54.3 Opération Petitcon Acasquette

La nuit suivant ces retrouvailles sexuelles avec mon bobrun, j’ai du mal à trouver le sommeil.
C’est d’abord à cause de l’excitation : je le revois en train de prendre son pied dans ma chambre, sur mon lit ; je sens ses bonnes giclées exploser dans ma bouche ; je sens ses va-et-vient entre mes fesses ; je sens mon orgasme venir, orgasme qu’il m’a offert rien qu’en me baisant.
J’ai beau me branler, plusieurs fois même : l’excitation retombe, mais rien n’y fait, le Marchand de sables semble avoir oublié de passer me voir. Et au fur et à mesure que mon insomnie se prolonge, des angoisses surgissent, comme des fantômes indomptables.
Je repense à tout ce plaisir, à tout ce bonheur sensuel, sexuel, sauvage, animal que Jérém m’apporte ; et je me dis qu’au fond, il n’y a vraiment que ça entre nous, que je n’existe à ses yeux que à travers nos parties de baise. Cet après-midi il est venu, il a vu que j’avais envie de lui, toujours envie de lui, malgré tout ; alors il m’a baisé, et il est reparti.
Mais aussi excitant que ça puisse être le fait de se sentir l’objet du plaisir d’un si bel étalon, je sais que je ne peux me contenter de cela ; je sais que j’aspire à plus.
Pourtant, je me rends compte que je ne fais rien qui pourrait changer cet état de fait : non seulement je ne lui dis pas ce que je ressens, mais je ne me défends même pas quand il me blesse.
Une question me taraude l’esprit : est-ce que le fait que notre histoire n’aille pas dans la direction que je souhaite, ne tient pas finalement en grande partie à moi ?
Une question qui va de pair avec une encore plus importante : est-ce qu’il est vraiment utile d’attendre de l’autre ce dont on a envie ?
Bien sûr, si par le passé j’ai essayé parfois de m’affirmer face à lui, ça n’a jamais été une réussite. Lorsque j’ai cherché de la tendresse, je me suis fait jeter ; lorsque j’ai essayé de lui exprimer mes sentiments, mes envies, je me suis fait jeter deux fois plus ; lorsque j’ai essayé de titiller sa jalousie, ça m’est revenu en pleine figure.


Mais est ce que j’ai essayé assez fort ? Est-ce que j’ai été assez clair ?
Au fond de moi, je sais que cette relation n’a pas d’avenir en l’état, je sais qu’une bonne explication avec Jérém s’impose. Mais quelle explication ? Par où commencer ? Pour lui demander quoi ? Pour lui exprimer quoi qu’il ne sache déjà ? Pour exiger quoi de lui ? Comment changer l’attitude de la personne qu’on aime lorsqu’on n’a ni de prise ni d’emprise sur elle ; et ce, pour la simple et bonne raison qu’elle ne ressent pas les choses de la même façon que nous les ressentons ?
Seul, dans mon lit, je me dis que je devrais me battre pour lui faire comprendre que j’existe, que j’ai des envies, des besoins. Qui ne sont pas ment identiques aux siens, mais tout aussi légitimes. Lui montrer que si j’accepte ses envies à lui, j’ai besoin qu’il en fasse de même envers moi.
Je sais que le risque d’une telle mise au point est le plus grand de tous, celui de le perdre. Mais je sais aussi que, tant que je n’essaierai rien, il ne se passera rien. On sera toujours enfermés dans cette relation pipée.
Mais de quel « pouvoir » je dispose pour m’affirmer face à lui ? Qu’est-ce que je représente à ses yeux, dans sa vie ? Qu’est-il capable de supporter en termes de mise au point avant de prendre la tangente pour de bon ? Toutes ces questions se résumant en une seule, dont la réponse me fait peur : à quel point Jérém tient à moi ?
Seul, dans mon lit, loin de Jérém, je me sens fort, sûr de mes envies, de mes raisons, de mes sentiments ; alors que, face à Jérém, je suis faible, je perds tous mes moyens.
Putain de bobrun imprévisible et plutôt déstabilisant : je le quitte un dimanche matin en pétard comme jamais, à deux doigts de me taper sur la gueule ; 36 heures plus tard, il se ramène chez moi pour me ramener mon portable. Il se déplace exprès, alors que rien ne l’y obligeait ; alors que si vraiment il ne voulait plus me voir, il aurait pu me le faire passer par Thibault ; ou bien le glisser dans la boite aux lettres, puisqu’il avait trouvé mon adresse.

Ça aussi : je suis vraiment interpellé sur la façon dont il a bien pu la trouver. Je ne me souviens même pas lui avoir parlé de ma rue ; et surement pas de lui avoir donné plus de détails ; peut-être qu’il a cherché dans l’annuaire ; peut-être même, qui sait, qu’il m’a suivi un jour.
Quoi qu’il en soit, il est là. Il débarque chez moi en mode « froid de Sibérie », il enchaîne sur le mode « charmeur », pour finir en mode « serial baiseur ». A croire que ses colères, en dépit de leur virulence, n’ont rien de définitif.
