Philippe (4)

"Allons manger un morceau" avait-il dit... Il m'emmène dans un restaurant de poissons place des Ternes quand je pensais qu'on allait trouver un petit truc sympa comme le midi. J'ai jamais mis les pieds dans un endroit pareil et mon look de petit banlieusard fait un peu tache dans ce décor raffiné. Philippe me rassure, me dit qu'on en a rien à faire si ce n'est de profiter du moment. Il me dit que comme j'aime bien l'eau, ce genre de nourriture devrait me plaire et il ne se trompe pas vraiment. Et on se régale mais on parle peu. Il y a comme une tension, quelque chose qui voudrait que malgré tout, ce serait bien que la coquette addition qu'il va régler plus tard arrive maintenant et qu'on se retrouve chez lui vite fait.
Ce moment ne tarde pas trop à arriver cependant et nous remontons en voiture. Cette fois, c'est lui qui conduit, direction "la Résidence", son chez lui. Destination Bougival, quartier super chic, des maisons incroyables, des voitures qui ne le sont pas moins, des arbres, de la verdure et puis ce calme... On a peine à croire qu'on est si proche de Paris. La voiture s'arrête devant une grande grille en fer forgé. Philippe l'ouvre et nous accédons à une grande cour pavée et je vois alors la maison. Spectacle incroyable! C'est une maison... non, une villa certes ancienne mais d'un charme absolu, en L, 250m², on y entre par une vaste entrée, donnant sur un immense salon avec cheminée qui me donne l'impression d'être aussi grand que tout l'appart de mes parents. Le salon ouvre sur une grande terrasse avec terrain arboré et paysagé de 3000m². Je suis émerveillé. Philippe arrive derrière moi et me glisse à l'oreille avec un air amusé:
-Je suis désolé, il n'y a pas de piscine ici.
Mais je m'en fous totalement, je l'embrasse et on continue la visite, deux grandes chambres, un bureau, dans un angle du salon, un marrant petit escalier en colimaçon qui mène à une autre grande chambre avec salle de bain et wc. De l'autre côté de l'entrée, une grande salle à manger, salle de bain, wc, et une grande cuisine toute équipée donnant sur une buanderie, un cellier et une cave à vins.

Tout est parfait ici, meublé avec goût et raffinement, ça respire le luxe sans être tape à l'oeil. Nous retournons au salon et Philippe propose:
- Qu'est-ce qui te ferait plaisir? Alcool fort, vin, bière?
J'opte pour une bière et il fait de même. Nous prenons place dans ce canapé moelleux. Jusque là, j'ai été dans l'incapacité d'articuler quoi que ce soit, j'essaie de me détendre:
- Ben en tout cas, moi, quand je serai grand, je veux être patron dans les transports!
Philippe ne prend pas tout à fait ce qui se voulait être une blague, à la rigolade. Il prend soudain un air plus grave et il commence à raconter. Cette résidence lui vient de son grand père, celui qu'il appelle, le "colosse maudit". Philippe n'a jamais manqué de rien, mais il n'a pas eu une enfance de rêve non plus. Son grand père était une force de la nature et c'est lui qui a terminé d'élever Philippe. Il était parti aux Etats Unis à la fin de la guerre, ne supportant plus ce qu'il appelait cette terre de collabos et voulait à sa façon remercier tous ces gens qui étaient venus pour nous libérer, en allant aider comme il le pourrait au développement de ce grand pays, cette terre de tous les possibles.
Son grand père était donc parti avec sa petite femme sous le bras, comme il aimait à le dire et pendant une quinzaine d'année, il a travaillé comme un damné dans le secteur de l'extraction du pétrole qui était alors en plein essor et réclamait des bras et des têtes bien faites. Il gagnera des montagnes d'argent, il aura un fils, mais perdra l'amour de sa vie d'une leucémie foudroyante. Il décide alors de revenir en France avec son fils, leurs racines étant tout de même ici. Il a monté quelques bons business aux USA et délègue leur gestion à des locaux de confiance. Il s'installe tout de suite ici, son fils se marie, a lui-même un fils et tout se passe pour le mieux jusqu'à ce que survienne la deuxième grande tragédie de son existence. Il va perdre son fils et sa belle fille dans un accident de voiture.
