Démarcheur À Domicile 8 Le Cadeau Empoisonné

Ce matin, Marion sort. Où va-t-elle ? Elle attend ma question. Je ne la pose pas, je m’enferme dans un mutisme destiné à lui faire calculer les conséquences de ses actes récents à la limite de la trahison de ce qui nous avait unis. Où va-t-elle ? A l’hôpital peut-être ,pour consoler Gérard. Ce sera le coup fatal à notre union En fin de matinée on sonne, j’ouvre.

-J’ai un colis pour madame. Je pourrais le lui remettre ?

Le porteur est un jeune homme, tiré à quatre épingles avec un piercing dans l’oreille. Ce grand brun musclé fait partie des juniors du club. Curieusement il insiste pour rencontrer ma femme:

- Madame Marion n’est pas là ? On m’a recommandé de lui remettre ceci en main propre.

- Dans ce cas, il faudra repasser. C’est Gérard l’expéditeur ? Pourquoi ne livre-t-il pas lui-même ?

- Il est hospitalisé après une chute dans l’escalier chez madame Liliane, la sœur de madame.

- Pas possible, quel maladroit. Est-ce grave ? Cesse de m’embrouiller avec tes « madame Marion » ou« Madame Liliane« . Je sais ce que contient ton paquet. La livraison ne presse pas. Marion reviendra vers 20 heures.

- Ah ! Si vous savez, je pourrais peut-être vous le confier. Je vous connais bien, vous êtes du club. Je voudrais regarder le match à la télé.

- Quel est ton nom, tu joues en junior ? Tu as quel âge ?

- Émile, j’aurai dix-huit ans dans six mois. Je prendrai votre place un jour ! Méfiez-vous. Rigole-t-il!

Il sourit aimablement, me tend le colis, salue et s’en va.

Émile. Qui a parlé d’Émile récemment ? Gérard reprochait à Liliane de fréquenter un dénommé Émile. Le gaillard serait donc déjà en piste pour doubler Gérard auprès de « ces dames. » Il aurait aimé rencontrer « Madame Marion. » Extravagant. Sans ce match à la télé, m’aurait-il remis le précieux envoi de trois soutiens-gorge.

Quelle idée ! Remettre en main propre trois soutiens-gorge.

Ce jeunot est trop poli. Pourquoi en main propre ? C’est curieux, j’en deviens curieux. J’ouvre soigneusement le paquet, je remplacerai le scotch.

Sous pochettes plastiques les trois soutifs couvrent un boîtier. Je l’ouvre. Tiens le fameux œuf et sa télécommande et au fond une carte de visite.

« Tu ne l’as pas commandé à cause de ton mari jaloux. Pour me faire pardonner, je te l’offre ma chérie. Cache-le. A bientôt, j’espère. Gérard ».

Voilà la réponse au doute. Ce type fait un cadeau à ma femme et ne veut pas que je le sache. Comment les autres hommes réagissent-ils dans une situation semblable : un presque inconnu offre un vibromasseur à votre femme, lui demande de le cacher à son mari : vous sautez de joie ? Pas moi.

Un dernier morceau de scotch. Marion ne verra rien , ne saura pas que j‘ai fouillé l‘envoi et découvert le message pourri. Le paquet est neuf et semble conserver son mystère.

- Tu n’as pas préparé le repas de midi, mon chéri ?

Elle rentre délivrée apparemment du souvenir des dernières vingt-quatre heures. Je l’imite mais sans excès , je daigne lui parler:

- M’as-tu dit où tu allais et quand tu reviendrais ?

- Oh ! Pardon, j’étais troublée. Je suis allée chez ma sœur. Joseph était sorti. Il l’a arrangée ! La pauvre, quelle rouste ! Un œil au beurre noir, les lèvres enflées, des bleus sur les bras, dans le dos, les fesses en feu, striées de traces de doigts. J’ai dû lui appliquer un baume adoucissant. Je lui ai recommandé de porter plainte. Elle craint de le rendre encore plus sauvage. C’est honteux.

- C’est bien fait pour elle. Si elle était moins salope, tu pourrais la plaindre.

- C’est ma sœur.

- Hélas. Tiens, ton colis de soutiens-gorge est arrivé.

