Je Dois Te Parler

- Arsène, je dois te parler.
C’est Jacques qui vient de traverser la salle de la boite de nuit pour venir le rejoindre au bar. Il affiche la mine des mauvais jours. Il n’a aucune raison d’être là, mais son ami ne s’en étonne même pas.
Buvant son deuxième Mojito, Arsène est trop occupé à regarder et admirer sa femme Chantal en train de danser au milieu de la piste de danse, entourée d’admirateurs surexcités. Sur le bar un deuxième verre est vide.
- Elle est belle non ? S’ils pouvaient, ils la baiseraient ici, sur la piste. Elle est tellement sensuelle. Il faut dire qu’elle ne se gêne pas pour les allumer ! La garce ! Elle sait que je la mate, elle exagère pour me provoquer, car elle sait bien que je ne la crois pas capable du moindre petit écart de conduite. Tu sais combien je l’aime Jacques et combien elle m’aime. Le silence s’installe entre les deux amis. Des sentiments confus habitent les deux hommes.
Jacques regarde à son tour la jeune femme se déhancher au rythme de la musique afro-cubaine. La danse est sensuelle, et même plus. D’autres femmes s’exhibent sur la piste, mais incontestablement Chantal est la plus belle et la plus désirable dans sa robe blanche aux épaules nues, évasée, mi-cuisses. Des chaussures d’été à lanières laissent ses pieds nus et les talons compensés affinent ses jambes. Sa poitrine libre de tout sous vêtement se balance sous l’effet des mouvements de son corps. Les yeux des cavaliers sont braqués sur ses seins, guettant le mouvement qui fera surgir à leur vue, un téton ou mieux un sein entier.
Mais Chantal danse, insouciante et heureuse. On l’admire, elle le sait, on la désire et Arsène peut évaluer son pouvoir de séduction.
- Arsène je dois te parler.
Mais son ami ne l’écoute pas, tout à l’excitation de mater sa femme en train de se trémousser, cambrée et frottant par moment son ventre contre celui d’un black qui a pris position face à elle. Tous les deux transpirent car il fait chaud dans la salle.

Le visage de la jeune femme est écarlate. Elle semble à bout de souffle, mais elle se déchaîne sans compter.
- Celui-là, il lui a tapé dans l’œil on dirait. Non ? S’il continue à se frotter comme ça, je vais aller lui dire deux mots à ce con.
- Je croyais que tu étais sûr d’elle.
- Oui, c’est vrai, mais lui, ne le sait pas.
- Elle n’a pas l’air tellement de l’éconduire ! Non ?
- C’est un message pour moi, je suis sûr ! La garce, la salope. Elle m’excite dingue !
Un nouveau silence s’installe, couvert par le bruit de la musique salsa. Les danseurs se déhanchent, se balancent. Une atmosphère de sexe est prégnante. De la dynamite entretenue par le DJ qui, de son perchoir, assiste à la débauche des corps qui s’agitent face à face. Soudain, un sein s’échappe de la robe de Chantal. Elle semble ne pas s’en apercevoir ou bien elle le laisse exposé exprès, profitant de l’ambiguïté de cette exhibition qui peut sembler bien involontaire.
Arsène et Jacques ont vu ce sein, bien entendu. Tous les deux restent bouche-bée, incrédules devant le spectacle.
- Je te l’avais dit, Jacques. Elle me provoque. Tu as vu le clin d’œil qu’elle m’a lancé ? Le black lui aussi s’en met plein les yeux. S’il fait juste un geste, je fonce.
- Arsène il faut que tu m’écoutes ! C’est important.
Mais Arsène ne l’entend toujours pas, le regard braqué sur sa compagne qui se comporte maintenant comme une furie. Elle a mis ses mains sur les épaules du grand black et se trémousse à quelques centimètres de lui, en le regardant droit dans les yeux.
Arsène et Jacques saisissent bien la tension qui existe au milieu de la piste. D’ailleurs, un cercle d’excités se dessine autour du couple. Un cercle de voyeurs car on sent confusément qu’il va se passer quelque chose. La femme est belle et l’homme aussi.
Cette boite n’est pas destinée aux libertins. Pas d‘espace pour des débordements sexuels. On devine que des limites de conduite à ne pas dépasser sont de rigueur ici.
Le sein dénudé de Chantal ne choque pourtant personne. Le DJ au contraire, augmente le son comme pour masquer ou exacerber le côté érotique de la scène.
