Lectures Érotiques (2). Eric Mouzat « Petits Arrangements Conjugaux (La Musardine 2007)

J’ai choisi cette fois de parler d’un ouvrage moins connu, d’une centaine de pages et qui porte lui aussi sur le bonheur d’un couple libéré.

L’AUTEUR

Né en 1961, Eric Mouzat a suivi des études de lettres modernes, puis de linguistique et philosophie du langage en troisième cycle universitaire. Il a trois s. Il est professeur d’université à Clermont-Ferrand.
En plus de l'écriture, il a réalisé et produit plusieurs courts-métrages. Eric Mouzat défend en outre les droits de l'Homme en œuvrant depuis de nombreuses années pour Amnesty International. Il vit en Auvergne dans l'agglomération de Clermont-Ferrand.
Eric Mouzat a commencé à écrire très jeune, publiant de nombreuses nouvelles dans des périodiques régionaux. Son œuvre est éclectique : nouvelles (dont certaines ont été primées), romans, livres d'art et de photographies, livres régionalistes, scénarios de films, romans érotiques depuis 2001. Son écriture, aux accents parfois féminins, témoigne d'une volonté d'explorer la psychologie et les ambiguïtés sexuelles de ses personnages. Les relations complexes des couples modernes sont le centre de ses principaux romans érotiques. Les personnages féminins de ses romans ne sont jamais totalement féminins, les personnages masculins jamais totalement masculins, probablement comme nous le sommes tous au fond de nous que nous l'assumions ou non. Pour lui, le sexe n'est qu'un prétexte pour explorer l'Homme au même titre qu'un quelconque genre littéraire. Cependant le sexe permet d'étudier le désir et le plaisir, ingrédients essentiels du bonheur.
Eric Mouzat a écrit plus d’une vingtaine de romans, sans parler des nouvelles.

RESUME DU LIVRE

Quand, dans une petite ville de province, au sein d'un milieu bourgeois, un homme surprend sa femme en train de " s'occuper " de l'éducation sexuelle d'un ami de leur fils, que peut-il arriver ? Dans un journal local ou un film de Chabrol, on peut être sûr de se repaître de conséquences mesquines et sanglantes.

Mais notre narrateur est plus ouvert que ça. Loin de s'offusquer du spectacle, il y prend plaisir et y voit une amorce de renaissance pour son couple. Dès lors, plutôt que de laisser sa femme filer dans les bras de courtisans plus sérieux, il n'a de cesse de l'attirer dans de nouveaux jeux auxquels lui-même pourra participer. L'occasion pour tout le monde de vivre ses fantasmes les plus enfouis et oubliés.
Le texte évoque à nouveau le candaulisme, le plaisir pour un homme d’observer celle qu’il aime jouir sous les assauts d’un autre, mais aussi la bisexualité latente du mari candauliste.
Myriam, jusque-là épouse fidèle, ignore que son mari, avant leur union, a eu une expérience bisexuelle.
« Ce soir-là, dans un élan de sensualité, lorsque je la vis brosser ses longs cheveux noirs à l'endroit même de son infidélité, je fus tenté de tout lui raconter, de lui avouer mon attrait pour les hommes et le trouble que j'éprouve à voir une femme se faire caresser par un autre que moi. »

MES NOTES DE LECTURE

Le narrateur, Luc, rentre plus tôt que prévu à son domicile. Il surprend son épouse Myriam en compagnie de Mathieu, ami de son fils.

LE MARI QUI MATE

« Myriam portait à même la peau sa délicieuse robe fuchsia en dentelle. La fine doublure de satin rose laissait deviner son corps mince, sa taille fine, ses seins blancs, lourds et fermes. Nous avions choisi cette robe ensemble au magasin, un peu pour cela : montrer son corps à travers le tissu, montrer ses cuisses. »
Incident banal : Myriam renverse sur le jeune homme le verre de coca-cola et entreprend de réparer les dégâts avec des serviettes.
« Je crois que la main de Myriam effleura le sexe du jeune homme. (…) Myriam s’attardait plus que de raison entre les cuisses de l’adolescent. J’avais autant de mal à avaler ma salive qu’à respirer. Je n’avais jamais imaginé que ma femme était capable de cela. (…) Et le plus incompréhensible est que je n’éprouvais aucune colère (…) J’avais seulement honte d’en ressentir du plaisir.
»
C’est Myriam qui est à l’initiative et qui met les mains du garçon sous sa robe, avant qu’ils ne s’embrassent fougueusement.
C’est l’arrivée de Guillaume, le fils du couple qui empêche que, pour l’instant, les choses n’aillent plus loin. Myriam a néanmoins eu le temps de faire une fellation au jeune homme.

LA TENTATION CANDAULISTE

Avoir été le témoin clandestin de cette scène réveille la bisexualité et le candaulisme de Luc.
En apparence Myriam redevient sage. Luc est partagé. Il est tenté de la pousser à l’infidélité.
« Je ne voulais pas la perdre, et le risque majeur avec un amant, c’était qu’il puisse me la ravir. Ce n’est pas l’idée que Myriam fasse l’amour avec un corps d’homme, avec sa bouche, avec ses mains, avec son sexe qui m’effrayait. Mais la pensée qu’elle (…) tombe amoureuse était insupportable. »
Et pourtant Luc rêve que cela recommence. Il accompagne Myriam dans la tournée qu’elle accomplit dans toute l’Europe, avec son orchestre. A Stockholm, elle rencontre Alexandre, un jeune homme de 25 ans. Au cours d’une soirée dansante, les attouchements d’Alexandre ne laissent pas de doutes sur ses intentions.
A leur retour, Myriam et Luc ont une explication, provoquée par l’énorme bouquet de fleurs qu’Alexandre envoie à Myriam. Luc avoue à Myriam que cette situation l’excite.
Myriam ne cède pourtant pas à Alexandre, qui ira jusqu’à écrire à Luc pour lui avouer à quel point il était amoureux de Myriam.
Entre temps, le couple tombe par hasard sur Mathieu, le jeune copain de leur fils, que Luc avait surpris avec Myriam. Il se décide à l’aborder et à lui proposer de devenir l’amant de Myriam.