- Donne- le moi. Merci. Je vais immédiatement les essayer dans la chambre.

- Que de mystère ! Ta pudeur soudaine t’interdit d’essayer ta lingerie devant moi.
Crains-tu que la vue de tes seins m’excite et me jette sur toi pour un viol sauvage ? Tu as attendu que je dorme pour te coucher dans un épais pyjama en dépit de la bonne température et tu vas te cacher dans la chambre : Gérard a-t-il marqué ta poitrine en palpant gaillardement tes seins pour évaluer la taille de tes bonnets? Qu’as-tu encore à cacher à ton mari ? J’ai déjà trouvé étrange l’insistance du livreur pour te remettre ce paquet « en main propre. » Aurais-tu commandé des bijoux ou des pierres précieuses ? Bon, puisque je ne dois pas voir le contenu, je vais faire un tour.

- Ah ! Non. C’est trop facile ! Je n’ai rien à cacher malgré tes insinuations perfides. Reste, contrôle tout puisque tu crains que j’aie fait des folies. J’en ai assez de ces accusations injustes. Puisque tu es si méfiant, donne-toi la peine d’ouvrir mon colis.

J’obtiens exactement l’effet désiré. Cette fois j’arrache les bouts de scotch, je blesse le carton; la première ouverture devient indétectable.

- Première pochette, deuxième… Tiens tu as pris trois coloris différents ? Ah ? Sans couture, sans bretelle, sans crochets. Ils ne sont pas complets, regarde il y a un coffret pour les accessoires. J’ouvre aussi ?

Marion est intriguée à son tour. Si elle pouvait… mais elle ne peut pas essayer de cacher sous peine de devoir revenir sur « tes insinuations perfides » ou « tes accusations injustes ». Elle a certainement vu ce boîtier chez sa sœur, Gérard a utilisé son contenu pour affaiblir ses défenses et la baiser. Il est cependant trop tard pour reculer, elle attend. Je tourne et retourne entre mes doigts le coffret en plastique, je recule l’échéance de l’ouverture avec un plaisir sadique et je me demande par quelle pirouette elle va se sortir de ce pétrin. D’une vois éteinte, elle ordonne :

- Ouvre enfin. C’est bizarre, le livreur s’est trompé de colis ou d’adresse sans doute.

- Ton nom est écrit en toutes lettres avec ton adresse.
Et il prononçait « Marion » avec tant de ferveur que cela ne peut pas être une erreur de destinataire. C’est un dénommé Émile qui semble lui aussi épris de ma femme. Tu fais des ravages dans le club de foot.

Marion hausse les épaules, agacée par ce nouveau signe de jalousie /

- Ce n’est pas de ma faute si les jeunots s’entichent des femmes des meilleurs joueurs. Oublie le. Je suis curieuse de savoir.

Je soulève le couvercle, et alors je joue l’étonnement

- Ça alors ! Mais je connais. Un œuf vibrant. Cela explique les recommandations de Gérard au livreur de remettre « en main propre. » Tout est clair. Tu jures de ne plus jouer avec ces instruments mais tu en commandes.

- Non, c’est faux, je ne l’ai pas commandé.

- Et pourtant il est là ? Comme si !On est en droit de se demander pourquoi. Pour ne pas s’en servir ? Pour faire revivre le souvenir de cette soirée mémorable où malgré ta vertu tu as joui autour de ce truc ? Pour te faire penser à Gérard et à son art de te faire sauter en tous sens, grimper aux murs de plaisir avec cette télécommande. Viendra-t-il ici pour utiliser la télécommande.

- Je te jure que c’est une erreur.

Elle est de bonne foi. Je mets fin à la mentale.

- Il y a une carte de visite au fond. Tiens, lis.

- Non, lis toi-même. Va jusqu’au bout.

« Tu ne l’as pas commandé à cause de ton mari jaloux. Pour me faire pardonner, je te l’offre, ma chérie. Cache-le. A bientôt, j’espère. Gérard ».

- Pardon « ma chérie. » J’ai tort, c’est un cadeau. Un cadeau de type particulier. Qu »en penses-tu, ma femme, chérie de Gérard? C’est révélateur. Je me vois mal envoyer un objet sexuel à une femme sauf à être très intime avec elle. Gérard a conscience de l’énormité de la chose et il te recommande de me cacher ce bel objet. Tu pourras continuer à porter des tenues de lit étanches, comme hier soir, me tourner le dos et te donner du plaisir toute seule en pensant à son expéditeur ou à son jeune livreur.
Te rends-tu compte de l’insulte que je ressens ?