Mais quelles étaient donc ses intentions réelles en venant chez moi avec le prétexte du portable ? Etait-il venu uniquement pour tirer son coup, sûr que je ne pourrais pas lui résister ? Etait-il venu pour une sorte de revanche/vengeance de la panne de la dernière fois ?
Il y avait peut-être de ça aussi, mais probablement pas que.
Au fond, il ne m’avait même pas proposé de coucher. Quand j’y pense, il ne pouvait pas savoir que j’étais seul à la maison ; il ne pouvait donc pas préméditer le fait d’utiliser ma chambre en tant que baisodrome de remplacement de cet appart de la rue de la Colombette dont il venait peut-être de rendre les clefs.
Non, il ne m’avait rien proposé : il allait même repartir aussitôt m’avoir remis le téléphone. C’est moi qui lui avais proposé de rentrer, et de coucher. Bien sûr, ça n’avait pas dû lui déplaire comme proposition. Mais au final, j’ai l’impression de lui avoir montré que je n’attendais que « ça » de lui.
Finalement, c’est moi qui me rabaisse à n’être qu’un objet sexuel pour lui. Comment ensuite lui « reprocher » de me traiter de la façon dont il me traite, comment me plaindre que je ne suis « que ça » pour lui, alors que je ne lui donne aucun moyen de me voir autrement ?
Mais comment j’en suis arrivé là ? En tâtonnant dans les brouillards épais de la peur : peur d’exprimer mes sentiments de peur de les voir bafoués, rejetés, méprisés ; « peur de lui faire peur » et de le faire fuir.
Toutes ces peurs m’ont peu à peu poussé à me cantonner à la seule chose qui semble nous rapprocher : le sexe.
Mais est-ce bien de cela dont Jérém a envie ? D’un mec complètement soumis à ses envies sexuelles ? Et même si cela est vrai, et ça l’est je crois bien, peut-être qu’il aimerait que je sois moins faible et soumis en dehors du lit, que je lui tienne tête.
Les envies de Jérém sont-elles vraiment et toujours les mêmes que celles de ce premier jour de révisions où il a voulu que je le suce ? Son regard sur moi est-il vraiment le même que ce jour-là ? Son attitude à mon égard, est-elle la même ? Probablement pas.
Thibault, qui le connaît comme personne d’autre, m’a assuré que jamais il n’a vu son pote ainsi, et qu’il est certain qu’il tient à moi. A sa façon, certes, mais qu’il tient à moi.
Il y a ensuite sa jalousie : toujours mal placée, certes, elle s’est pourtant manifestée à de nombreuses reprises.
Il y a notre « intimité » : lorsqu’il me mate en train de lui offrir son plaisir, ça me donne envie de croire qu’il kiffe regarder parce que c’est moi qui le fait grimper au rideau ; lorsqu’il passe sa casquette après que je lui ai demandé, ça me touche ; car, même si la demande est assez « anodine », il le fait quand même, et il le fait pour moi.
Non, peut-être vraiment qu’il ne cherchait pas que de la baise en se pointant chez moi : peut-être qu’il ne savait pas exactement ce qu’il cherchait et qu’il comptait sur moi pour lui apporter des réponses.
Peut-être que, tout autant que moi, Jérém redoute notre séparation, et qu’il ne sait pas comment m’en parler, sans avoir à dévoiler ses sentiments, sans avoir peur de se sentir faible, sans « perdre la face ». Au fond, Jérém s’exprime de la façon dont il l’a toujours fait, tantôt par le silence, tantôt par la colère ; et ce, sans doute parce que personne ne lui a jamais tendu de main pour qu’il essaie autrement.
Sa venue expresse pour me ramener le portable, n’était pas une façon de venir s’excuser, sans par ailleurs l’exprimer, de la brutalité avec laquelle il m’avait foutu à la porte la dernière fois ?
Oui, Jérém a peut-être besoin de quelqu’un pour le faire avancer.
Peut-être qu’au fond, il n’attend que ça. Qu’on lui tende une main. Que je lui tende la main.
Qui sait d’ailleurs si cette cigarette qui se prolongeait après son premier orgasme n’était pas un signe de sa part, sa façon de me dire qu’il attendait peut-être que je lui parle ?
Certes, Jérém pourrait lui-même exprimer ses envies ; mais, le connaissant un peu, je sais qu’il ne fera jamais le premier pas. Surtout pas envers moi, un mec.
Oui, peut-être que c’est (enfin) à moi de prendre les choses en main. Jusque-là, j’ai toujours pris sur moi, j’ai trop tergiversé. Pourquoi je devrais tout accepter de lui, sans conditions, sans avoir mon mot à dire ? Pourquoi continuer à me comporter comme si le fait de n’exister à ses yeux que par nos parties de baise était une fatalité ? Pourquoi subir et ne pas enfin commencer à me battre ? Pourquoi m’empêcher d’exprimer ce dont j’ai envie, ou pas envie ?