Les deux danseurs semblent ignorer les témoins autour d’eux. La jeune femme ne se tourne plus vers le bar où son époux la surveille. Elle s’abandonne à la magie sensuelle de la danse, et apparemment à la beauté sauvage, animale, de son cavalier.
Jacques observe son ami. Il est livide, la main qui tient son verre tremble, ses yeux semblent sortir de leur orbite. Il sait bien qu’il n’est pas de taille à lutter physiquement avec le grand black. Et son ami le sait aussi. Il le sent partagé entre la fureur, la jalousie et l’impuissance. Jacques sait qu’Arsène adore sa femme et qu’ils vivent une belle histoire d’amour. C’est une union fondée sur l’amour et l’exclusivité. Il doit lui parler.
Chantal est une belle femme, bourrée de classe et d’élégance. Une bourgeoise qui inspire le respect et l’admiration autant chez les hommes que chez les femmes. Pourtant en cet instant, elle est méconnaissable. On peut penser qu’elle a perdu le contrôle de ses sens et se laisse guider par des pulsions excessives qu’elle semble, au contraire, souhaiter pousser au delà des bienséances. Jacques également ne la reconnaît plus.
- Elle trop bu, non ?
- Un peu, oui mais pas excessivement. Elle est belle, hein Jacques ?
Jacques est surpris par cette remarque. Son ami semble avoir accepté le comportement excessif de son épouse. Un coup d’œil à l’endroit de sa braguette lui révèle que son ami bande. Il bande de voir sa femme s’abandonner dans les bras de ce black qu’elle ne connait même pas. Car maintenant la jeune femme a posé ses mains sur les hanches de son cavalier et ils se déhanchent tous les deux, leurs corps ne faisant plus qu’un, au rythme de la salsa. L’homme a saisi sa cavalière par la taille pour bien la coller à lui. On frise l’indécence. Dans la salle le couple fait l’objet de toutes les attentions.
Le DJ a dû prendre la mesure de la situation car il enchaîne soudain par une série de danses lentes et langoureuses.
Les deux danseurs se séparent et se toisent quelques secondes, hésitants sur la conduite à tenir. C’est la jeune femme qui prend l’initiative et brusquement elle enlace son complice, lui passe une main derrière la nuque et l’attire à elle. Lui, pose une main sur ses reins, une autre sur les fesses. Ils ondulent alors lentement au milieu de la piste. Chacun a pu voir Chantal rajuster le haut de sa robe pour cacher son sein épris de liberté. Leurs visages se font face, très près, leurs nez à presque se toucher. On devine que leurs haleines se mélangent, leurs souffles se mêlent. Ils sont déjà en train d’échanger un semblant de baiser.
- Tu crois qu’elle va se laisser embrasser ?
- Jacques, je pense plutôt que c’est elle qui va l’embrasser. Regarde ses yeux, ils sont pleins de désir.
- Mais Arsène tu deviens fou ! C’est Chantal !
- Tu as raison je deviens fou. J’ai peur et en même temps je suis excité de la voir s’abandonner dans les bras de ce type. Jamais j’aurais cru cela d’elle. Ni de moi !
- Tu n’as pas peur de la perdre ?
- Non ! Impossible. Il existe une telle complicité entre nous. Depuis le premier jour. Tu as vu comment elle me regardait ? Elle sait que je suis là. Tu la connais bien Jacques, tu sais bien qu’elle ne serait pas capable d’une telle infamie !
Un court silence s’établit entre les deux hommes au milieu de la musique douce qui balaie la salle. Ce dialogue est surnaturel, complètement décalé quand on observe la scène. Une femme très belle danse dans les bras d’un black. Il est habillé d’un pantalon léger noir en flanelle qui lui moule le sexe et les fesses. Son teeshirt, collé à la peau par la sueur dessine un torse musclé et puissant. Une image de sexe qui fascine la jeune femme.
Maintenant les lèvres rouge foncé, charnues et brillantes de salive de l’homme ne sont plus qu’à quelques millimètres de celles, roses et fines de Chantal.
Le temps se fige, leurs yeux sont braqués les uns dans les autres.
- Comment Chantal peut-elle se laisser séduire par un type de ce genre. C’est l’archétype même du monsieur muscle avec rien dans la cervelle ! Ce n’est pas possible, il doit l’avoir e.
