Chapitre 10 : Retour

-Je reviens vivre à Montluçon, m’annonce Sylvain.
-Ah, c’est bien, répondis-je.
Nous sommes nus sur mon canapé, moi assis, et lui allongé, la tête sur ma cuisse. On est en sueur, il faut dire qu’on s’est bien dépensés. J’en veux encore. Si je m’écoutais, je resterais en lui toute la journée. Depuis qu’on s’est revus, le sexe a pris un nouveau goût pour moi. Sylvain, déjà doué avant, est devenu un vrai champion pour me sucer. Il ne s’étouffe plus, et il avale tout mon sperme, ça me comble. Je réalise que tout son corps est fait pour moi, que je ne me sens à l’aise qu’en lui. Tous les autres mecs que j’ai pu avoir, ils étaient bien, mais je ressentais une sorte de gêne, comme s’ils n’avaient pas leur place avec moi.
Pour les sentiments, c’est une autre histoire. Je l’aime bien, même beaucoup, enfin, le nouveau Loïc ressent ça. L’ancien, lui, est amoureux fou, comme avant. Seulement voilà, je ne veux plus être l’ancien Loïc, le nouveau n’est pas mal, il sourit, il est heureux de la vie qu’il mène. Les sentiments ne sont plus aussi im-portants pour lui, tout ce qu’il veut, c’est s’amuser et prendre son pied. Et quel pied. Sylvain et moi, on est en phase, complètement. On ne se voit que les week-ends, quand il peut venir. Cette relation me convient bien, je satisfais mes en-vies, je profite de sa venue pour discuter avec lui sans faire de projets, et quand il n’est pas là, on s’appelle ou on se fait des plans par caméra. Il n’y a pas trop de contraintes. Mais s’il revient vivre ici, on risque de perdre ce confort :
-C’est tout ce que ça te fait ?, me lance-t-il en se redressant.
-J’aime bien ce qu’on a, on s’éclate bien.
-Tu ne m’as toujours pas pardonné, hein ?
-C’est pas ça, c’est juste que je veux pas qu’on fasse comme avant. Je tiens toujours à toi, par contre, je ne sais pas si je t’aime encore.
-Raison de plus pour que je revienne. Moi non plus, je ne suis pas sûr de mes sentiments.