PASSAGE A L’ACTE

Mathieu accepte la proposition de Luc, qui réserve une chambre d’hôtel. Il annonce une surprise à Myriam. Il lui bande les yeux et l’offre à Mathieu, en sa présence.
« Ma femme se mit à quatre pattes, et Mathieu se plaça juste derrière elle. Avant qu’il ne la pénètre, elle m’ordonna de me déshabiller.
»
Pendant que le jeune home baise Myriam, celle-ci pompe son mari et celui-ci s’occupe de son clito, si proche de la queue qui pénètre son épouse.
« Puis elle ralentit le mouvement de sa bouche, si bien que j’ai compris qu’elle était en train de jouir. J’accentuais la pression de ma langue, et je sentis les contractions de sa vulve, de ses lèvres, de tout son corps. Mathieu (…) la pistonna encore plus fort. (…) Quelques secondes après, un filet blanc suinta du sexe de ma femme. »
Luc va méticuleusement nettoyer la chatte de son épouse, avant que celle-ci ne s’empale sur son mari.
« Myriam m’offrait la place encore chaude de Mathieu. J’avais l’impression de faire l’amour avec lui. Nos sexes se rejoignaient entre les cuisses de ma femme. J’avais préparé cette surprise pour Myriam, elle me retournait mon propre cadeau. Pendant quelques instants, je me crus le plus heureux des hommes. »
Tentée par une expérience similaire avec Alexandre, Myriam finit par y renoncer.
« C’est toi que j’aime et que je veux garder, murmura-t-elle en me serrant dans ses bras. Je ne peux pas aimer deux personnes en même temps. C’est trop compliqué.

LE MARI CANDAULISTE ASSUME SA BISEXUALITE

Le couple poursuit sa relation avec Mathieu. « Mathieu la fit jouir le premier. J’avais vu, comme fasciné, les mains de ma femme se crisper dans le dos de son bel amant. Ses ongles vernis lui avaient lacéré le cou, le dos, les épaules. (…)Myriam écarta les fesses du jeune garçon, m’offrant la vue de son anus brun. Le plaisir lui provoqua des spasmes : son petit trou délicatement serré s’ouvrit (…) Il fallut me raisonner tant l’envie d’y introduire un doigt était forte. Myriam l’avait deviné. »
Au tour de Luc de se vider dans son épouse : « Est-il possible d’imaginer plus délicieuse sensation que de s’enfoncer dans le sperme encore chaud de l’amant de sa femme ? »
Myriam prend conscience de la bisexualité de son mari.
« L’aveu de mon envie d’être pénétré par lui ne parvenait pas à sortir de ma bouche.
J’espérais que Myriam le devinerait. Elle s’assit sur le lit à côté de moi et prit ma main dans la sienne.
• Il te plait ? (…) J’ai toujours su qu’il y avait en toi une part féminine. C’est ce qui m’a plu, je crois, dès le début. »
A l’occasion d’un week-end dans les Alpes Suisses, le trio passe aux actes.
« Myriam me montra le sexe de Mathieu. (…) Nous commençâmes à le caresser doucement à quatre mains. (…) Après quelques minutes de ce traitement, je me mis à genoux entre ses cuisses et j’approchai mon visage de son ventre. Myriam posa ses mains sur ma tête (…) »
Après cette première fellation, Mathieu prend Myriam.
« Je saisis le sexe du jeune homme et le fis entrer dans celui de ma femme. »
Ce sera en sodomisant Luc que Mathieu se finira.
« Je me mis à quatre pattes sur le lit et demandais à ma femme d’utiliser son sexe pour me pénétrer. (…) Je sentis bientôt les mains de ma femme sur mes fesses et la pointe du sexe de Mathieu à l’entrée de mon anus. (…) Lorsque Mathieu fut bien introduit, je demandais à Myriam de me sucer en même temps. (…) Je pense avoir pleuré de bonheur en sentant les coups frénétiques de Mathieu qui jouissait en moi. Ses mains s’accrochaient à mes hanches comme elles l’auraient fait avec une femme. »
Lorsque Mathieu laisse Luc et Myriam seuls, Myriam prend son mari dans les bras.
« Elle paraissait heureuse que je lui aie montré cette partie de moi. (…)
• Tu sais, me dit-elle, j’aimerais bien essayer moi aussi avec une femme. »

CE ROMAN ET MOI

Le candaulisme est évidemment le fil conducteur qui relie cette histoire à celle de mon couple avec Philippe.
L’autre est évidement la bisexualité du mari candauliste. Tous les candaulistes ne sont pas des bisexuels assumés ou refoulés, mais il est important que ceux qui le sont, comme Luc ou comme mon mari Philippe, assument cette part de leur identité.
Myriam, l’héroïne de ce roman, n’est pas, ou plutôt pas encore hypersexuelle. Mais elle aussi aura été transformée par le candaulisme de son mari. Je le répète : c’est une chance, un bonheur d’avoir un mari candauliste.

Olga T.

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