- Tu sais Jacques, les femmes se ressemblent dans leurs désirs de plaire. Ce mec c’est tout mon contraire. On devine facilement qu’il a une grosse queue à la bosse au niveau de sa braguette. Les femmes prétendent que la taille n’a pas d’importance, peut-être, mais quand on leur en propose une grosse, elles perdent la tête, non ? Elles ne se contrôlent plus devant l’envie de se faire défoncer et remplir le vagin.
- Comment peux-tu parler ainsi de ta femme. Tu lui donnes les raisons de se conduire comme une salope ! Tu vas même jusqu’à l’excuser.
- Que veux-tu que je fasse ? J’imagine qu’elle a pris la mesure et du sexe de cet abruti et des risques qu’elle prend.
Sur la piste la situation a brusquement évolué. On a pu voir Chantal incliner légèrement sa tête pour pourvoir approcher sa bouche de celle de son prédateur. Le contact s’est établi lentement, puis les lèvres s’écrasent les unes contre les autres.
Les yeux des deux hommes et ceux des spectateurs autour, sont fixés sur les lèvres et attendent de voir si une langue va investir la bouche de l’autre. La langue, organe si intime qu’il transforme une bise en un baiser empreint de sexe. Beaucoup de femmes refusent de sentir une langue investir leur bouche la considérant comme une partie des plus intime de leur corps !
- Je suis tranquille, Chantal ne mettra jamais sa langue dans la bouche de ce con ! Elle va se ressaisir, c’est sûr Jacques. Elle va réaliser que si elle franchit ce pas, elle risque de me perdre à jamais. Et ça, je ne pense pas qu’elle le souhaite.
Le black a saisi le visage de la jeune femme entre ses grosses mains noires. Il la regarde et, dans ses yeux, on lit clairement qu’il s’est approprié la femelle. Il la sent soumise à sa virilité, à son pourvoir de séduction. Cette chienne de bourgeoise est à lui, là au milieu de la salle de bal. Il veut la posséder, la baiser. Qu’elle soit de peau blanche n’est pas étranger à son plaisir. Il veut vampiriser toute sa féminité pour assouvir son désir, égoïste, animal. Il bande, elle sait qu’elle ne pourra pas résister à l’appel de sa bite qu’elle sent contre son ventre. Il jubile aussi en lui même en imaginant le spectacle qu’il offre à ses copains. Il est le mâle qui a conquis la jolie femelle convoitée par tous. Il sent le corps contre lui qui frémit au moment précis où la femme entrouvre ses lèvres pour laisser pénétrer la langue dans sa bouche. Ses jambes se dérobent, elle se cramponne au corps de son cavalier. Elle accepte le viol et aussitôt à son tour elle enroule son organe autre de celui du macho. Leurs salives se mêlent dans un échange torride de leurs intimités. Leurs respirations s’accélèrent. Le DJ comprend à ce moment que le couple va dépasser les limites de la convenance dont il a la responsabilité. Le mari et son ami, voyeurs, n’en croient pas leurs yeux, pétrifiés. Eux aussi réalisent que la tension entre les deux corps est à un point de non retour.
La musique s’arrête brutalement. Les couples se séparent. Le black et la femme restent enlacés au milieu de la piste, poursuivant leur baiser comme si le temps n’avait plus prise sur eux. C’est le Dj qui leur demande de cesser, comble de l’humiliation pour le mari.
Ils se séparent et Arsène se rend compte que sa femme murmure quelques mots à l’oreille de son cavalier avant de se diriger vers les toilettes.
- Arsène, il faut que je te parle.
Le regard hébété, son ami ne répond pas. Il vient de recevoir comme un coup de poing dans l’estomac réalisant que sa femme vient peut-être d’inviter son cavalier à venir la rejoindre. Dehors au parking ? Dans les toilettes ? C’est bien ce qu’il redoutait qui se passe. Sans même un seul regard vers lui, comme s’il n’existait plus, Chantal gagne d’un pas déterminé le fond de la salle, là où sont les toilettes.
Quelques secondes après, le grand black, après un sourire de triomphe à l’adresse de ses amis, rejoint à son tour les toilettes de la boite de nuit. Tout en marchant il plaque sa main contre son bas ventre, fait le mouvement de soulever ses organes sexuels, un geste oh combien vulgaire, qui signifie qu’il va baiser.
Alors cette fois, et cette fois seulement, il écoute et entend parfaitement son ami lui dire :
- Arsène, j’ai baisé ta femme.
FIN

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