J’apprécie notre relation, et on peut continuer comme ça même si je suis de retour.
-Tu as changé, dis-je en le rallongeant sur ma cuisse, avant tu aurais pani-qué.
-Je t’ai perdu une fois par ma faute, alors c’est à moi de faire des ef-forts. Tu as aussi changé, tu es plus dur, il y a beaucoup de colère en toi. Tu ne l’exprimes qu’à travers le sexe, tu me fais mal dans ces cas-là. C’est ma punition et je l’accepte.
-Pardon, c’est vrai que je suis un monstre quand je suis en toi. J’en ai conscience, et je m’en veux. C’est plus fort que moi, c’est…
-Le seul moyen que tu as trouvé, me coupe-t-il, pour partager ta douleur avec moi.
-C’est ça, admis-je penaud, j’essaierai d’être plus tendre à l’avenir.
-Pas trop, j’avoue que c’est bon quand tu y vas fort. Alors, tu en penses quoi ?
-D’accord, de toute façon, je n’ai pas le droit de t’interdire de revenir. Maintenant, si tu le veux bien, j’ai faim, et il y a un plat de lasagne qui n’attend que nous pour le déguster. A moins que…
-Non, ça ira, on a quand même fait durer ça deux heures. Au fait, chapeau pour ton endurance, bébé.
Il se relève et enfile son caleçon. Finis les slips pour lui, ce que je trouve re-grettable, ça lui allait bien. Je mets mon boxer qui, bizarrement, a atterri sur la télévision. Je regarde autour de moi, nos habits sont éparpillés un peu partout. A son arrivée, c’est vrai que j’ai perdu la tête, et qu’on s’est conduits comme des bêtes, nos vêtements volant dans tous les sens. Trois semaines sans sexe ont cet effet sur moi. D’accord, je l’avoue, il m’a manqué, et pas seulement pour le sexe, et oui, je suis heureux qu’il revienne vivre ici. Il ne faut pas qu’il le sache, c’est tout, il mérite de souffrir encore un peu.
Sylvain m’aide en préparant une salade pendant que je réchauffe les lasagnes au micro-onde. J’ai cuisiné ce plat la veille en suivant une recette trouvée sur in-ternet, et je dois dire que je me suis bien débrouillé. On s’installe à table, et pendant quelques minutes, on n’entend que le bruit de mastication.
Etrangement, quand Sylvain me suce, il fait un peu le même bruit. Je ferme les yeux et je l’écoute, oui ça y ressemble beaucoup. Je n’y avais jamais fait attention avant. Je rouvre les yeux, il me regarde avec stupeur. Inconsciemment, j’ai mis la main dans mon boxer et je m caresse. Je retire ma main, et je fais comme si de rien n’était. C’est sans compter la curiosité de mon homme :
-Quand tu mâches, lui dis-je, on dirait que tu me suces.
-Ah ouais ?, s’étonne-t-il. On ne me l’avait jamais dit. Et tu aimes ce bruit ?
-J’aime tout ce que tu fais avec ta langue et ta bouche.
-Hmm, et moi j’aime tout ce que tu fais avec ton corps. En parlant de ça, on fait quoi, cette après-midi ? Il fait beau.
-On sort, et on va te trouver un appartement.
On fait la vaisselle et on se rhabille. Connaissant ses gouts en matière de loge-ments, je choisis de concentrer nos recherches sur le quartier de la Verrerie. Les loyers n’y sont pas trop élevés, et les logements sont assez beaux. Il est d’accord et c’est main dans la main qu’on fait le tour des agences. Il me raconte les raisons de son retour. Bien sûr, c’est pour être avec moi et voir mon corps d’athlète et mon énorme sexe, mais pas seulement. Il est comptable dans une entreprise lilloise qui bosse autant avec la France que le reste de l’Europe. Elle est en pleine expansion, et son patron a eu une idée :
-Il veut avoir un pied en province, et il a appris que je suis né dans l’Allier et que je connais bien le coin. Bref, je l’ai convaincu de s’implanter en ville. Tu aurais vu le dossier que j’ai monté, et ma présentation. J’avais jamais été aussi éloquent. Il a renoncé à Clermont-Ferrand, et il a envoyé des agents prospecter. Ils ont trouvé le lieu idéal, je sais pas où, et on m’a proposé de diriger l’équipe comptable.
-Tu auras ton propre bureau ?
-Je pense. Oh, je vois ce que tu veux faire, on verra, parce que je te con-nais, on ne sera pas discret.
-Je l’admets, mais on pourra au moins se sucer.
Pourquoi tu souris comme ça ?
-Tu fais des projets pour nous deux, ça me plait.
-Doucement, mon gars, c’est juste du cul.
-Et si tu arrêtais de jouer les gros durs, sauf dans ton boxer, une minute.
-Ok, je suis content de ton retour, je fais des projets. Laisse-nous un an avant de crier victoire.
-Tout le temps que tu veux, triomphe-t-il.
La punition est finie, je vais laisser un peu de l’ancien moi ressurgir. Mes senti-ments sont toujours partagés, mais je suis certain d’un truc, son absence m’est intolérable. Je me réveille parfois la nuit, et je cherche son contact. Alors, je me rappelle qu’il est loin, et je me sens seul. Ma libido retombe aussi dans ces moments jusqu’à ce que j’entende de nouveau sa voix. Parfois, il m’appelle le ma-tin et ça me redonne le moral, et une bonne érection. Vous me direz, je bande dès que je le vois, ou au moins je suis excité. J’ai passé les deux dernières an-nées à essayer de l’oublier, et dès que je l’ai revu, j’ai de nouveau succombé. Je l’ai dans la peau, ce gars ;
-Sylvain, dis-je alors qu’on est assis à une terrasse, je sais pas comment te le dire sans être brutal. Je ne veux pas qu’on revive ensemble, ni qu’on passe trop de nuits chez l’un ou l’autre. On se voit pour diner, on baise et on repart. Ça te convient ?
-Ça me parait équitable. On n’est pas obligés de baiser, on peut juste par-ler et rire.
-C’est ça, comme on parle là et que tu mates ma queue. S’il n’y avait pas tant de monde, tu serais déjà à genoux.
-J’avoue, mais je suis persuadé que je peux tenir. Il faut juste qu’on ne se touche pas.
-Et que je sois habillé, y compris ce que tu sais.
-Arrête, tu es cruel là, maintenant, j’en ai super envie. Y a qu’avec toi que je le fais, je n’ai pas retrouvé de mecs qui aiment ça.
-Ce soir, promis, tu pourras me le faire.


















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