Après, comme toujours, c’est facile de réfléchir à tout cela la tête froide, le soir dans mon lit, après une série de branlettes ; lorsque le corps, apaisé et repu, glisse lentement vers le sommeil, vers le bonheur passager de la cessation de tout questionnement ; lorsque mon bobrun n’est pas là, à côté de moi, lorsque sa sexytude ne me met pas la tête en ébullition, lorsque son nouveau tatouage ne me met pas tout sens dessus dessous.
Mais, au fait : est-ce qu’une des raisons de sa venue n’était pas justement celle de me montrer son nouveau tatouage ? Pour m’allumer, jusqu’à m’embraser (ce qui a quand même été une réussite totale) pour que je lui tombe direct sur la braguette ?
Oui, certainement ; mais peut-être pas que. Car si on regarde l’intention de « me montrer son nouveau tatouage » d’un autre point de vue, on peut également y voir un geste tout aussi touchant que coquin, surtout lorsqu’on fait le lien avec cette précision : « Je viens juste de le faire ».
Ce qui implique que je suis certainement la première personne à qui il l’a montré.
Dans son attitude, j’avais cru lire : « Alors, il te plaît mon nouveau tatouage, hein ? Il me va bien, hein ? Ça te donne encore plus envie de me sucer, hein ? » ; alors qu’il aurait peut-être tout simplement fallu comprendre : « (Est-ce qu’)il te plaît mon nouveau tatouage ? (Tu trouves qu’)il me va bien ? ».
Voilà les réflexions que je me suis fait la nuit après la venue de Jérém, après cette première baise dans ma chambre ; à moins que la mémoire ne me joue des tours et qu’elle ne place à ce moment des prises de conscience que je me ferai que bien plus tard dans ma vie, bien après que la naïveté de mes 18 ans ne se soit envolée dans les tourbillons de la vie ; des réflexions que je projetterai dans cette nuit, comme une évidence, comme un délicieux anachronisme, une fois éclairé par les évènements successifs de cette histoire.

Mardi 31 juillet

Le lendemain de cette première baise chez moi, aussi inattendue que décoiffante, j’attends fébrilement le retour de mon bel étalon.
Je sais qu’il a aimé nos retrouvailles sexuelles, qu’il a pris son pied comme jamais. Je l’ai ressenti, je l’ai vu. Moi aussi j’ai pris mon pied comme jamais. Il m’a fait jouir rien qu’en me baisant. Truc de fou. Comment voulez-vous que je garde l’esprit clair après ça ?
Alors, je l’ai invité à revenir. Presque supplié de revenir. Et il avait l’air d’avoir accepté mon invitation.
Alors, en ce mardi, je passe mon temps à attendre son retour.
J’ai piétiné toute la matinée, dans l’attente nerveuse que l’après-midi vienne.
12 h : je déjeune avec maman et j’ai du mal à tenir en place.
13 h : maman vient de partir.
14 h : je tourne en rond. Je suis excité et inquiet. J’ai envie de me branler pour me calmer mais je veux garder mon excitation pour alimenter le feu de mon bomâle.
Je ne sais même pas s’il va venir ; le sens de ses mots de la veille porterait à le croire ; mais qui sait ce qu’il va en être en réalité ; est-ce qu’il n’a pas changé d’avis entre temps, trouvé mieux à faire, à baiser ?
15 h : Et s’il n’a pas changé d’avis et d’envie, à quelle heure va-t-il terminer son service, prendre sa pause ? Va-t-il venir directement en débauchant ou avant de rembaucher ?
Quand serait-il le bon moment pour lui parler ? Avant de monter dans ma chambre, autour d’une bière ? Ou bien après l’amour, sur l’oreiller ?
Les minutes s’égrènent lentement et trop vite à la fois. Tout mon corps est encore secoué par ce que mon bobrun m’a fait hier ; et il en redemande.
16 h : soudainement je réalise que nous sommes le 31, et que c’est le jour où mon bobrun doit rendre les clefs de son appart. Bien sûr qu’il ne va pas venir ! J’ai été con de ne pas y penser avant ! A l’heure qu’il est, il doit être en train de finir de déménager ses affaires chez Thibault.
Je ressens un bon gros pincement au cœur en imaginant mon Jérém en train de quitter définitivement ce lieu si symbolique. Ce lieu que je ne reverrai plus, et dont le dernier souvenir sera un « dégage » balancé avec une agressivité assez impressionnante.
16h30 Et alors que je n’y croyais plus du tout, ça sonne à l’entrée.
Je dévale les escaliers quatre à quatre, j’ouvre la porte et…
… voilà la voisine qui veut parler à maman…
« Elle n’est pas là… elle va rentrer plus tard… ».
Et alors que je suis pressé de la voir partir pour ne pas devoir écouter ses bavardages sans fin, elle commence à me parler de problèmes de voisinage.
Nous sommes toujours sur le pas de porte ; je sais que ce n’est pas très poli de ne pas l’inviter à rentrer, mais je sais que si je craque, je ne vais pas m’en dépatouiller pendant des heures… surtout que cela ne la gêne en rien pour me tenir la jambe… au secours !!!
