second plan.
Le saphisme depuis Sappho jusque Christine de Suède.
Durant l’Antiquité, en Grèce ainsi que sous l’Empire romain, le lesbianisme n’est pas perçu comme une déviance, une maladie ou truc vicieux du genre. Non, c’est juste normal. Ceci dit, on en parle très peu et on a très peu de sources à ce propos. Sur les vases et autres céramiques grecques, les femmes entre elles sont souvent représentées lascives, sensuelles, se caressant. Les hommes romains ou grec (qui ont écrit les textes que l’on a conservés) n’acceptaient pas trop l’idée que des femmes puissent se donner du plaisir entre elles, et donc, sans la présence de l’homme.
L’Eglise condamne l’homosexualité et en particulier entre femmes. Les sanctions séculaires sont la mutilation et la peine de mort. L’Église sanctionne depuis plus longtemps et encore plus fermement si les femmes utilisent un objet pénétratif. En utilisant un godemiché, l’Église pense que les femmes tentent de s’attribuer le membre masculin (et sa puissance!) alors qu’elles jouent seulement avec leur point g.
L’Église est tellement contre l’homosexualité que les conciles de Paris et de Rouen en 1212 et 1214 interdisent aux religieuses de dormir ensemble. Elles doivent désormais dormir seules et avec une lumière allumée afin de surveiller leurs actes. Faut dire que quelques années avant, dans une lettre écrite à son époux Abélard, Héloïse qui a pris le voile écrit : « Pour perdre une femme, il n’est pas d’arme plus sûre que les cajoleries féminines. Et la corruption rampe jusqu’à son cœur sous des caresses plus insinuantes. »
Des lesbiennes étaient excisées ou on mutilait leurs seins si elles étaient surprises. Au Moyen-Age, les lesbiennes se sont faites discrètes, sous peine d’être noyées, pendues ou brûlées.
Près de deux mille ans après Sappho, une nouvelle femme va revendiquer son homosexualité, ou plutôt sa bisexualité, il s’agit de la reine Christine de Suède. Elle s’habille en homme, elle refuse de se marier, couche aussi bien avec des hommes que des femmes. Les médecins qui l’entourent accusent la reine d’être hermaphrodite, A vrai dire, à l’époque où l’homme est le modèle parfait de l’humanité, on pense que le vagin est vu comme un pénis à l’intérieur que la nature essaie de corriger par le clitoris. Pour diagnostiquer un cas d’hermaphrodisme, les médecins mesurent le clitoris de la femme. Plus il est gros et enflé, plus la femme est susceptible d’être lesbienne et de victime de luxure. Les médecins pensent alors que plus on stimule le clitoris, plus il grossit, donc les lesbiennes ont des plus gros clitoris (parce que les hommes ne le touchent pas, ce serait comme toucher un pénis).
La leçon que je tire de cette histoire : le bonheur d’être bisexuelle
Comme je l’ai expliqué dans le récit n°1 de « Philippe, le mari candauliste et Olga, l’épouse hypersexuelle » j’ai connu ma première expérience bisexuelle avec Maria, l’épouse de Gianni, ce touriste qui m’a dépucelé à l’âge de 15 ans.
J’ai connu, au cours de ma vie d’hypersexuelle, plusieurs expériences saphiques durables, en particulier avec Daphnée, l’épouse d’un de mes anciens amants (récit n°2) Ann et Ursula, mes homologues (récit n°3) Rita (récit n°12, une jeune prostituée) Christine mon amie et témoin de mon mariage (récit n°14). Agun, jeune masseuse thaïlandaise, (voir récit n°6) est aujourd’hui ma maîtresse attitrée, je dirai plutôt ma compagne.
Il m’est aussi arrivé d’avoir des ébats lesbiens qui étaient uniquement motivés par des pulsions sexuelles, sans qu’aucun sentiment n’intervienne : avec Marie C, mon ennemie intime (voir récit n°19) ou avec des collègues de Philippe, sur son lieu de travail (voir le récit n°23).
Mais j’ai eu beaucoup moins d’aventures avec des femmes alors que je suis incapable de comptabiliser le nombre d’hommes qui furent mes amants.
J’ai toujours vu ma bisexualité comme un plus : être bi, c’est justement avoir le choix non pas d’un sexe mais d’une personne, et ce choix est bien plus élargi pour moi que pour les hétéros et les homos.
Je ne remercierai jamais assez ce couple, Gianni et Maria qui ont successivement fait de moi une femme, en me déflorant, puis une bisexuelle. C’est une des meilleures choses qui me soit arrivée dans la vie ! À mes yeux, être bi, c’est aimer l’être humain tout simplement. Peu importe comment, pourquoi, ou pendant combien de temps on préférera un sexe à l’autre. J’ai tout simplement envie et besoin des deux.
Les relations amoureuses saphiques sont souvent plus intenses et plus complices ! Autre particularité : dans le couple lesbien, pas de hiérarchie des rôles prédéterminée comme dans les couples hétéros. Le couple lesbien est souvent de type très fusionnel
Dans mes relations avec mes amantes, j’adopte alternativement des positions passives ou actives. Entre femmes, on est moins pudiques, on ne craint pas de montrer nos fragilités à l’autre. Alors, on se dit beaucoup qu’on s’aime, qu’on a besoin l’une de l’autre. Cette attitude se répercute sur notre sexualité, qui est très douce, très « amoureuse » ce qui n’exclut pas la franchise : au lit, on sait dire quand on aime ou pas ! Une femme avec une femme, ça ne fait pas semblant.
Je terminerai par ce poème de Sappho. Parmi les fragments retrouvées de l’œuvre de Sappho, ce magnifique poème nommé « Ode à une Femme aimée »:
« L’homme fortuné qu’enivre ta présence
Me semble l’égal des dieux, car il entend
Ruisseler ton rire et rêver ton silence,
Et moi, sanglotant,
Je frissonne toute et ma langue est brisée:
Subtile, une flamme a traversé ma chair
Et ma sueur coule ainsi que la rosée
Âpre de la mer;
Un bourdonnement remplit de bruits d’orage
Mes oreilles, car je sombre sous l’effort,
Plus pâle que l’herbe, et je vois ton visage
À travers la mort… »




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