- Ce n’est pas de ma faute si Gérard a ajouté ce truc. Je ne te l’ai pas caché, tu l’as en main. Garde-le, moi je n’en veux pas. Tu me crois ?

- Et le « à bientôt » résonne comme la suite de rencontres précédentes tenues secrètes.

- C’est lui l’auteur. Pas moi. Il n’y a pas eu de rencontres. Il prend ses désirs pour des réalités

- Si Gérard vient ici un jour, je lui ferai bouffer son œuf ! Mais à quel point vous connaissez-vous ? Il te tutoie, il t’offre un cadeau spécial du domaine de l’intimité, il est complice et tente d’exclure le mari de votre relation. Cela dénote une relation proche. Suis-je cocu ?

- Ne fais pas comme si tu ignorais sa relation avec ma sœur. On en a assez parlé.

- Il devrait se contenter d’offrir ce genre de cadeau à Liliane. Pourquoi à toi ? Joseph m’a mis en garde, Gérard a flashé sur toi. Liliane le lui a déclaré.

- Sûrement pour détourner d’elle les soupçons. Ces deux là me mettent dans de sales draps.

- Des draps où ils aimeraient se rouler avec toi et sans moi. J’aimerais que tu envoies un mot de remerciement à Gérard.

- Oh ! Non. Que veux-tu que je lui dise ? A la moindre maladresse tu m’accuseras de complicité ou il se fera des illusions et redoublera d’audace. Écris pour moi, s’il te plaît.

- D’accord. Prête-moi ton téléphone, je lui enverrai un S.M.S.

- Utilise le tien.

- Et il me prendra pour un gay grâce à mon adresse. Bien, continue ton petit jeu de cache-cache. Mais à partir de maintenant, c’est la guerre.

- Quel drame. Tiens mon mobile. J’ai compris, tu veux qu’il ait mon adresse.

- Et si tu essayais tes soutiens-gorge. Devant moi.

C’est une trêve heureuse. Un peu de coquetterie dans les mouvements détend l’atmosphère tendue depuis l’ouverture du boîtier. Marion m’offre ses deux becs de colombe à embrasser, puis sa bouche. Sa main remonte entre mes jambes, me masse, insiste. Depuis mercredi elle a été inabordable, s’est réfugiée derrière la douleur née de l’œuf vibrant. Sa provocation me ravit. J’oublie Gérard, j’enfle entre ses doigts. Pour mon bonheur elle baisse le zip de mon pantalon, me jette un coup d’œil coquin et entame une fellation savante, combine jeux de mains et prise en bouche. Ses lèvres rivalisent avec sa langue. Je me sens aimé, désiré, je jubile, le plaisir me frappe, mon sperme s’étale sur son visage. Elle rit, elle tend la langue, récupère et avale. Ses yeux brillent elle sourit heureuse.

- Tu as aimé ? Que crains-tu, je n’aime que toi. Tu m’as vu faire ça à l’autre obsédé?

Elle se relève, se rhabille. A ma grande déception elle plie les soutiens-gorge :

-Je les range dans l’armoire. Après, ce sera à nous deux…je te promets une soirée agitée

C’est sa façon de siffler la fin de la récréation. Je reste sur ma fin : j’ai eu l’entrée, elle a reçu le dessert: il manque le plat principal. Au lit le soir elle troque le pyjama contre une nuisette. J’y vois un appel. Hélas après quelques bisous sur son abricot, je tente une pénétration timide mais lubrifiée de son vagin. Marion gémit, se plaint, fait des sauts de carpe, me prie d’arrêter, me réclame de la patience. Ses parois sont encore trop sensibles, le frottement de mon majeur l’irrite, elle ne pourra pas recevoir en elle mon pénis. Je maudis Gérard. Il paiera ! Mon S.M.S. le perdra. Je l’ai envoyé et aussitôt effacé. J’ai rendu le téléphone à Marion. Je retiens les éléments nécessaires à un futur usage.


A suivre

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