Nous sommes en plein soleil et je compte sur la chaleur pour qu’elle se fatigue et pour qu’elle rentre chez elle. Mais rien n’y fait, elle cause, elle cause, elle cause.
Je fais semblant de l’écouter tout en tentant d’élaborer une excuse pour mettre fin à ce harcèlement verbal, lorsque je me sens comme décoller sous l’effet d’un tarpé… j’en ai la vue brouillée, la tête qui tourne…
L’image de sa plastique, de sa présence vient de traverser, transpercer, pénétrer, violer ma rétine, bousculer mon esprit en m’envoyer en plein trip…
PAF/2 !!! Deuxième de la semaine…
Mon mâle reproducteur est là. Venant de la gauche, le voilà. Et, aujourd’hui, c’est clair, il veut ma peau ; ou, du moins, il veut avoir raison de ma santé mentale.
Voilà mon excuse pour virer la voisine « je n’ai plus le temps pour tes conneries, je dois baiser avec le bogoss qui vient d’arriver ».
Au lieu de quoi : « Il va falloir que je vous laisse, j’ai des choses à voir avec mon pote ».
« Je reviendrai plus tard ! » fait-elle sur un ton presque solennel.
Oh, oui, super… on te sonne quand on a fini…
La bécasse vient de partir et mon bobrun est là, en face de moi. Oui, il va y arriver… à me faire disjoncter pour de bon…
Après la tenue rouge de lundi, voici la tenue blanche : t-shirt col rond qui semble sorti direct de son emballage ou, mieux encore, cousu direct sur son torse ; le coton immaculé semble presque coller à sa peau mate qui a l’air légèrement moite ; j’ai d’ailleurs l’impression qu’il se dégage de lui comme une petite odeur de peau de mec bien chaude, à la limite de la transpiration, odeur se mélangeant au parfum de son déo ; le blanc du t-shirt établit un contraste saisissant avec son nouveau tatouage qui rentre par le col et ressort par la manchette bien tendue sur son biceps saillant.
Et puis il y a la casquette : blanche elle aussi, toujours posée à l’envers (je me dis que le petit con a compris l’effet que ça me fait).
La tenue blanche de petit con sexy est complétée par de grandes lunettes de soleil noires pour contrer la puissance du soleil en ce milieu d’après-midi ; et par cette chaînette de mec posée bien en évidence par-dessus le coton, entre ses pecs.
L’ensemble est juste un scandale de sexytude, un affront, une attaque, une OPA hostile… une Opération (de) Petitcon Acasquette en bonne et due forme, hostile pour ma santé mentale.
« Salut » je lui lance.
« Salut… t’es seul ? » il me balance tout en ôtant ses lunettes et en me percutant de plein fouet avec son plus incandescent regard de b(r)aise.
Vraiment, il ne perd jamais le nord ce mec.
« Oui, je suis seul, je te l’ai dit que je suis seul tous les après-midi… rentre… ».
Je me décale, il rentre, il m’assomme avec son déo mélangé à cette odeur, à cette impression de testostérone qui semble flotter autour de lui en permanence. L’espace d’un instant, le temps de rentrer, il pénètre dans mon espace vital ; je suis instantanément saisi par l’impression d’être comme enveloppé d’une sorte de fluide presque épais, ce mélange de virilité et de bogossitude, comme si cela était en effet quelque chose de « palpable ».
Oui, le bogoss a l’air d’avoir chaud. C’est vrai que dans la rue, il fait une chaleur assommante ; il fait « mauvais », comme on dit à Toulouse lorsque le soleil du mois de juillet fait grimper le thermomètre.
« Tu veux une bière ? » je lui lance, sûr de moi ce coup-ci. Hier, après son départ, j’ai bien vérifié qu’il y en avait.
« Je veux bien ».
Je l’invite à me suivre dans la cuisine. Je lui tends sa bière et, après avoir bu une première gorgée de la mienne, je me lance, je lui lance :
« Je suis content que tu sois là ».
Jérém ne dit rien, mais j’ai l’impression que ça lui fait plaisir d’entendre ça. Rassuré, j’enchaîne :
« Je crois que hier je ne t’ai pas remercié pour le portable… alors, merci… ».
« J’allais pas le garder » fait-il avec un petit sourire narquois.
« Merci d’être venu me l’amener en tout cas… je croyais que tu ne voulais plus me voir… ».
Pour toute réaction, Jérém lève les yeux au ciel et souffle bruyamment en signe d’agacement, mais j’ai l’impression qu’il s’agît d’un agacement presque amusé.
« On monte, maintenant ? » fait-il en dégainant un sourire coquin qui sent le sexe à plein nez.
Bon, ok, les explications ce sera pour plus tard. Il y a des priorités dans la vie.