Ils étaient partis pour un weekend en amoureux confiant Philippe à son grand père. Philippe se retrouve alors seul aux portes de l'adolescence. Son grand père achèvera son éducation avec le secret espoir de le voir reprendre les affaires qu'il a encore de l'autre côté de l'Atlantique. Philippe ne l'entend pas de cette oreille à cette époque. Bien évidemment, il est triste et en colère et révolté d'avoir perdu ses parents mais par dessus tout, il ne veut pas être le "petit fils de..." Il veut faire quelque chose par lui même, comme l'a fait son héros de grand père des années plus tôt. Il n'a alors aucune idée de ce que cela sera, mais il sait que c'est comme ça que cela se passera.
Je me suis allongé sur le canapé et j'ai posé ma tête sur sa cuisse. Plus je l'écoute parler, bien que son histoire soit tragique, plus je me sens bien avec lui, en sécurité. Moi, je ne connais rien et lui sait déjà et a déjà vécu tant de choses. C'est mon premier mec, sans doute mon premier patron, c'est aussi celui qui me fait toucher du doigt le premier à ce que peuvent être le luxe et le bien être et il y a tellement de choses qu'il me reste à apprendre. Je voudrais que ce soit lui qui le fasse, je voudrai le serrer dans mes bras et l'embrasser sans fin je voudrais qu'il me prenne encore. Mais j'embrasse seulement cette main qui caresse ma joue et j'essaie de rester calme afin de le laisser terminer son récit.
Il m'explique alors qu'il s'est essayé à un tas de choses, son grand père lui disant et lui répétant sans cesse que peu importe le métier qu'il choisit. Du moment qu'il s'y sent bien et qu'il est reconnu à sa juste valeur pour les efforts qu'il fournit, c'est qu'il est au bon endroit. Il se fixera bientôt sur le métier de coursier. Il aime l'effort et dans ce secteur là, il faut en vouloir et ne pas compter ses heures. Piloter une bécane dix à quinze heures par jour qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige n'a rien d'une promenade de santé. Il le fera très bien, va vite se faire un nom et bien gagner sa vie.
Son grand père est décédé il y a six ans maintenant, Philippe avait alors vingt deux ans. Il décide de confier aux notaires et avocats la mission de céder toutes les parts qu'il détient par héritage des deux affaires familiales aux USA. Avec l'argent récolté, il fait rénover entièrement la résidence et il investit le reste dans son entreprise de transports rapides. Et nous voilà tous les deux dans ce grand salon ce soir, à profiter pleinement du résultat de tout ce travail. Je suis époustouflé par tant de courage, de ténacité et de détermination. Il se lève soudain, prend ma main et me dit doucement:
- Viens, allons dormir maintenant.
Je le suis donc dans sa chambre. Bien évidemment, nous finirons par nous endormir, mais pas avant d'avoir fait une nouvelle fois l'amour. J'ai trop besoin et il a trop besoin également d'évacuer toute cette sensuelle tension charnelle qui n'a fait que s'accen depuis notre départ du bureau et s'est encore amplifiée depuis notre arrivée ici. Il va une nouvelle fois prendre possession de mon corps, mais là, ce ne sera plus tout à fait pareil. Il ne s'agit plus seulement de la découverte de nouvelle sensations. Cette fois quand il pénètrera mon fondement, mes yeux plongés dans les siens lui indiqueront qu'il s'agit bien là de l'offrande de mon corps tout entier à sa toute puissance.
Je suis réglé comme une horloge suisse. Tous les matins, c'est 7h15 sans même avoir besoin de réveil. Mais ce matin, en plus, des bruits émanant de la maison aident aussi à mon éveil. Philippe dort toujours à poings fermés. Il est beau dans son sommeil, et j'ai envie de le réveiller tout de suite pour qu'il calme ma vigoureuse et superbe érection matinale, mais je n'en fais rien et le laisse profiter des ses derniers moments de sommeil si tranquille. Il fait déjà grand jour et au travers des rideaux de la grande baie vitrée qui donne sur la terrasse, je distingue un ciel tout bleu qui promet encore une belle journée. Le réveil sonne soudain. Philippe ouvre les yeux et me regardant:
- Bonjour toi, bien dormi?