Nous sommes dans ma chambre. J’ai tout juste le temps de fermer la porte qu’il m’att par le bras, m’attire vers le lit, m’y fait asseoir ; ses mouvements sont fermes mais pas violents ; il approche de moi, et alors que je m’attends à que sa main se pose sur ma nuque pour coller mon visage à sa bosse, le bogoss se penche, att le bas de mon t-shirt et avec un geste impatient, il le tire vers le haut, comme une invitation à l’enlever ; je ne me fais pas prier, je me libère de mon t-shirt, je suis torse nu.
La suite, c’est le récit d’un moment qui va être très chaud. Ses mains poussent mes épaules de façon à m’obliger à m’allonger sur le dos ; un instant plus tard, il a déjà déboutonné sa braguette, enlevé son short et son boxer, tout en gardant son t-shirt blanc et sa casquette et il me bondit dessus comme un fauve sur sa proie, comme un mâle en rut sur sa femelle, m’enfonce la queue dans la bouche et commence à la baiser.
D’un geste rapide, presque précipité, il att un oreiller, puis un autre, il les cale derrière mon cou, ce qui a pour effet de relever ma tête et de l’autoriser à me limer la bouche sans trop se pencher en avant.
Ses coups de reins sont puissants, son gland s’enfonce dans ma bouche, à la limite de ma gorge, tellement loin que je suis obligé de retenir son bassin avec mes mains pour respirer de temps en temps.
Oui, le bogoss a chaud et il est très chaud. Mais il réagit bien à mon coup de frein sur l’action, il accepte de baisser d’un cran le régime de ses ardeurs. Le bogoss prend son pied. Et le bogoss semble de bon poil.
J’adore sentir son poids musclé sur moi, son torse me dominant de tout son développement, sa queue remplissant ma bouche. Et plus il prend son pied, plus il chauffe ; jusqu’au moment où, n’y tenant plus, ses bras se plient ; la casquette s’envole en premier, ses doigts attnt le t-shirt par derrière le col ; une fraction de seconde plus tard, le coton blanc glisse sur son torse de fou, offrant à ma vue le bonheur de sa musculature puissante, de ses tatouages et de sa chaînette de mec.
C’est un geste très rapide, si naturel, pourtant si chargé d’érotisme. Je crois que rien n’est à mes yeux aussi beau et excitant que de mater ce beau garçon, objet de tous mes désirs, ôter son t-shirt, se mettre à l’aise pour prendre son pied avec moi ; et, plus fort encore, ôter son t-shirt pendant qu’il est déjà en train de prendre son pied entre mes lèvres, sans pour autant que la cadence de ses coups de reins en soit un tant soit peu perturbée.
Tout pris dans l’excitation des sens, il balance le t-shirt devant lui, soit derrière moi, avec un geste si inconscient, nonchalant, en levant le bras et en s’en débarrassant sans y prêter attention ; je ne suis pas encore remis de la claque qu’est à chaque fois la vision de sa nudité que déjà je suis bouleversé par une rafale d’arômes dégagés par la peau fraîchement dénudée. Et par un autre geste, à la fois sexy et touchant à mes yeux : tout comme hier, et sans même que je ne lui demande, le bogoss ratt sa casquette et la pose sur la tête.
Je suis dingue et plus que ça, même. J’ai très envie de le sentir se décharger dans ma bouche. Ça tombe bien car, au menu de mon bobrun ce jour-là, il y a bien « dégustation de semence de bogoss, copieuse, chaude, bien épaisse et savoureuse ».
Quelques coups de reins, puissants, très « mec », très « jeune mâle vigoureux plein de puissance et d’ardeur » ; un rugissement vibrant, secouant tout son corps et le mien avec, et le bogoss se répand dans ma bouche. Bonheur absolu.
Un instant plus tard, il se dégage de moi et il part fumer sa cigarette à la fenêtre.
Je le regarde, la casquette toujours à l’envers sur sa belle crinière brune de mâle, l’épaule appuyée au montant de l’embrasure ; je le regarde et le contact de sa peau me manque déjà. Cette peau mate et tatouée qui m’attire comme un aimant.
J’ai envie de lui montrer que si je suis fou de lui, ce n’est pas qu’à cause du sexe ; au fait, je ne sais pas trop quoi je devrais montrer… si je lui montre que je suis amoureux, ça va le faire fuir… si je lui montre que je n’en veux qu’à sa queue, il va me prendre pour sa salope.
L’impression que quoique je fasse, ça ne sera jamais bien.
Comment faire pour lui montrer juste à quel point ça fait du bien de ses laisser aller à un simple câlin ? En lui en faisant un, non ? oui, j’ai l’impression que quoique je fasse, ça n’ira jamais. Alors, autant faire ce dont j’ai envie.
Oui, cette peau mate m’attire comme un aimant. Alors je me laisse aimanter. Je descends du lit et je le rejoins à la fenêtre. Je m’approche de lui jusqu’à presque frôler son dos.
« J’ai droit ou je vais me faire jeter ? ».
« Arrête, on va nous voir… ».
« Fausse excuse, les rideaux nous protègent… ».
Je fais tourner la visière de sa casquette sur le côté et je me colle à lui. J’ai l’impression de jouer avec une figurine Playmobil, la figurine Playmobil la plus sexy qui soit.
Qu’est-ce que c’est bon de le sentir contre moi. Sa peau dégage un mélange complexe d’arômes de frais, de mec, de mec qui vient de jouir ; elle est chaude, douce, et ses muscles si fermes.
Depuis combien de temps j’attends, j’espère, je souhaite ce moment… et même si le partage n’est pas encore total, même si Jérém est encore sur la défensive, la retenue, l’esquive, en mode « froid des Balkans », l’instant magique est quand même-là. Alors, ce sont des frissons indescriptibles qui courent le long de ma colonne vertébrale.
« T’es chiant… » fait-il tout en continuant à fumer sa cigarette.
Certes, ce n’est pas un véritable encouragement à poursuivre ; pourtant j’ai l’impression qu’il n’y a pas de véritable agressivité dans ses mots, j’ai la sensation que je ne vais pas me faire jeter.
« Je sais… ».
Je passe mes bras sous ses aisselles, je le serre un peu plus contre moi ; je me dresse sur la pointe des pieds, je pose ma tête sur son épaule ; et je ne peux pas résister à la tentation de poser quelques bisous à la base de son cou.
« Arrête, ça chatouille ! ».
Je m’y attendais un peu à celle-là. Alors je me contente de poser ma tête sur son épaule et de fermer les yeux pour profiter de ces instants de tendresse ; une tendresse que je lui donne et qu’il reçoit sans pour autant m’en donner en retour, une tendresse qu’il ne refuse pas non plus, ce qui est déjà un pas en avant assez remarquable.
Cela ne dure pas longtemps. Le bogoss termine sa cigarette, écrase le mégot sur le rebord de la fenêtre ; et il se dégage de mon étreinte.
Mais alors que je m’attends à le voir partir, il s’allonge sur le lit, l’air épuisé.
« T’es fatigué ? ».
« Un peu… hier soir j’ai fini super tard et ce midi il y avait un monde fou… et puis, cette chaleur m’assomme… il fait vraiment mauvais depuis le week-end… ».
Je le regarde, allongé sur mon lit, à l’aise dans sa magnifique nudité. Je me perds dans cette contemplation, complètement déconnecté de l’instant présent, sans faire attention aux secondes qui passent et au silence qui s’installe.
Lorsque je reviens à moi, j’ai l’impression que ses paupières sont de plus en plus lourdes, et qu’il va s’endormir. Je le rejoins sur le lit. Il se tourne sur le côté. Je me colle contre lui.
« J’ai chaud… » il me balance.
« C’est qu’une impression… » je rigole.
« T’es chiant… ».
« Je sais… ».
Je le serre dans mes bras. Aucune réaction de sa part, aucun mot. Le vent d’Autan fait bouger le rideau, plongeant tout à tour la chambre dans la pénombre ou la remplissant de rayons de soleil intenses.
Tout pris dans le bonheur de le tenir dans mes bras, je me sens partir comme dans une autre dimension ; je ne prête même plus attention aux bruits de la ville qui montent de la rue : tout ce qui compte pour moi c’est sa présence, la chaleur de son corps, son odeur. Et le fait qu’il tolère mes câlins.
Et pendant que le silence s’installe, je m’autorise le bonheur simple et intense d’écouter sa respiration. Elle se fait de plus en plus régulière, paisible, je commence à croire que mon bobrun s’est assoupi.
Une impression qui se manifeste totalement fausse, lorsque je l’entends me balancer à brûle pourpoint :
« Qu’est-ce que tu attends de moi, au fait ? ».
Ah, celle-là, alors, vraiment je ne m’y attendais pas… qui a dit que Jérém ne ferait jamais le premier pas ?
Je crois d’abord de ne pas avoir bien entendu ; pourtant sa question est plutôt claire, sans équivoque.
C’est le moment Nico, il faut saisir l’occasion, il faut lui parler, c’est maintenant ou jamais.
Je reconnais l’un de ses instants où tu sais que c’est là que tu dois monter dans le train, qu’importe où il va, mais tu sais que tu dois y aller, sans poser de question.
Lui parler, facile à dire, surtout que si je me lance, je risque d’arriver très vite aux sujets qui fâchent : surtout que, pour parler à un mec comme Jérém, il faut trouver les mots, les phrases et les formes qu’un tel spécimen, LE spécimen, puisse entendre sans se braquer ; il faut trouver la brèche, comme une aiguille dans une botte de foin, pour ne pas trop chatouiller la bête ; et c’est un exercice d’autant plus difficile lorsqu’on est amoureux et qu’on sait qu’un mot de trop pourrait nous faire perdre l’être aimé.
« Je ne sais pas vraiment Jérém… » je finis par me lancer « un peu de considération déjà… je ne suis pas un pantin qu’on prend et qu’on jette quand on en a envie… c’est trop dur de ne jamais savoir quand je vais te revoir, ou même si je vais te revoir… c’est dur de supporter tes colères… tu y as été fort l’autre soir… j’ai cru que t’allais me frapper… ».
« Tu dis n’importe quoi… ».