Je ne réponds rien mais me rapproche de lui pour lui offrir mes lèvres dans un premier baiser passionné.
Il repend amusé:
- Je prends ça pour un oui!
Puis il se lève d'un bond, m'att par la main:
- Viens! Allons déjeuner, ne traînons pas, on a plein de choses à faire aujourd'hui.
Je répond plus qu'hésitant:
- Mais... Attends... J'ai entendu du bruit... et nous ne sommes même pas... - et alors que nous avons déjà traversé le salon et que nous entrons dans la cuisine - ...habillés!
J'ai soudain comme une envie que mes pieds s'enfoncent dans le sol et qu'il m'aspire tout entier. Il y a déjà quelqu'un dans cette cuisine ou règne d'ailleurs une merveilleuse odeur de café et de pain grillé. Fort heureusement au moins, cette érection matinale qui ne voulait pas me lâcher jusque là a complètement disparu du coup. C'est toujours ça! Philippe part alors d'un grand éclat de rire:
- Ne t'inquiète pas! Je te présente Antoine. C'est mon intendant. Il sait parfaitement qui je suis, à plus d'un titre d'ailleurs... Bref, Bonjour Antoine, tout va bien aujourd'hui? je te présente Yann.
-Bonjour, Philippe. Tout va très bien, merci. Et Bonjour Yann, enchanté de faire votre connaissance.
Toujours un peu gêné, vu la tenue dans laquelle je me trouve, j'articule tout de même:
- Bonjour Antoine, il est est de même pour moi.
Antoine était déjà l'homme à tout faire de l'ancien propriétaire de la résidence. Quand le grand père de Philippe a racheté cette demeure, c'est tout naturellement qu'il est resté à son service. Il a 34ans, c'est un très bel homme, très classe, qui, étant lui même orphelin avait été à l'époque recueilli par l'ancien propriétaire qui avait décidé de le prendre à son service pour éviter qu'il "ne tourne mal" disait-il. Philippe l'a donc toujours connu ici et au fil du temps, Antoine est devenu bien plus qu'un intendant, il est aussi son confident, une épaule solide sur laquelle s'appuyer dans les moments de doute, en quelque sorte le grand frère que Philippe n'a jamais eu et un homme qui le guidera également dans le fait d'assumer sa sexualité.
En m'invitant à prendre place à la grande table de la cuisine, où nous attend un petit déjeuner copieux, Philippe s'écrie soudain:
- Bon appétit! Ici ça a toujours été american breakfast!
Une fois de plus, c'est un régal. Il ne manque rien, du café, de la crème, du jus de fruit, des toasts, de la confiture, du bacon, des oeufs brouillés et même de délicieux donuts fourrés à la crème, fabrication maison. Une fois rassasiés, nous nous dirigeons de concert vers la salle de bain afin de nous préparer au plus vite, une longue journée nous attend. Philippe est le premier sous la douche et pendant que je termine de me brosser les dents, je l'entends murmurer:
- Tu me rejoins?
Mon sang ne fait qu'un tour. En fait je n'attendais que cette douce invitation et je me rue à sa rencontre sous la douche. Nous nous embrassons à pleines bouches, nos corps se retrouvent enfin serrés l'un contre l'autre dans une étreinte charnelle indescriptible. Nos sexes se dressent déjà fièrement dans l'attente de mille caresses qui ne semblent plus tarder à arriver. Je me tourne toujours collé à lui mais venant frotter mon cul contre cette queue majestueuse, mais au moment ou je me plie en avant pour l'accueillir à nouveau, Philippe me ratt par les épaules, me ramène à lui, m'étreint encore plus fort et me glisse à l'oreille dans un souffle:
- J'aimerais que tu me prennes, maintenant!

(à suivre...)

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