« Je te jure, tu m’as fait peur… ».
« Je n’étais pas bien… ».
« Peut-être… mais je ne suis pas ton punching-ball… ».
« Ok, ok, désolé… ».
« Je crois que je mérite un minimum de respect, même quand tu n’es pas bien… ».
« Ça va, n’en fais pas des tonnes non plus… ».
« T’as compris ? » je fais exprès de reprendre ses mots de la dernière fois.
« Ouiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! » fait-il en montant la voix sur un ton qui se fait de plus en plus agacé.
« Merci ! ».
Le silence s’installe à nouveau. Je me dis que, puisque le train est lancé, autant continuer jusqu’au au terminus.
« Dans un mois, je vais partir à Bordeaux pour mes études… ».
« Je sais… ».
« … je ne sais pas si tu vas rester sur Toulouse ou si tu vas partir… ».
« Je n’en sais rien non plus, mais j’aimerais bien prendre l’air, j’en ai de plus en plus envie… ».
« Je ne veux pas te perdre… enfin… je veux dire… je ne veux pas te perdre de vue, Jérém… ».
« Je te l’ai déjà dit, tu vas m’oublier quand tu seras à Bordeaux… tu vas rencontrer d’autres mecs, des mecs comme toi… ».
« T’oublier ? Je ne pourrai jamais t’oublier… tu comptes beaucoup trop pour moi, et tu le sais… tu es le seul mec qui m’a rendu dingue au premier regard… tu es le premier mec avec qui j’ai couché et de loin celui qui m’a le plus fait vibrer… ».
« Je t’ai bien secoué… ».
« Bien sûr que tu m’as bien secoué… mais je ne te parle pas de ça… ».
« Je suis sûr que t’as encore envie de me sucer… ».
« Non, pas maintenant… ».
« Tant pis, je vais y aller alors… ».
Il se dégage alors de mon étreinte et il commence à se rhabiller, en silence. Boxer, t-shirt, short et baskets viennent à la fois cacher et mettre en valeur sa plastique de fou.
Tout se passe très vite ; dans ma tête ça se bouscule et je n’arrive pas à trouver les mots pour aller plus loin ; mon train lancé à si belle allure a raté sa destination à cause d’un sabotage d’aiguillage signé Jérémie Tommasi.
Je crève d’envie de lui crier « Je t’aime Jérém, je t’aime comme un fou ! », mais je n’y arrive pas.
Nous descendons l’escalier. Son déo me met KO. Il a raison, j’ai encore envie de lui.
Nous sommes dans l’entrée. Je ne peux pas le laisser partir comme ça… j’ai encore son goût de mec dans la bouche et ça renvoie un petit arrière-goût de « reviens-y ».
« Jérém… ».
Le bogoss se retourne, me regarde, me comprends. Il sait que j’ai envie de lui, son regard dégage cette aisance du mec assuré de son charme et du désir qu’il inspire. Ses mains défont déjà sa braguette, écartent les pans de son short et dévoilent le boxer à nouveau déformé par sa jolie bosse.
Je suis à nouveau à genoux devant lui ; je le pompe avidement, tout en me branlant, tout en glissant mes mains sous son t-shirt blanc dans lequel je plonge mon nez au fil de mes va et vient sur sa tige raide ; et alors que mes doigts caressent ses abdos, ses pecs, ses tétons, sa main appuie lourdement sur ma nuque pour imprimer le mouvement qui lui plaît.
Ainsi, son orgasme arrive assez vite. De nouvelles giclées de bogoss atterrissent dans ma bouche, glissent dans ma gorge.
Je suis excessivement excité ; je n’ai pas encore joui depuis tout à l’heure et j’en ai très envie. Je me relève et je continue à me branler, dos contre le mur, sans oser le regarder. Je sens cependant son regard lourd et fixe sur moi ; oui, il me regarde en train de me branler.
Puis, sans un mot, il m’att par l’avant-bras, me forçant à m’éloigner du mur ; il passe derrière moi, il baisse mon short et mon boxer, il crache sur ses doigts, il fait glisser sa salive entre mes fesses ; un instant plus tard, sa queue glisse en moi lentement, elle prend possession de mon entrejambe, jusqu’à ce que ses couilles se calent contre mes fesses.
Il entreprend alors à me limer doucement. Putain… il vient de jouir et il veut à nouveau me baiser… il est inépuisable ce mec…
« Vas-y, branle-toi… » je l’entends me chuchoter à l’oreille.
Je m’exécute. Mais alors que je m’attends à que ses coups de reins prennent de l’ampleur et de la puissance, le bogoss continue des va-et-vient lents et doux ; je me rends très vite compte que cette pénétration n’a pas pour but de me baiser mais juste de m’aider à jouir.
Me branler avec Jérém en moi, me sentir possédé par sa puissance masculine, c’est le pied absolu ; mais je ne suis pas au bout de mes plaisirs. Et de mes surprises.
Et alors que je commence à sentir l’orgasme s’approcher, je sens sa main frôler la mienne ; je continue à me branler, croyant à un « accident » ; mais sa main revient à la charge, elle att la mienne, la dégage carrément de ma queue. Je me laisse faire ; et là, sans attendre, sa main vient saisir ma queue. La sensation de sa prise ferme et chaude sur ma queue est délicieuse. Ce simple contact se prolonge pendant quelques instants, délai pendant lequel mon excitation monte encore, encore, encore.
Un instant plus tard, Jérém est en train de me branler et de me pilonner tout doucement, son torse collé contre mon dos, son souffle sur mon cou ; une somme d’« ingrédients » qui décuple mon excitation. Dès lors, le bogoss n’a pas besoin d’aller bien loin pour que mon orgasme explose, pour que je gicle copieusement sur le carrelage. Je crois que je n’ai jamais joui aussi fort de ma vie : j’en ai le souffle coupé.
Un instant plus tard, il sort de moi, il remonte son boxer et son short, il boucle sa ceinture. Il est prêt à partir. Mais je ne peux pas le laisser partir comme ça, toujours pas.
« Et toi, Jérém, tu attends quoi de moi ? » je m’entends lui balancer à mon tour, et à brûle pourpoint ; je suis tellement surpris de ma sortie que j’ai l’impression d’entendre pour la première fois ma voix enregistrée, je ne la reconnais pas, ça sonne comme faux, déplacé.
« Que tu me fasses jouir sans me prendre la tête » voilà sa réponse cinglante, le regard fuyant.
« Et ça te suffit ? ».
« Bien sûr que ça me suffit… je te l’ai toujours dit… ».
« Tu n’as jamais eu envie de te poser et d’essayer… »
« D’essayer quoi ? ».
« De tenter une relation… juste pour voir… ».
« Je ne crois même pas aux relations entre mecs et nana… alors, tu vois… ».
« Ça pourrait peut-être changer un jour… ».
« Ce jour-là n’est pas prêt d’arriver… ».
« Je t’attendrai Jérém… ».
« Tu attendras quoi ? ».
« Que tu sois prêt… ».
« Mais prêt à quoi ? ».
« A aimer… à te laisser aimer… ».
« Dis pas des bêtises… écoute-moi bien Nico… si je te baise c’est parce que tu suces bien et t’as un bon cul… je prends mon pied, tu prends ton pied, il n’y a que ça de vrai… mais moi je ne suis pas pd, fiche-toi ça dans le crâne… alors, si tu veux qu’on continue à s’envoyer en l’air tant qu’on est tous les deux sur Toulouse, ne me prends pas la tête… et à Thibault non plus… ».
Sur ce, sans me laisser le temps de réagir, le bogoss att la poignée de la porte, ouvre le battant ; un instant plus tard il est dans le rue, plongé dans la lumière aveuglante de l’après-midi toulousain.
Le battant de la porte dans la main, je le regarde s’éloigner, beau comme un Dieu, son goût persistant dans la bouche, une déception persistante dans mon cœur.
Cette fois-ci, j’ai essayé de lui parler. Et franchement, je n’ai pas l’impression d’avoir avancé d’un poil. Je suis déçu par ses réactions. Tenter de lui parler n’a pas plus levé le voile sur le « mystère Jérém » et sur le mystère de ses envies réelles.
Mais que veut réellement Jérém ?
J’ai beau me r l’esprit en me disant que certaines de ses attitudes sembleraient indiquer qu’il attend peut-être autre chose de moi que de la baise, ses mots disent exactement le contraire. Alors, à quoi se fier ? A mes oreilles ou à mon instinct ?
Si je me fie à ce dernier, je me dis que ses mots ne sont pas son véritable ressenti. S’il la joue mec sûr de lui, de ses envies, je sens que quelque chose le tracasse. Quelque chose dont il ne veut toujours pas parler. J’ai beau tenter de prendre les choses en main, il est glissant comme une anguille.
C’est dur de ressentir ce sentiment d’impuissance, cette impression que les mots et les attitudes et le ressenti de la personne ne disent pas la même chose, l’a impression que la personne se cache derrière des mots faux pour se protéger de nous, pour se cacher de nous, pour nous fuir.
Mais ça aussi, ce sont peut-être des réflexions que je me ferai plus tard, trop tard.
Sur l’instant, je me sens frustré, déçu, triste. C’est dur d’observer, impuissant, le fossé infranchissable entre Jérém et moi ; de ressentir le sentiment de n’avoir aucune prise pour faire évoluer les choses entre nous.
Je viens de remonter dans ma chambre, plein de tristesse, et soudainement je repense à ce maillot que j’ai acheté à Londres. Je n’ai toujours pas trouvé l’occasion pour le lui donner.
J’appréhende un peu sa réaction… est-ce que c’est « trop » comme cadeau ? Comment va-t-il le prendre ? Est-ce que c’est une bonne idée de faire un cadeau à un mec qui vient de vous annoncer que vous n’êtes rien de plus pour lui qu’un cul à baiser ?
De toute façon je l’ai acheté pour lui et je lui donnerai. Dès demain. Mais est-ce qu’il viendra, demain ?

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